23/11/2007

Création culturelle ? Non, pognon !

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Une telle unanimité dans le domaine de la création audiovisuelle, on n’avait pas vu cela depuis des années ! Vingt et une organisations d’auteurs, producteurs, scénaristes, techniciens, artistes interprètes ont interpellé, hier à Paris, le premier ministre François Fillon à qui un rendez-vous a été demandé. Motif : ils sont « profondément inquiets des orientations de la politique audiovisuelle du gouvernement et de l’entreprise de dérégulation qui semble s’engager »
L'HUMANITE

Médias - Article paru
le 22 novembre 2007

médias télé
La Bourse ou la création !


La conférence de presse est intitulée « de l’exception culturelle à l’exécution culturelle ». Plusieurs signes en témoignent.

D’abord le report sine die de la publication du décret devant consolider les obligations patrimoniales des diffuseurs. Autrement dit, les obligations pour les chaînes de produire en matière de fictions, de documentaires, de films d’animation. Pour Pascal Rogard, parlant au nom des auteurs de la SACD, le discours de la ministre de la Culture, Christine Albanel, fait s’envoler le cours des actions de TF1 et M6, il faut remettre la création audiovisuelle au coeur de l’ambition culturelle. « Ce n’est pas à la corbeille que l’on fait la politique culturelle de la France. » Deux notes banquières, celle de la française Société générale en date du 2 novembre et celle de l’américaine Goldman et Sachs du 19 novembre, viennent appuyer leurs craintes et semblent témoigner de la volonté du gouvernement malgré les engagements du candidat Sarkozy, jugeant avant d’être président que « la création a besoin d’aide si l’on ne veut pas que la loi du profit décide de tout ». La Société générale estime dans sa note que « l’opportunité de revisiter un cadre réglementaire » pourrait permettre d’avoir « des impacts positifs potentiels à 3,7 euros pour TF1 et 1,2 euro pour M6 hors valeur spéculative ». Pour Goldman et Sachs, « le changement de régulation pourrait avoir un impact positif de 2,7 euros sur le cours boursier de TF1 ». Autrement dit, le jackpot pour les chaînes privées déjà bien avantagées entre autreS avec l’attribution d’un canal bonus grâce au passage de l’analogique au numérique ou l’ouverture des secteurs interdits à la publicité.

« C’est un renversement violent de tendance de la politique culturelle et audiovisuelle », a soufflé Jacques

Peskine, parlant au nom de producteurs (USPA). Et d’indi- - quer qu’un pour cent du chiffre d’affaires cumulé de TF1 et M6 équivaut à 20 millions d’euros soiT 20 heures de fiction en prime time ou 30 heures de documentaires ou 20 000 journées de travail pour les intermittents du spectacle.

Le sénateur communiste Jack Ralite, venu apporter son soutien à l’initiative, a jugé qu’est « posée en France la question d’une responsabilité publique en faveur de la création » et a suggéré que la jonction soit faite entre les créateurs audiovisuels et ceux du spectacle vivant, eux aussi inquiets du devenir de l’ambition culturelle de ce gouvernement. Pascal Rogard a appelé au « respect de la parole donnée ». Le décret en question a été voté à l’unanimité par les deux assemblées parlementaires !

Le producteur Emmanuel Priou a lui indiqué que « la seule logique économique n’aurait jamais permis de produire la Marche de l’empereur, documentaire au succès planétaire. De leur côté, les réalisateurs du groupe 25 Images réclament « un bouclier culturel pour l’audiovisuel »,. Il n’y a pas que les scénaristes américains qui sont mobilisés !

Claude Baudry



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