28/02/2011

Gérard !!!!! une grande gueule pour la ' Grande Muette'

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.Longuet plus 'casserole' que bling-bling

Le passé de Gérard Longuet peut-il gêner le gouvernement ?

LEMONDE.FR | 28.02.11 | 13h39 • Mis à jour le 28.02.11 | 14h08

En choisissant de se séparer de Michèle Alliot-Marie, Nicolas Sarkozy souhaitait en finir avec la polémique sur les vacances tunisiennes de la ministre, la dernière d'une série de scandales ayant touché, depuis un an, nombre de ministres.

Face à l'agacement croissant de l'opinion publique devant ces affaires à répétition de conflits d'intérêts, d'abus de privilèges et de soutiens politiques contestables, qui minent la popularité de l'exécutif, l'Elysée sait qu'il faut agir. Pourtant, en choisissant de faire entrer Gérard Longuet au gouvernement, Nicolas Sarkozy prend le risque de devoir faire face à de nouvelles polémiques. S'il n'a jamais été condamné, l'ancien patron de la majorité UMP au Sénat possède en effet un passé judiciaire complexe, et continue d'être à l'origine de polémiques régulières, le plus souvent dues à son "franc-parler".

UNE JEUNESSE À L'EXTRÊME DROITE

Il y a d'abord une jeunesse passée à la droite de la droite. Comme Alain Madelin ou Patrick Devedjian, Gérard Longuet a milité au sein d'Occident, un groupe d'extrême droite, pro-Algérie française. "Pour des raisons personnelles, j'étais Algérie française et anticommuniste. J'ai fait un bout de chemin avec la FEN [Fédération des étudiants nationalistes], avant de basculer vers Occident. Nous étions une bande de copains. Je n'ai jamais supporté que l'on m'interdise de m'exprimer […]. On se spécialisait dans la relation conflictuelle et musclée avec l'extrême gauche. On s'est pris des raclées, j'ai eu le cuir chevelu entamé", racontait au Monde en 2005 le désormais ministre de la défense.

Gérard Longuet n'a jamais caché ce passé sulfureux. "J'assume avoir été d'extrême droite. On s'est simplement trompés sur le modèle colonial, qui ne pouvait perdurer", précisait-il aussi au Monde. Le jeune étudiant ne s'en tient pas aux manifestations : il rédige tracts, textes et manifestes. A la dissolution d'Occident, en 1968, il contribue, avec d'autres étudiants, à créer le GUD (Groupe union défense), nouveau syndicat étudiant d'extrême droite, dont il aurait rédigé les premiers textes et le manifeste.

Son engagement le mène loin, jusqu'au tribunal, où il est condamné en 1967 à une amende pour "complicité de violence et voie de fait avec armes" en compagnie de douze autres militants d'extrême droite. Cet épisode contribue à "calmer" le futur ministre, qui finit par intégrer l'ENA en 1971. Selon l'actuel directeur adjoint de la rédaction de France Inter, Renaud Dély (Histoire secrète du Front national, 1999, Grasset), c'est depuis la prestigieuse école que Gérard Longuet rédige, l'année suivante, le programme économique d'un nouveau parti qui vient de voir le jour : le Front national.

UNE SUCCESSION D'AFFAIRES FINANCIÈRES ET JUDICIAIRES

Gérard Longuet finit par revenir à une droite plus modérée en intégrant le Parti républicain (PR, qui deviendra ensuite Démocratie libérale). Il devient rapidement un espoir de la droite, ce qui lui permet d'obtenir un poste de secrétaire d'Etat aux télécommunications dans le gouvernement Chirac (1986-1988), puis de revenir au gouvernement, à l'industrie, sous celui de Balladur (1993-1994). Mais il se retrouve rapidement cerné par les affaires judiciaires.

La plus importante concerne le financement du Parti républicain. Le juge Renaud Van Ruymbeke enquête sur des soupçons de détournement de commissions dans le cadre d'un marché d'adduction d'eau à Nantes. Une seconde affaire éclate au même moment, en rapport avec la construction par le ministre d'une villa à Saint-Tropez, pour laquelle il est soupçonné de recel d'abus de biens sociaux (lire cet article de L'Express de 1994), avant d'être relaxé en 1998.

Dans l'affaire du financement du Parti républicain, au terme de rebondissements judiciaires interminables et contestés (la juge Isabelle Prévost-Deprez, qui instruit l'affaire, estime en 2003 que "Gérard Longuet aura bénéficié d'un étrange 'découpage' des faits à l'occasion du traitement de l'ensemble des poursuites le concernant"), il bénéficiera finalement d'un non-lieu en 2010.

Il apparaît également lors du procès des marchés publics d'Ile-de-France, au cours duquel il est poursuivi pour recel de corruption, mais il bénéficie là encore d'une relaxe, prononcée en 2005.

INTÉRÊTS PUBLICS, INTÉRÊTS PRIVÉS

Gérard Longuet est un parlementaire très actif dans le civil. En 1986, il fonde une société de conseil baptisée Avenir 55. Celle-ci fournit à des grands groupes des prestations de conseil et des rapports. Mais la justice soupçonne lesdits groupes d'embaucher la société essentiellement pour bénéficier de l'entregent de l'ancien ministre.

La société Cogedim lui verse ainsi 172 000 euros pour un contrat de conseil considéré comme fictif par la juge Prévost-Deprez, qui n'a trouvé que deux rapports rédigés par Gérard Longuet, des copies d'ouvrages déjà publiés (lire cet article du Nouvel Observateur). Le parlementaire sera également relaxé dans cette affaire, en partie prescrite au moment du jugement. D'autres contrats douteux sont relevés par la justice, qui ne trouve pas de traces correspondant à l'activité pour laquelle la société a été rémunérée, mais aucune condamnation n'est prononcée.

L'affaire ne dissuade pas Gérard Longuet de la pratique du conseil aux entreprises. Administrateur de quelques sociétés en 2001 et 2005, il crée en 2004 une nouvelle structure, Sokrates Group, qui conseille de grands groupes financiers. Parmi ceux-ci, comme le relève Mediapart en 2010 (lien payant), le groupe Suez, toujours en attente d'une fusion avec Gaz de France, le charge en 2008 d'une "réflexion sur le déploiement du nucléaire en France". Gérard Longuet est alors sénateur, membre de la commission de l'énergie du Sénat. Il dit avoir quitté sa mission lorsqu'il est devenu chef de groupe parlementaire à la haute assemblée.

En plus de son travail parlementaire et de ses activités de conseil, Gérard Longuet trouve également le temps de se consacrer à d'autres activités. Depuis 2005, il préside ainsi l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF), structure de financement au rôle flou malgré quatre milliards d'euros de budget, au point que la Cour des comptes recommandera sa suppression en 2009. Un décret transforme en 2005 ce poste, bénévole, en travail rémunéré, 3 500 euros par mois. L'AFITF met en outre à disposition de M. Longuet un véhicule avec chauffeur.

Enfin, Martin Hirsch, ancien haut commissaire aux solidarités actives du gouvernement, relate, dans son livre Pour en finir avec les conflits d'intérêts (Stock, 2010), comment Gérard Longuet a profité, lorsqu'il avait en charge les postes et télécommunications, entre 1986 et 1988, de timbres rares qu'il recevait à titre honorifique et qu'il a par la suite revendus, pour plusieurs centaines de milliers de francs. Ce qui lui aurait permis de payer en grande partie sa maison de Saint-Tropez. Gérard Longuet démentira que la maison ait été "payée en timbres", et parlera de "1 000 euros par mois" de rémunération.

"HOMOPHOBIE", "CORPS FRANÇAIS TRADITIONNEL"… QUAND LONGUET DÉRAPE

La personnalité de Gérard Longuet est également contestée. Le ministre a connu plusieurs déboires du fait de "dérapages" dans ses propos publics. Le 13 novembre 2008, lors d'une commission sénatoriale au sujet d'une campagne de lutte contre l'homophobie lancée dans l'éducation nationale, Gérard Longuet lance : "J'avais une question malicieuse, mais je la poserai plus tard. C'était de savoir où commençait et où s'arrêtait l'homophobie. […] C'est extrêmement réjouissant de savoir que l'on promeut en effet des formes nouvelles de sexualité dans l'école et qu'on combat en même temps la pédophilie… Il y a quand même un moment où il faut savoir sur quelles valeurs on s'arrête."

Une phrase qui lui vaut une plainte d'une association de défense des homosexuels, qui estiment que le sénateur amalgame homosexualité et pédophilie. Ce dernier s'en défend, estimant qu'il "est parfaitement tolérant" avec l'homosexualité.

Plus récemment, en mars 2010, Gérard Longuet critique en des termes douteux la possibilité de nommer à la tête de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations (Halde) le socialiste Malek Boutih : "Il vaut mieux que ce soit le corps français traditionnel qui se sente responsable de l'accueil de tous nos compatriotes. Si vous voulez, les vieux Bretons et les vieux Lorrains – qui sont d'ailleurs en général italiens ou marocains – doivent faire l'effort sur eux-mêmes de s'ouvrir à l'extérieur", juge le sénateur. L'allusion au "corps traditionnel français" provoque un tollé de la gauche.

L'ex-sénateur sait aussi jouer avec les nerfs de l'exécutif. Adversaire acharné des 35 heures, il estime dans un entretien au Monde, en décembre 2010, que la France devra faire un choix : "Ou on sort de l'euro ou on sort des 35 heures, mais on ne peut pas avoir les deux." Quelques semaines après la fin de la crise sociale déclenchée par la réforme des retraites, la phrase embarrasse l'UMP.

Samuel Laurent

Pour en savoir plus : Compilation vidéo des dérapages de Gérard Longuet sur LePost.fr

Longuet ministre: déjà condamné à se taire?
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