Or c’est bien cette composante essentielle que la bipolarisation actuelle vise à évacuer, en se servant du socle de la Vème République aggravée par la réforme du quinquennat dont on mesure aujourd’hui toute la nocivité mais dont une partie de la « gauche » s’est néanmoins rendue complice, le PS en l’occurrence.
L’objectif affiché et matraqué par tout l’aréopage médiatico-sondagier au service de la pensée dominante vise à enfermer le débat politique dans une alternance bipolaire dont les deux composantes acceptent le caractère intangible des « lois du marché » et s’interdisent de le remettre en question sur ses fondamentaux. Une démocratie de « basse intensité » à la sauce états-unienne.
Je passerais sur l’anecdotique nomination d’un ancien collaborateur de SARKOZY à la direction de TF1, qui ne constitue qu’un affichage plus flagrant d’une évidence, cette chaîne ayant activement fait campagne pour le candidat SARKOZY.
Mais un sondage a retenu mon attention parce qu’il en dit long sur les pratiques et la perte de toute déontologie de la part de ces officines : Ce sondage, publié ce week-end, nous informe que 61 % de la population « serait satisfaite de l’action du Président SARKOZY » et 60 % de celle de son Premier-ministre !
Je suis resté d’abord perplexe me demandant ce que les sondeurs entendaient par le mot ACTION : Est-ce la nomination d’un gouvernement incomplet dans l’attente des législatives ? Est-ce le jogging médiatique qu’ils ont effectué ensemble ?
A part cela, difficile de voir d’autres actions si ce n’est une pléthore de déclarations d’intention et de visites ultramédiatisées n’engageant à rien.
Donc mes interrogations se creusent : Pourquoi dans ce cas ne pas organiser un sondage pour savoir si les Français sont satisfaits du temps qu’il va faire dans les 6 prochains mois ?
Quel crédit donc accorder à de tels sondages qui relèvent de la manipulation totale ? Et pourtant ce sont ces mêmes sondeurs ou leurs représentants qui monopolisent micros et écrans pour nous « analyser » la situation. Ces mêmes sondeurs qui n’ont pas arrêté de tripatouiller les résultats bruts de leurs enquêtes d’opinion en refusant de dévoiler la nature de leurs « ajustements » !
Je tombe justement, par un hasard malencontreux mais qui au regard de leur omniprésence peut arriver souvent dès lors que l’on allume la télé, l’autre soir en rentrant sur un amical échange entre « spécialistes », c’est-à-dire entre journalistes et représentants des instituts de sondages débitant tous la même litanie à quelques nuances près. Je dois avouer m’être laissé piéger par les premières images où Olivier DARTIGOLLES s’exprimait au nom du PCF ce qui est si rare ces derniers temps.
Donc on en vient à cette aimable discussion entre complices et arrive le lamentable Roland CAYROL, politouillard patenté de son espèce et sondeur émérite bien sûr, au sujet du sempiternel refrain sur le maintien du PCF « moribond » grâce à la « perfusion du PS ». Voilà notre « sémillant analyste » dégainant tout de go des formules aussi définitives que péremptoires sans les étayer par la moindre esquisse d’argumentation : « Plus besoin de perfuser le PCF, puisque celui-ci n’a pas de programme, pas d’idées, pas de propositions et plus de militants, si ce n’est un quarteron de retraités arc-boutés sur des dogmes archaïques. » D’où cette conclusion triomphale : « A quoi sert le PCF ? A rien, donc il est mort et aucune transfusion ne saurait le sauver ! »
La hargne anticommuniste avec laquelle il a débité son couplet suffirait déjà à démentir sa dernière assertion mais on serait tenté de lui répondre par une autre question : A quoi sert Monsieur Roland CAYROL ainsi que ses semblables ? A rien si ce n’est à servir la soupe à ceux qui les nourrissent, à relayer complaisamment la « voix de son maître » en échange de services grassement payés comme le sondage évoqué plus haut. Mais cela resterait court si l’on se contentait de cette réponse.
Prenons la thèse de la perfusion, si en vogue ces derniers temps. Que je sache, et cela dure hélas depuis des années par la « grâce » du scrutin majoritaire imposé par la Vème République, il y a beaucoup plus d’élus PS qui le sont avec des voix communistes que d’élus PCF avec les voix socialistes. Dès lors, à moins de considérer que la logique dans une transfusion veut que ce soit le malade qui donne son sang à celui qui va bien, cette thèse paraît bien hasardeuse !
Ensuite, libre à chacun de ne pas partager les options et les choix du PCF, mais de là à déclamer qu’il n’a ni programme ni propositions, c’est faire preuve de malhonnêteté et se rendre coupable de désinformation. Mais il est clair que ce programme et ces idées ont le grand défaut de déplaire au sieur CAYROL donc elles n’existent pas pour lui !
Quant à la thèse éculée du PCF « Parti de vieillards », l’évolution des effectifs est là pour le démentir et tous ceux qui ont participé à la campagne de Marie-George BUFFET ont pu constater de visu que la réalité était loin de correspondre aux imprécations de ce sinistre laquais. Mais quand on n’a plus que l’insulte comme argumentaire, c’est plutôt signe de faiblesse.
Il convient cependant de préciser quelques points :
La direction du PS qui, tout en aiguisant ses couteaux internes pour les règlements de compte à venir, adopte une posture hégémonique et tente d’étouffer les autres forces de gauche en agitant le vote utile fait un bien mauvais calcul. Car le PS ne saura à lui seul rassembler le plus largement tout l’électorat de gauche, les résultats tant du référendum que de sa candidate aux Présidentielles en atteste. En effet le rejet de SARKOZY aura plus contribué à son résultat du deuxième tour que l’adhésion à son projet. Ignorer ce fait ne peut avoir comme conséquence que de contribuer à donner la plus large majorité à la droite qui n’attend que cela pour mettre en œuvre sa politique de casse sociale.
Ensuite et la réaction de tous ces commentateurs « avisés » le montre, c’est encore le PCF qui, pour des raisons qui tiennent à sa culture politique, à son rapport avec la société française et à son implantation peut jouer un rôle dans ce rassemblement et surtout faire que les idées de transformation sociale trouvent un relais à l’Assemblée Nationale. Et cela sans prétendre pour autant résumer à lui tout seul toutes les forces se situant dans cette perspective.
Le maintien et même l’augmentation du nombre de députés communistes constituent aujourd’hui un enjeu pour l’ensemble de la gauche et d’abord pour le peuple de France ! Non pas une fin en soi mais un point d’appui essentiel pour les batailles à venir.
La disparition d’un groupe communiste à l’Assemblée Nationale est une étape indispensable dans la mise en œuvre du projet d’enfermement du débat politique dans une alternance sans issue politique pour notre peuple.
Il ne s’agit donc pas d’intérêts de boutique ni d’appareil mais de se donner tous les moyens pour mener les luttes contre ce pouvoir et de ne pas se résigner à disparaître du débat institutionnel !
Le rôle joué par le PCF dans la campagne référendaire, dans le respect de la diversité des sensibilités, montre l’importance de cet enjeu !
De : Pedro DA NOBREGA
mercredi 23 mai 2007
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