29/05/2007

La rédaction de Match dénonce les pressions de Rachida Dati

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Par Arnaud Aubron (Rue89) 21H18 29/05/2007

La vie privée de nos gouvernants est décidément un interminable sujet de tracas pour les journalistes du groupe Hachette Filipacchi médias. Après l'épisode du non-vote de Cécilia Sarkozy et les pressions exercées par Arnaud Lagardère, propriétaire de HFM, pour censurer les journalistes du JDD (épisode révélé par Rue89), c'est au tour des journalistes de Paris Match, peu connu comme un haut lieu de contestation du pouvoir, de s'estimer victimes de pressions.

Dans un communiqué rédigé hier, la Société des Journalistes de l'hebdomadaire, "soutenue par celles du Journal du Dimanche, ELLE, Première, Télé7Jours", s'indigne des "pressions exercées par la garde des Sceaux, Madame Rachida Dati, afin d'empêcher la publication de photos de jeunesse dont la reproduction avait pourtant été autorisée par son père lors d'un rendez-vous avec nos reporters".

Une pudeur aussi soudaine qu'inattendue de la part de la nouvelle ministre de la Justice, qui ne se privait pas jusque-là d'évoquer son enfance dans une modeste famille nombreuse d'origine marocaine. Si le portrait a bien été maintenu, "au terme de longues tractations", exit les photos choisies par la rédaction, remplacées par "celles qui ont été sélectionnées par la Chancellerie".

Chancellerie où l'on expliquait hier soir, selon l'AFP, que "la liberté de la presse doit s'exercer dans le respect des personnes et que Mme Dati n'a fait que faire respecter son droit à la vie privée".

De son côté, Olivier Royan, directeur de la rédaction de Paris-Match, a expliqué, toujours à l'AFP, que Mme Dati lui avait fait savoir que "ni elle ni ses frères et soeurs ne souhaitaient la publication de photos de famille dans ce reportage [...] Comme ces photos ont un caractère privé, et malgré leur côté un peu banal - il s'agit de scènes d'enfance - nous avons décidé de respecter la loi".

"Dans un contexte d'insécurité, où des journalistes sont incités au départ, la direction de notre rédaction ainsi que la direction générale des rédactions de Lagardère Active, ont choisi de céder", déplore enfin la SDJ, qui a demandé, en vain, à rencontrer Arnaud Lagardère pour parler indépendance des médias.

Un rappel qui ne serait pas inutile lorsqu'on se souvient du sort réservé l'année dernière par le même Arnaud Lagardère (proche du nouveau président de la République) à l'ancien directeur de la rédaction de Paris Match, Alain Génestar. Ce dernier fut remercié pour avoir "osé" publier en Une des photos de Cécilia Sarkozy accompagnée du publicitaire Richard Attias. La leçon semble avoir été retenue...

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