31/05/2007

Vers un avenir radieux..

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Exxon a le dernier mot sur ses actionnaires pro-environnement
Par Par Amandine AMBREGNI
mer 30 mai, 23h34 Envoyer par mail Envoyer via Y! Messenger Blog via Yahoo! 360 Imprimer

Le PDG d'ExxonMobil Rex Tillerson, le 25 janvier 2007 à Davos
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NEW YORK (AFP) - Le premier groupe pétrolier mondial, l'Américain ExxonMobil, a fait face mercredi à des actionnaires très critiques qui ont exigé des réformes en matière de lutte contre le réchauffement climatique, mais sans parvenir à faire fléchir les dirigeants.

Pendant quatre heures d'assemblée générale annuelle, la direction d'ExxonMobil a croisé le fer contre ces actionnaires militants mais sans céder sur ses positions en matière de gaz à effet de serre, d'énergies fossiles et renouvelables, d'investissements et de projections scientifiques.

Sur les 15 résolutions soumises par ses investisseurs --des fonds de retraites et d'investissements détenant ensemble plus de 100 millions de titres, soit un peu moins de 2% du capital--, la direction a recommandé de voter contre la totalité. La consigne a été appliquée à la lettre par l'assemblée générale réunie à Dallas, au Texas (sud).

Entre autres, les motions réclamant des engagements concrets sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre et des investissements dans les énergies renouvelables ont été rejetées à une large majorité.

Pourtant, les débats ont joué les prolongations, d'autant que certaines résolutions ont déjà été soumises plusieurs fois sans succès. Certains actionnaires se sont également inquiétés du manque de communication et d'écoute de la direction.

"Pourquoi votre groupe incarne l'ennemi public numéro un en termes de réchauffement climatique?", a demandé un actionnaire, chaudement applaudi par l'assistance. "Vous pourriez contribuer à faire progresser la recherche sur les énergies renouvelables, mais vous continuez de financer des groupes scientifiques qui mettent en doute la théorie du réchauffement climatique. Ne sentez-vous donc pas l'urgence du problème?", a-t-il lancé.

Réponse inflexible du PDG, Rex Tillerson: "Aujourd'hui, la communauté scientifique sait beaucoup de choses, mais beaucoup d'éléments ne sont pas consensuels. Il y a aussi tellement de domaines où nous aurons encore besoin d'énergies fossiles à l'avenir. Peut-être que vous n'aimez pas cette vision, mais c'est une réalité".

S'irritant de la mauvaise image du groupe, dont le chiffre d'affaires en 2006 a dépassé 377 milliards de dollars, M. Tillerson a fini par s'exclamer: "Pourquoi les gens se sentent tellement menacés parce que nous n'avons pas de discussions publiques sur le sujet? Je ne vais pas brandir une banderole ni de slogan, je ne rentrerai pas dans ce jeu".

"Nous pensons comme vous qu'il s'agit de questions cruciales pour les générations futures", a-t-il poursuivi. "Mais nous voulons participer là ou nous avons une expertise, dans les énergies fossiles. Nous ne sommes pas opposés aux carburants alternatifs, le fait que nous n'en développions pas ne signifie pas que nous soyons contre".

Le PDG a aussi cité les investissements d'Exxon dans des projets scientifiques, dont 100 millions de dollars pour un projet de l'université de Stanford sur des technologies permettant de réduire les gaz à effet de serre.

Selon lui, "des raisons fondamentales" expliquent la stratégie d'ExxonMobil. "Les forces de marché créent la concurrence. Et ce même marché sera une clef pour répondre aux défis de l'environnement, car le marché génère la créativité des concurrents".

"C'est aussi ce qui nous a permis de vous apporter de la valeur depuis toutes ces années", a lâché le PDG, rappelant le versement "depuis 100 ans chaque année" d'un dividende et une politique de rachats d'actions pour faire grimper leur cours.

"Exxon est la plus grosse compagnie au monde, et il est clair qu'en tant qu'actionnaires, nous en percevons les bienfaits immédiatement", a reconnu un autre actionnaire, avant de s'exclamer: "Mais on ne peut pas tout résumer à l'argent! Vous avez un devoir, car vos décisions ont un impact sur les politiques publiques, sur le marché, sur nos communautés".

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