29/06/2007

En "haut lieu", on ne supportait plus "Arrêt sur images"...

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Suite à la décision de Philippe Vilamitjana, directeur des programmes de France 5, «Arrêt sur images», après douze années de diffusion, ne sera pas reconduite sur la chaîne. Elle sera remplacée par une autre émission où interviendront de «grandes signatures de la presse».

Après l’arrêt du «premier pouvoir» d’Elisabeth Lévy sur France Culture, après la suppression de "Charivari" sur France inter, la déprogrammation de l’émission de Daniel Mermet, «Là-bas si j’y suis» sur cette même radio, avec un ciel couvert de nuages sur l’émission de Serge Moati «Ripostes», c’est au tour de Daniel Schneidermann d’être «remercié». On veut ainsi remplacer toutes les émissions d’investigation et de réflexion par d’autres émissions où le bavardage mondain est la règle...

Si les intérêts financiers et marketing prennent souvent le pas sur le respect du téléspectateur ou de l’auditeur, c’est aujourd’hui, avant tout, la volonté du pouvoir politique de contrôler parfaitement les radios et télés publiques qui explique ces disparitions, déprogrammations ou menaces diverses.







Arrêt sur Images décortiquait chaque dimanche, sur la chaîne de service public France 5, la fabrication des images montrées par les télévisions. Cette émission portait ainsi un regard critique sur la production télévisuelle et incitait à réfléchir sur le sens et le choix des images qui pénètrent dans des millions de foyers en mettant à jour certaines manipulations. Quand beaucoup regrettent la quasi-absence d’éducation à l’image dans notre système éducatif, Arrêt sur Images effectuait un réel travail d’éducation populaire.


Le directeur des programmes de France 5, Philippe Vilamitjana, a motivé sa décision par une volonté de "renouveler les programmes et d’ouvrir un espace de décryptage de l’information" ! Il a également assuré n’avoir aucun reproche à faire à l’émission et à son animateur, Daniel Schneidermann.


Si Alain Taieb, producteur de l’émission, reconnaît au directeur son "droit à décider la reconduction d’une émission", il regrette la disparition d’Arrêt sur images, "émission emblématique de France 5 et à laquelle, manifestement, Vilamitjana n’avait rien à reprocher".


Alors, pour quelles raisons cette émission a-t-elle été supprimée ? On ne saurait évidemment évoquer un audimat insuffisant : ce serait un mensonge au regard des taux d’écoute, et de toutes façons incongru sur une chaîne de service public à mission éducative. On ne peut arguer de fautes professionnelles : les analyses critiques produites par l’équipe d’Arrêt sur Images n’ont jamais été démenties.


Ce serait l’ « esprit » de l’émission qui déplairait ?


Ou bien le petit monde de la télé ne souffrirait pas qu’on analyse ses travers ?


Ou bien « on » considérerait que le public ne serait pas assez adulte pour constater que l’information qui lui est donnée est parfois « aménagée », voire falsifiée ?


Ou bien, en plus ou moins haut lieu, on ne goûterait pas la liberté de ton, cependant toujours mesurée, de l’émission ?


Daniel Schneidermann revient sur cette décision sur son blog « Big Bang Blog » :


"Enfin, je pense à eux, évidemment, au quatuor des assassins tremblants. Tous ces mois à ronger leur frein, à attendre l’heure, avant de porter enfin le coup de poignard. Tous ces mois, ou toutes ces années (...), Claude-Yves Robin (directeur général de France5), Philippe Vilamitjama (directeur de l’antenne), Patrice Duhamel (directeur général de France Télévisions), Patrick de Carolis (PDG) : je ne sais pas, dans le quatuor, qui a tenu le poignard, qui a tenté de retenir la main de qui, qui s’est caché derrière qui. A vrai dire, ça m’est égal. Tous quatre sont à mes yeux responsables."


Les agissements de ces quatre mousquetaires ne sont pas sans rappeler les auteurs des « purges » récentes sur France inter. L’actuel président de Radio France Jean-Paul Cluzel, inspecteur général des finances, longtemps collaborateur de Jacques Chirac, ami intime d’Alain Juppé et récemment reconverti au Sarkozyime n’a pas jamais fait mystère de ses idées « de droite, catholiques et libérales » (entretien donné au Figaro magazine). Depuis son arrivée, marquée par une brutale reprise en main provoquant le départ de personnalités emblématiques comme Pierre Bouteiller et Jean-Luc Hees, France Inter a perdu plusieurs centaines de milliers d’auditeurs. Quant à Frédéric Schlessinger, directeur nommé à la tête de la station et ancien responsable du pôle radio du groupe Lagardère, il s’est empressé de couper quelques têtes parmi les plus chères aux auditeurs, notamment Alain Rey, une des voix les plus aimées d’Inter.


Si certains veulent croire que toutes ces émissions et aujourd’hui Arrêt sur images n’intéressaient personne, le public, lui, s’est toujours largement manifesté en leur faveur. Arrêt sur Images est une émission utile à l’éducation critique et à la culture. Elle est, malheureusement, unique sur les chaînes de service public. Il faut la maintenir !

Pour signer la pétition :


http://arret-sur-images.heraut.eu/


http://arret-sur-images.heraut.eu/

par Albert Ricchi

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