Par Juliette COLLEN
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PARIS (AFP) - La direction de La Tribune, propriété de LVMH, a confirmé mardi en comité d'entreprise extraordinaire l'hypothèse d'une cession rapide du quotidien économique en cas de rachat par le groupe de luxe de son concurrent Les Echos, un scénario qui inquiète vivement les salariés.
C'est la première fois que la direction communique depuis que des rumeurs circulent sur la cession de La Tribune, déficitaire, par LVMH, dirigé par Bernard Arnault. Ce dernier a annoncé la semaine dernière être entré en négociations exclusives avec le groupe britannique Pearson pour racheter Les Echos.
La direction de DI Group, filiale médias de LVMH, a annoncé avoir "évoqué les conséquences sur la situation concurrentielle de La Tribune et des Echos" en cas de vente de ce dernier titre à LVMH, et affirmé que "toutes les options demeurent ouvertes", dans un communiqué diffusé en interne à l'issue d'un CE extraordinaire qu'elle avait convoqué.
Selon les représentants des salariés, "la direction a confirmé étudier la cession de La Tribune si DI Group rachetait Les Echos".
"La direction a confirmé que l'ensemble du processus devait se dérouler très vite, n'envisageant pas qu'une cohabitation des deux titres au sein de LVMH excède six mois", indiquent les salariés dans leur communiqué.
L'acquisition du numéro un de la presse économique par le propriétaire du numéro deux poserait en effet des problèmes de concurrence et risquerait de se voir retoquée par les pouvoirs publics, si LVMH conserve les deux.
En revanche "s'il y avait un échec dans le rachat par DI Group des Echos, une vente de La Tribune ne serait plus à l'ordre du jour", a précisé à l'AFP Jean-Christophe Chanut, élu au CE et l'un des porte-parole de la coordination des salariés.
Alain Metternich, président de DI Group, "nous a dit qu'il ne fallait rien exclure avant l'été", a rapporté M. Chanut.
"Il veut jouer la montre. On lui a demandé s'il pouvait geler le processus pendant les vacances et il n'a pas voulu s'engager", a regretté le porte-parole des salariés.
Selon lui, M. Metternich a assuré que dans l'hypothèse d'une cession il "rechercherait le meilleur repreneur possible" et a confirmé avoir pris "contact" avec la banque Lazard dans cette optique.
Les autres titres et sociétés du groupe, notamment Radio Classique, ne sont pas concernés, a assuré la direction.
A l'issue d'une assemblée générale, réunie dans la foulée du CE, les salariés ont exprimé leur "plus vive inquiétude".
La Tribune emploie 189 salariés dont 139 journalistes, mais indirectement ce sont 500 personnes (régie publicitaire, imprimerie, etc.) dont l'emploi est "mis en danger", selon les syndicats FO, Infocom-CGT et SNJ.
Les salariés, qui avaient fait grève vendredi, entraînant une non-parution lundi, ont décidé d'expliquer la situation dans l'édition de mercredi du quotidien.
Ils ont mis au point un "plan d'action", avec notamment une lettre ouverte à l'ensemble des quotidiens.
Les salariés estiment que les pouvoirs publics "ne peuvent plus aujourd'hui se désintéresser des conséquences de ce meccano médiatico-financier menaçant de disparition un quotidien national".
Aux Echos, le scénario d'un rachat par LVMH soulève aussi de fortes craintes sur l'indépendance éditoriale. De nombreux syndicats, associations, personnalités politiques et hommes d'affaires ont apporté ces derniers jours leur soutien aux salariés des deux quotidiens, au nom du pluralisme de l'information.
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