23 août 2007
La rénovation du PS est en marche ... vers l'UMP
Le Parti socialiste va prochainement faire sa rentrée lors de l'Université d'été de la Rochelle. On devrait donc assister à un florilège de prise de positions, plus novatrices les unes que les autres, sur les raisons de leur défaite aux présidentielle et sur la rénovation du projet socialiste pour 2012. Notez que cette phrase est au conditionnel. Pas au futur simple. Je n'y crois en effet pas une seule seconde. En vérité on va assiter une fois de plus à une guerre de position qui consistera pour chacun des aspirants à se présenter comme le plus jeune, le plus beau et le plus moderne.
A ce petit jeu, le bel Arnaud s'est découvert de la concurrence ces derniers mois avec deux autres archétypes du gendre idéal, le non moins bel homme Benoit Hamon et l'insupportable Manuel Valls, celui qui a appris la langue de bois au cabinet de Jospin en tant que conseiller à la communication et qui parle avec un phrasé socialiste si caricatural qu'on a toujours l'impression qu'il imite un vieil éléphant, n'importe lequel puisque du conseiller régional de base au député chevronné, ils parlent tous pareil dans ce parti.
Aujourd'hui le grand espoir autoproclamé du parti socialiste (celui aux grandes oreilles) a donné une interview très intéressante à mon quotidien préféré.
Après avoir salué l'hyperactivité du président (en bon ex-conseiller de com, il lit les sondages) et proposé de faire un bout de chemin avec la majorité (Il doit être de ceux qui pensent toujours que les 17% de Bayrou était des gens qui voulaient l'union nationale et non des électeurs potentiels qui avait fuit devant la pathétique bêtise de leur candidate), il nous dit ceci qui vaut des points au concours de l'homme politique le plus insignifiant.
"Nous sommes dans une économie de marché, il faut l’admettre définitivement. Nous devons dire également que le travail est une valeur, que nous ne sommes pas favorables à une société de l’assistanat. Nous devons tirer le bilan des 35 heures, être au clair sur les retraites et reconnaître que nous avons perdu une grande partie des salariés, séduits par le discours de Nicolas Sarkozy. Nous devons être aussi le parti de l’entreprise et des entrepreneurs, créateurs de richesses. Le deuxième sujet essentiel, c’est celui de l’autorité, qui est en crise. Une société a besoin de règles et d’ordre."
En clair, tout le programme de Sarkozy ! Il ne manquait que la lutte contre l'immigration et l'identité nationale ! Ah pardon, l'immigration est évoquée ailleurs, mais elle est pudiquement qualifiée de "dossier". L'homme à la pensée molle n'a pas osé qualifier dans quel sens traiter ce "dossier".
Valls a juste un an de retard. Comme quoi jeune ne veut pas forcément dire, ni original, ni novateur, ni créatif.
Je ne nie pas que le PS aurait intérêt à reprendre à son compte une partie de l'acquis populiste sarkozyste, mais il devra aussi ne pas oublier de dire en quoi la gauche se différencie du pouvoir en place. Je sais pas, moi : Une critique du pouvoir de la finance mondialisée qui cherche toujours plus de rendement pour le capital au détriment du travail et de l'investissement, du libre échange généralisé qui est une guerre économique que les plus vertueux sont assurés de perdre, de la logique marché qui envahit toutes les activités humaines des médias à la recherche en passant par la politique, de la démocratie d'opinion qui pousse les gouvernements à ne traiter que des sujets chauds pour passer au 20 h et qui les rend incapable de se pencher sur les enjeux de fond pour conduire des réformes de structures, de la désindustrialisation qui condamne à la mort lente des pans entiers du territoire national ...
Pour le reste, que nous dit l'Eléphanteau ? Qu'il faut une stratégie économique et budgétaire, une réponse à la crise boursière, savoir boucler le budget 2008, que le PS doit changer son logiciel, que le PS doit trancher les questions essentielles, qu'un accord avec le Modem n'est pas tabou pour les municipales mais qu'on aurait tort d'attendre les résultats sans aborder les questions de fond, qu'il faut un changement d'homme à la tête du parti, une autre organisation, qu'il faut changer les formes du débat pour être plus en phase avec la société ...
Que des questions. Que des lieux communs consensuels. Pas un seul début d'élément de réponse. Pas un seul germe de rénovation du logiciel. Eléctroencéphalogramme déséspéremment plat. L'essentiel était sûrement de faire parler de lui avant l'Université d'été ... à moins qu'il ne prépare les municipales dans sa ville d'Evry en espérant profiter de l'ouverture promise par l'UMP.
Si ce que je dis souvent est juste, que toute les organisations tendent à assurer la promotion des individus les plus médiocres, cet homme a assurément un bel avenir devant lui ! Au PS ou à l'UMP, peut-importe.
Malakine
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