01/09/2007

le PS se désocialise, c'est dit

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Le PS veut se défaire de ses "étiquettes" idéologiques
Reuters
Par Laure Bretton Reuters - il y a 18 minutes

LA ROCHELLE, Charente-Maritime (Reuters) - Après deux échecs présidentiels consécutifs, le Parti socialiste se lance dans la rénovation de sa doctrine idéologique, soucieux de se défaire de ses "étiquettes" sur l'immigration, l'économie de marché ou les 35 heures, entre autres.

Le projet présidentiel du PS prônait la généralisation de la réduction du temps de travail, mesure-phare du gouvernement Jospin à la fin des années 90.

Après l'avoir intégrée dans son "pacte" pour l'Elysée, Ségolène Royal avait jugé la mesure peu "crédible" quelques jours après son échec face à Nicolas Sarkozy.

"Il faut qu'on ait une autre réponse que le simple rétablissement" des 35 heures, confirme François Hollande quatre mois plus tard.

Face au chômage de masse, la "gauche plurielle" a été "à la hauteur du défi" à l'époque, mais les nouvelles réalités démographiques font que l'heure n'est plus au "mouvement historique de baisse du temps de travail", estime le premier secrétaire du PS. Il faut "globalement que la France travaille plus".

Sans remettre en cause la durée légale du temps de travail - "ce serait une régression sociale" - le PS doit offrir au salarié "la liberté d'organiser son temps de travail sur toute sa vie, selon les périodes de sa vie", explique-t-il.

"Dans dix ans, la question sera moins le chômage que la qualité du temps de travail", pronostique l'ancien économiste, qui dénonce également les faux-procès instruit par la droite sur les rapport entre le socialisme et le marché.

Dans sa "déclaration de principes", amendée lors du congrès du Mans en 2005, le PS se déclare toujours "favorable à une société d'économie mixte".

"On va pas raconter des histoires, on ne va pas raconter qu'à l'horizon des cinq ans ou des dix ans (...) on va en terminer avec le capitalisme", a déclaré vendredi soir François Hollande, pour qui "c'est fini le grand soir".

"SOCIALISME NOUVEAU"

A l'image du parti social-démocrate allemand, qui a abandonné toute référence au marxisme dans son "programme de Bad Godersberg" adopté en 1959, il faudra "peut-être un acte symbolique" pour affirmer que le PS approuve "l'économie de marché" mais refuse la "société de marché", juge François Hollande, reprenant une formule de Lionel Jospin.

Dans son discours de rentrée à Melle samedi dernier, Ségolène Royal s'était attachée à démonter les deux "faux débats" alimentés selon elle par la droite sur l'économie de marché et l'individualisme.

Vendredi à La Rochelle, elle a estimé que certains mots étaient "très marqués idéologiquement" au PS. "Il faut peut-être changer le vocabulaire pour que les Français comprennent mieux", explique la présidente de Poitou-Charentes.

L'idée qu'elle défendait d'un "syndicalisme de masse" fait partie de ce qui n'a pas été compris "et qu'il faut totalement revoir à la base".

Sur la question de l'immigration, sur laquelle s'est cristallisée une partie du débat droite-gauche au printemps, il faut absolument "éviter que l'étiquette régularisation massive soit collée aux socialistes", souligne François Hollande.

Ce débat est "tronqué par Nicolas Sarkozy, qui fait croire qu'il est rigoureux" alors qu'il est obligé de régulariser les sans-papiers de Cachan ou de Lille, explique le député de Corrèze.

Mais lorsque le gouvernement prône des quotas fondés sur les emplois, le PS doit mettre en place "une autre logique" de "rapports directs" avec les pays d'émigration - ce que Ségolène Royal avait appelé l'immigration "partagée".

"Nous voulons, nous devons évoluer", résume Jean-Christophe Cambadélis. "Cela ne fait pas de notre socialisme nouveau un social-libéralisme mais un socialisme libéré des habitudes."

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