03/09/2007

Les Couacs du gouvernement, infos ou intox?

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La marge de manoeuvre des ministres paraît toujours étroite
AFP
Par Par Christophe SCHMIDT AFP - il y a 50 minutes

PARIS (AFP) - La marge de manoeuvre des ministres paraît toujours étroite sous la présidence de Nicolas Sarkozy, si l'on en juge par le rappel à l'ordre ces dernières heures de la ministre de l'Economie Christine Lagarde.
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La popularité de Mme Lagarde, un des poids lourds du gouvernement, ne l'a pas empêchée d'être contredite presque en direct dimanche par le secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant, puis par le Premier ministre François Fillon lundi matin.

La locataire de Bercy avait annoncé sur Europe 1 "un plan de rigueur" pour les fonctionnaires. Plutôt un "plan de revalorisation", avait aussitôt réagi M. Guéant. "Il n'y a pas de plan de rigueur", a simplement lâché M. Fillon.

Après cette mésaventure, Mme Lagarde rejoint la liste de ses collègues soit "recadrés", soit supplantés médiatiquement à des moments où ils auraient dû se trouver en première ligne.

Les premiers, Eric Woerth (Budget) et Christine Boutin (Santé) avaient annoncé fin mai que le crédit d'impôt sur les intérêts d'emprunts immobiliers serait réservé aux achats immobiliers postérieurs à l'élection de Nicolas Sarkozy, avant d'être démentis par le président. Que ce dernier ait été finalement désavoué par le Conseil constitutionnel n'y change rien.

Valérie Pécresse (Universités) avait largement entamé le dialogue en juin avec la communauté éducative en vue de "déminer" sa réforme des universités. Mais c'est à l'Elysée que le débat s'est finalement -et publiquement- conclu.

Bernard Kouchner (Affaires étrangères), a été absent de la négociation qui a abouti en juillet à la libération des soignants bulgares en Libye. A sa place, c'est Claude Guéant et Cécilia Sarkozy, l'épouse du président, qui ont représenté ce dernier.

Rachida Dati (Justice) et Roselyne Bachelot (Santé) n'ont pas annoncé elle-mêmes, le 20 août, la suppression des remises de peine et l'examen médical en fin de peine pour les délinquants sexuels. Au moins étaient-elles aux côtés du chef de l'Etat quand il a annoncé ces mesures: Michèle Alliot-Marie (Intérieur), elle, n'a pas participé à la réunion interministérielle.

D'autres ministres chevronnés, et dont l'aisance face aux médias était reconnue, se font discrets. C'est d'abord le cas de Jean-Louis Borloo depuis son transfert de Bercy vers le ministère de l'Ecologie, après la victoire moins nette qu'attendu de l'UMP aux élections législatives.

Selon le politologue Stéphane Rozès (CSA), cette "situation inédite" aurait sa source directe dans la promesse faite par Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle qu'il agirait en première ligne une fois élu.

Or, poursuit cet expert interrogé par l'AFP, "tout ce qui semble s'écarter de cela", notamment les interventions des ministres, "apparaît très vite dissonnant" dans la communication du pouvoir.

Le constitutionnaliste Didier Maus apparente de son côté certains des couacs apparents des ministres à des "ballons d'essai" lancés vers l'opinion par M. Sarkozy.

Sous couvert de l'anonymat, un bon connaisseur du monde politique se demande pour sa part "jusqu'à quand des gens du calibre de Mme Lagarde vont accepter d'être traités comme des enfants de choeur".

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