Un entretien improvisé sur le trottoir avec le fils du président de la République
Il est parfois des hasards qui vous font rencontrer des personnes plus ou moins connues ou appelées à être connues. À Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), une cérémonie aux monuments des morts peut vous faire croiser le chemin de Jean Sarkozy, second fils du président de la République et actuellement conseiller général des Hauts-de-Seine.
Au milieu du trottoir, signant des autographes ici et là, se faisant prendre en photos avec des habitants fort aimables à son égard, le fils du président ne rechigne pas à répondre aux questions politiques. Bizarrement, pas de gardes du corps autour de lui, seulement son jeune secrétaire ou son assistant qui doit aussi avoir son âge (20-22 ans ?). Les deux sont en costume cravate. Mais pas loin, se tenant à bonne distance, quelques gendarmes les surveillent de l’autre côté de la rue.
Le dialogue commence. Parfois, Jean Sarkozy semble s’énerver intérieurement, mais tente de rassurer son interlocuteur en affirmant "On discute, on débat !"... Jean Sarkozy, drapé de son écharpe d’élu du Conseil général, regarde parfois sa montre, fait comprendre à son interlocuteur qu’il n’a plus trop le temps, mais regarde encore autour de lui si des dames veulent se faire photographier avec lui.
France démocrate : M. Jean Sarkozy, vous êtes venu aujourd’hui comme conseiller général des Hauts-de-Seine ? Ou êtes-vous venu comme (futur) président du Conseil général ?
Jean Sarkozy : Moi non, je suis venu avant tout comme conseiller général, sachant que cette commémoration est du niveau départemental. De plus, Patrick Devedjian est député et président du Conseil Général. Il n’a donc pas toujours le temps de se libérer pour ça et on a estimé qu’il serait bien de venir déposer une gerbe ici.
France démocrate : Tenez, une question qu’on ne doit pas souvent vous poser : que pensez-vous de François Bayrou et du Mouvement Démocrate ?
Jean Sarkozy : Je dirais que François Bayrou fait du Le Pen, c’est du Le Pen ! Il ne fait que jouer sur le populisme en s’en prenant à des affaires comme celle de Bernard Tapie (NDLR : Bernard Tapie avait déjà tenu les mêmes propos que Jean Sarkozy à l’égard de François Bayrou). Il est tout seul, il veut tout faire tout seul, en solitaire. C’est un type dont je comprends la démarche, mais il est fait du Le Pen... Voyez, il est tout seul, ce sont des proches à lui qui me l’ont dit d’ailleurs : ses représentants dans ma ville me disaient qu’il n’était même pas préparé pour sa campagne présidentielle ! Comment un type qui a fait de la politique à droite pendant vingt ans passe soudainement à gauche ? Comment peut-on avoir ainsi tendu la main à la gauche ?!
France démocrate : Pourtant, votre père a bien pris dans le gouvernement des ministres de gauche ? N’est-ce pas un peu imiter le programme de François Bayrou ?
Jean Sarkozy : Mais non, ça n’a rien à voir !
France démocrate : Mais votre père rejetait avant le premier tour de la présidentielle l’idée de l’union des bonnes volontés de François Bayrou ?
Jean Sarkozy : Oui, he bien vous devez certainement me sortir un extrait de ce qu’il a dit et que je peux pas vérifier ici. Mais si vous avez un papier qui le prouve, je veux bien le lire ! Non, mais il est normal qu’on fasse un gouvernement "d’union nationale" et c’est ce qui s’est passé. Vous voyez, moi, je sais qu’on peut parler avec des gens de gauche : j’apprécie par exemple Manuel Valls !
France démocrate : Vous dites que François Bayrou est seul, solitaire, sans volonté pour s’entourer ?
Jean Sarkozy : Oui, il n’écoute personne, il ne s’entoure pas et refuse de travailler avec d’autres personnes. Je ne sais pas si c’est sectaire, mais voilà, c’est ce qui explique les divisions au sein du MoDem...
France démocrate : Des divisions au sein du MoDem ?
Jean Sarkozy : Oui enfin, je veux dire à l’UDF...
France démocrate : Ah oui, mais ce n’est pas la même chose. Si vous avez suivi la dernière campagne présidentielle, vous avez dû remarquer que les élus UDF le soutenaient au premier tour, puis l’ont laissé pour soutenir votre père. Ils devaient sauver leur siège.
Jean Sarkozy : Mais non, mais ça voudrait dire quoi ? Qu’ils étaient des opportunistes ? On ne peut pas nier qu’il avaient des convictions et que les leurs, c’était de rejoindre la majorité présidentielle ! Et puis, tous les élus n’ont pas abandonné Bayrou !
France démocrate : Certes, mais ils ont été battus comme Anne-Marie Comparini et Gilles Artigues...
Jean Sarkozy : Oui, mais ce qui importe, c’est que des élus agissent avec leurs convictions pour soutenir des réformes indispensables.
(Le conseiller général interrompt la conversation pour se faire prendre en photo avec deux jeunes femmes, des nounous avec des petits enfants. Ces dernières piaffent d’impatience. Le conseiller général lance à son interlocuteur s’il veux le rejoindre sur la photo ou s’il craint de se voir photographier à côté de lui...)
France démocrate : Mais vous dites que François Bayrou agit seul ? Pourtant, votre papa gère bien toutes les affaires ministérielles, celles du gouvernement. Les ministres restent derrière et ne disent rien. Il est lui aussi tout seul à agir...
Jean Sarkozy : Mais non... (il lève la tête vers le ciel et respire un grand coup) Ce n’est pas pareil ! Prenez la réforme des institutions : je préfère qu’on ait un régime présidentiel fort, qu’on ait un président fort, afin que notre pays soit mieux dirigé... et puis, après cinq ans, on verra si ce sera dix ans ou autre chose...
Jean Sarkozy parle beaucoup, très vite. Il regarde sa montre ostensiblement et lance : "Bon, c’est pas tout ça, mais ma femme m’attend !".
Le jeune homme laisse une impression étrange : dans ses propos, il ne se démarque pas des autres jeunes gens encartés à droite. Le discours est parfois brouillon, exagéré mais sonne comme celui de Bernard Tapie au moment où ce dernier était récemment attaqué par François Bayrou sur l’affaire des 400 millions touchés grâce à une décision de justice privée. Il n’a jamais cité explicitement son père, mais semblait un peu agacé qu’on lui cite "son père" ou "son papa"... Le jeune homme semblait enfin très sociable avec tout le monde au début de l’entretien, mais la question sur François Bayrou l’a rendu soudainement plus distant et plus nerveux intérieurement.
Une dernière question à lui poser venait encore l’esprit : "Est-ce qu’on vous rappelle encore votre fameux propos "Je te soutiens à mort !" ? (NDLR : tenu à l’attention de David Martinon, durant les dernières élections municipales à Neuilly-sur-Seine). Malheureusement, le besoin de retrouver sa Jessica a écourté l’entretien qui s’est tenu sous le regard des badauds parfois incrédules.
Par http://www.francedemocrate.info/
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