L'UMP a tenu son conseil national, samedi, à la Mutualité, à Paris. L'occasion pour Xavier Bertrand de faire ses premiers pas de secrétaire général du parti majoritaire. Et pour Nicolas Sarkozy de s'épancher longuement devant ses amis politiques évoquant notamment le prochain grand enjeu: les élections européennes. Xavier Bertrand, lui, avait le sourire de l'homme qui est arrivé là où il le voulait.
(source : http://www.lejdd.fr/cmc/politique/200904/bertrand-apotre-du-popu-sarkozisme_182232.html)
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Ah quel bonheur d'être un p'tit gars méritant, dans un mouvement populaire! "Moi qui n'ai fait aucune grande école et qui viens de province", se chante Xavier Bertrand, désormais secrétaire général de l'UMP.
Ah, quelle chance d'avoir en Nicolas Sarkozy un suzerain aimant ses militants: "Combattants et combattantes, des gagneurs, pas des suiveur [ce] qui fait la différence entre nous et une grande école qui forme les hauts fonctionnaires de la République!" C'était à la Mutualité, samedi, un lieu volé par l'UMP à la gauche, comme Eric Besson, et propice aux épanchements révolutionnaires: le chef de l'Etat, patron de la haute administration, y a stigmatisé l'ENA, pour la plus grande joie de sa piétaille.
C'était le bonheur d'être soi, pour la première journée de Xavier Bertrand, député bizuth en 2002, devenu si vite le meilleur élève de la génération Sarkozy. Il doit inventer une UMP à 500 000 militants, reconstruire l'armée pour la campagne de 2012.
Hier, il y avait du "vive l'empereur" dans l'air, Bonaparte devant des grognards, Sarkozy célébré par un vidéoclip reprenant ses discours sur la crise économique, son Austerlitz à lui. Il y avait aussi des sucreries dans les propos, comme si la bonhomie de Bertrand déteignait sur son patron. Nicolas Sarkozy conjuguait "tolérance" avec "fraternité", prônait le dialogue et les désaccords fructueux, célébrait même la joie d'être minoritaire. Et Bertrand opposait les socialistes, perclus de divisions à l'UMP rassemblée et diverse à la fois. Mais il y avait aussi une ligne. Populaire, ou populiste, en fonction des accents toniques.
Faire oublier l'épisode du Fouquet's
Une affirmation de la base, chez Bertrand comme chez le patron. Les militants, désormais seront informés, consultés, visités, valorisés: promis! Une apologie du bon sens contre les experts, énarques ou non, que n'aurait pas désavouée Ségolène Royal à son meilleur. Et la reprise, par Nicolas Sarkozy, d'un discours antilibéral qui devient sa marque. Le propos se voulait équilibré: la dénonciation des bonus des grands banquiers étant le complément symétrique des charges contre SUD-Rail. Mais au poids des mots, les "spéculateurs" ont été plus lourdement fustigés que l'ennemi gauchiste. Sus à ceux qui ont "abîmé nos valeurs", ces "irresponsables dont nous aurions dû nous débarrasser plus tôt", et qui ont donné "une idée détestable" du capitalisme!
Monsieur Tout-le-Monde va purger la faute du Fouquet's.
A ce désormais classique du sarkozysme, le Président a rajouté hier une célébration de l'industrie et de la "culture ouvrière", invitant l'UMP à reprendre le mot "ouvriers" aux socialistes, "qui ne le prononcent plus". Phrase de circonstance pour conjurer la protestation syndicale de jeudi? Ou choix de survie politique, dans un pays exaspéré, et que Sarkozy décrit souvent comme régicide. Pour éviter la révolte, jouer "le peuple contre les gros", et valider en France cette "moralisation du capitalisme" jusqu'ici théorisée dans des cénacles internationaux.
C'est ici que le choix de Xavier Bertrand prend un sens politique, au-delà de ses qualités de gentil organisateur. Pour la jouer populaire, Bertrand le Picard vaut mieux que Tony Blair! Un monsieur Tout-le-Monde, ex-assureur, qui ressemble aux militants et aux Français: à lui de purger la faute originelle du Fouquet's, et de ramener le peuple au bercail du Président. "Les classes populaires, mais aussi les classes moyennes, qui ne supportent plus l'injustice", dit Bertrand, quand il parle sérieusement.
Hier, il avait prévu de fustiger le salaire confortable du PDG de Valeo, l'équipementier automobile. Il a renoncé, se promettant de rattraper le coup aujourd'hui, dans sa première visite de terrain, à Avrillé (Maine-et-Loire). Dire du mal des plus riches, devant des Français moyens. Etre comme eux. Pour Lui.
Ah, quelle chance d'avoir en Nicolas Sarkozy un suzerain aimant ses militants: "Combattants et combattantes, des gagneurs, pas des suiveur [ce] qui fait la différence entre nous et une grande école qui forme les hauts fonctionnaires de la République!" C'était à la Mutualité, samedi, un lieu volé par l'UMP à la gauche, comme Eric Besson, et propice aux épanchements révolutionnaires: le chef de l'Etat, patron de la haute administration, y a stigmatisé l'ENA, pour la plus grande joie de sa piétaille.
C'était le bonheur d'être soi, pour la première journée de Xavier Bertrand, député bizuth en 2002, devenu si vite le meilleur élève de la génération Sarkozy. Il doit inventer une UMP à 500 000 militants, reconstruire l'armée pour la campagne de 2012.
Hier, il y avait du "vive l'empereur" dans l'air, Bonaparte devant des grognards, Sarkozy célébré par un vidéoclip reprenant ses discours sur la crise économique, son Austerlitz à lui. Il y avait aussi des sucreries dans les propos, comme si la bonhomie de Bertrand déteignait sur son patron. Nicolas Sarkozy conjuguait "tolérance" avec "fraternité", prônait le dialogue et les désaccords fructueux, célébrait même la joie d'être minoritaire. Et Bertrand opposait les socialistes, perclus de divisions à l'UMP rassemblée et diverse à la fois. Mais il y avait aussi une ligne. Populaire, ou populiste, en fonction des accents toniques.
Faire oublier l'épisode du Fouquet's
Une affirmation de la base, chez Bertrand comme chez le patron. Les militants, désormais seront informés, consultés, visités, valorisés: promis! Une apologie du bon sens contre les experts, énarques ou non, que n'aurait pas désavouée Ségolène Royal à son meilleur. Et la reprise, par Nicolas Sarkozy, d'un discours antilibéral qui devient sa marque. Le propos se voulait équilibré: la dénonciation des bonus des grands banquiers étant le complément symétrique des charges contre SUD-Rail. Mais au poids des mots, les "spéculateurs" ont été plus lourdement fustigés que l'ennemi gauchiste. Sus à ceux qui ont "abîmé nos valeurs", ces "irresponsables dont nous aurions dû nous débarrasser plus tôt", et qui ont donné "une idée détestable" du capitalisme!
Monsieur Tout-le-Monde va purger la faute du Fouquet's.
A ce désormais classique du sarkozysme, le Président a rajouté hier une célébration de l'industrie et de la "culture ouvrière", invitant l'UMP à reprendre le mot "ouvriers" aux socialistes, "qui ne le prononcent plus". Phrase de circonstance pour conjurer la protestation syndicale de jeudi? Ou choix de survie politique, dans un pays exaspéré, et que Sarkozy décrit souvent comme régicide. Pour éviter la révolte, jouer "le peuple contre les gros", et valider en France cette "moralisation du capitalisme" jusqu'ici théorisée dans des cénacles internationaux.
C'est ici que le choix de Xavier Bertrand prend un sens politique, au-delà de ses qualités de gentil organisateur. Pour la jouer populaire, Bertrand le Picard vaut mieux que Tony Blair! Un monsieur Tout-le-Monde, ex-assureur, qui ressemble aux militants et aux Français: à lui de purger la faute originelle du Fouquet's, et de ramener le peuple au bercail du Président. "Les classes populaires, mais aussi les classes moyennes, qui ne supportent plus l'injustice", dit Bertrand, quand il parle sérieusement.
Hier, il avait prévu de fustiger le salaire confortable du PDG de Valeo, l'équipementier automobile. Il a renoncé, se promettant de rattraper le coup aujourd'hui, dans sa première visite de terrain, à Avrillé (Maine-et-Loire). Dire du mal des plus riches, devant des Français moyens. Etre comme eux. Pour Lui.
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