mardi 22 mai 2007, 21h06
Clearstream: Rondot interrogé sur un compte japonais de Chirac
agrandir la photo
PARIS (Reuters) - Le général Philippe Rondot, protagoniste-clé de l'affaire Clearstream, a été à nouveau entendu mardi pendant près de neuf heures par les juges chargés du dossier, apprend-on de source judiciaire.
Commencée dans la matinée, l'audition s'est achevée peu avant 21h00 (19h00 GMT). Le militaire, qui avait au départ le statut de témoin assisté, n'a pas été mis en examen, a précisé aux journalistes son avocat Eric Morain.
Les juges ont mené cet audition alors que des éléments nouveaux concernant un supposé compte bancaire secret de Jacques Chirac au Japon, provenant des archives du général Rondot, viennent d'être versés à leur dossier, écrit mercredi le Canard enchaîné.
Philippe Rondot, 70 ans, spécialiste du renseignement a mené en 2004 une enquête parallèle sur des listings falsifiés de Clearstream, qui semblaient compromettre des centaines de personnalités, dont Nicolas Sarkozy.
La saisie de ses notes dans le cadre de la procédure a révélé d'autres affaires sans rapport avec ces faux listings, notamment des documents des services secrets français faisant état de l'existence d'un compte bancaire détenu par Jacques Chirac au Japon, crédité de sommes très importantes.
Le bureau de Tokyo de la DGSE, menant en 1996 une enquête de routine sur le banquier Soichi Osada, ami de l'ancien maire de Paris qui voulait investir en France, a fait état dans une note envoyée à Paris d'un compte bancaire détenu par Jacques Chirac au Japon et crédité de 300 millions de FF, sans plus de détails.
NOUVEAUX DOCUMENTS
Le général Rondot, qui avait mené une enquête en 2001 sur cette affaire, à la demande de l'Elysée, avait dans un premier temps confirmé devant les juges cette information en mars 2006, dans une audition, précisant que le compte était ouvert à la Tokyo Sowa Bank.
Il est ensuite revenu dans la presse sur ses déclarations, avant de refuser de répondre aux juges, même lorsqu'ils l'ont fait conduire par la force dans leur bureau en mai 2006. Depuis, il s'est vu accorder le statut de "témoin assisté" qu'il demandait pour déposer.
Selon Le Canard enchaîné de mercredi, des documents nouveaux saisis chez le général Rondot, versés récemment au dossier, accréditeraient l'existence du compte bancaire en question.
Il s'agit d'une chemise intitulée "affaire japonaise", de deux autres appelées "PR1" et "PR2" (pour "président de la République"), contenant des messages de la DGSE et de relevés bancaires japonais, assure l'hebdomadaire satirique. Des notes évoquent "à tort ou à raison" l'ancien président de la Polynésie française Gaston Flosse, ami de l'ex-locataire de l'Elysée, ajoute-t-il.
Le parquet de Paris aurait tenu, selon Le Canard enchaîné, une réunion lundi 21 mai pour examiner les conséquences possibles de ces éléments nouveaux.
Les juges d'Huy et Pons ne sont toutefois saisis que de l'affaire des faux listings. Dans ce seul cadre, Jacques Chirac est susceptible d'être entendu à partir du 16 juin, quand prendra fin son immunité pénale.
Le général Rondot a assuré en mars 2006 avoir lancé son enquête sur ordre de Dominique de Villepin, qui se serait selon lui prévalu de consignes de Jacques Chirac.
Nicolas Sarkozy, son successeur, est partie civile, c'est-à-dire plaignant, dans le dossier.
Sur les faux listings, des éléments matériels font porter les soupçons sur l'ancien cadre d'EADS Imad Lahoud, déjà mis en examen pour "faux et dénonciation calomnieuse".
Selon l'accusation, il a utilisé de vrais documents de la société luxembourgeoise dérobés par un consultant, Florian Bourges, pour fabriquer les faux listings en ajoutant des noms à ces listes authentiques de comptes
Il aurait ensuite remis les faux en 2004 à son supérieur à EADS, le vice-président de la société Jean-Louis Gergorin, qui les a lui-même remis à un magistrat, Renaud Van Ruymbeke, ce qui a lancé des vérifications judiciaires menaçantes pour les personnalités en cause, notamment Nicolas Sarkozy.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire