"Suite à l'odieuse agression dont a été victime notre collègue de Metz, l'Union syndicale de la magistrature appelle tous les magistrats à cesser le travail et à se rassembler sur les marches des palais de justice lundi 11 juin à 14 heures", dit l'Union syndicale de la magistrature dans un communiqué.
Le syndicat majoritaire entend obtenir du gouvernement un plan qui prévoit l'installation d'au moins un portique de sécurité dans chaque juridiction et le recrutement du personnel nécessaire à son utilisation.
L'USM appelle par ailleurs les magistrats à "exercer leur droit de retrait (à arrêter d'exercer leurs fonctions-NDLR) lorsqu'ils estimeront que leur sécurité n'est pas assurée" dans leurs tribunaux".
Ce mouvement fait suite à une intervention du Premier ministre, François Fillon, qui a relancé l'idée d'une réforme de la carte judiciaire française. Les deux principaux syndicats de magistrats ont mal accueilli cette déclaration en estimant que ce dossier n'avait rien à voir avec celui de la sécurité.
Actuellement, il existe au moins un tribunal de grande instance par département, souvent plusieurs. Chacun de ces tribunaux comporte au moins un juge d'instruction.
"Il y a une carte judiciaire qui est héritée du passé. Si on veut avoir des tribunaux modernes, efficaces, avec des juridictions spécialisées et des moyens pour assurer la sécurité de ces tribunaux dans le contexte budgétaire qui est le nôtre, il faut accepter de revoir la carte judiciaire et de faire les réformes de fond qui s'imposent", a déclaré François Fillon.
TEXTES NON APPLIQUÉS
Le président de l'USM (Union syndicale de la magistrature, majoritaire), Bruno Thouzellier, souligne que le problème de la sécurité dans les tribunaux a déjà fait l'objet d'un rapport en 2003 sous le précédent gouvernement, resté lettre morte.
"On ne va pas attendre la réforme de la carte judiciaire pour sécuriser les juridictions. Il y a un dossier urgentissime, c'est celui de sécuriser les tribunaux", a-t-il dit à Reuters.
Il souligne que les portiques de sécurité sont souvent inopérants dans les tribunaux d'importance moyenne, comme à Metz, faute de personnel et qu'il n'en existe pas dans la plupart des petites juridictions.
Quant à la carte judiciaire, le président de l'USM rappelle que le précédent gouvernement avait fait adopter fin 2006 le principe de la création de "pôles d'instruction départementaux", décision restée sans effet faute de décrets d'application et de moyens financiers.
Le budget de la justice française pour 2007, (6,3 milliards d'euros soit 2,34% du budget de l'Etat), est un des plus faibles de l'Europe des 27.
La présidente du Syndicat de la magistrature (SM, gauche), Emmanuelle Perreux, a également critiqué l'approche de François Fillon. "Je ne vois pas en quoi la réforme de la carte judiciaire répond à la problématique posée par l'agression de notre collègue à Metz", a-t-elle dit à Reuters.
Ce syndicat estime que la justice devrait mieux accompagner les familles confrontées au système judiciaire, avec du personnel supplémentaire, une amélioration du financement public des avocats pour les justiciables pauvres.
Jacques Noris, 62 ans, juge des enfants, vice-président du tribunal de Metz (Moselle), a été blessé à coups de couteau par la mère d'un mineur alors qu'il confirmait dans son cabinet le placement de son fils, âgé d'un peu moins de trois ans, auprès de sa grand-mère paternelle.
Le président Nicolas Sarkozy a fait savoir mercredi qu'il avait appelé au téléphone le magistrat blessé pour "lui renouveler tout son soutien". Dès son rétablissement, il le recevra à l'Elysée, a dit la présidence.
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