Les enseignants du SNUipp "offensifs" pour défendre leur vision de l'école
Par Sophie LAUTIER
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NEVERS (AFP) - "Résistance", "offensive" : quelle que soit la formule, les enseignants réunis à Nevers pour le 7e congrès du principal syndicat du primaire, le SNUipp-FSU, veulent promouvoir leur vision d'"une école pour tous" face à un programme gouvernemental qu'ils jugent "inquiétant".
"Ni illusion, ni désertion : on va devoir résister contre des réformes que l'on juge régressives et dans la continuité de la politique éducative catastrophique du gouvernement précédent", affirme Philip Domergue, 34 ans, professeur des écoles en Haute-Savoie, l'un des participants au congrès qui doit s'achever vendredi.
Dans sa classe de CM2 d'une école "difficile" de Thonon-les-Bains, il compte 27 élèves : "Je ne me satisfais pas d'en avoir en échec. A 15 par classe, ça serait mieux, avec un psychologue scolaire, des aides éducatives, des moyens !" Mais, assure-t-il, "si on applique les politiques prévues, les élèves en échec seront plus nombreux, ça sera aussi l'échec des enseignants, de l'école et finalement de la société".
Non remplacement d'un fonctionnaire sur deux, reconduction incertaine des emplois de vie scolaire (EVS), manque de moyens : "A l'évidence, on ne peut qu'être inquiet pour l'école", estime Gilles Moindrot, secrétaire général du SNUipp.
La suppression de la carte scolaire, qui ne concerne pas directement le primaire, sert de repoussoir exemplaire : "La mixité sociale n'est pas assurée, c'est un constat. Mais la question n'est pas tant de permettre aux meilleurs d'avoir le choix que de faire en sorte que chaque école assure les conditions à chaque élève de réussir sa scolarité", assure M. Moindrot.
"Le nouveau gouvernement a cette conception étrange selon laquelle la qualité dans tous les domaines serait garantie par la concurrence", fait valoir Philippe Meirieu, pédagogue reconnu et professeur d'université à Lyon II, invité au congrès. "Il confond efficacité et qualité, et quand on parle de l'éducation, cela relève de l'imposture".
"L'école est une institution républicaine, qui s'évalue à sa capacité à transmettre des valeurs, pas un service qu'on va juger à la satisfaction de ses usagers! ", rappelle M. Meirieu qui est aussi un des fondateurs des Instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM).
Face à un gouvernement à l'opposé de ses vues, le syndicat compte adopter une attitude ouverte, notamment sur le constat des difficultés, et faire entendre ses propositions concrètes : développer le travail d'équipe des enseignants et leur accès aux travaux de recherche pédagogique, ressortir des cartons l'expérimentation de "plus de maîtres que de classes" pour mieux suivre les élèves.
"Notre rôle est d'être à l'offensive. Moi, l'élection de Nicolas Sarkozy ne me désespère pas : on a des messages à faire passer auprès de nos collègues et des parents d'élèves pour promouvoir une école émancipatrice, pas une école qui se débarrasse des élèves difficiles parce que c'est plus simple", soutient Hélène Alcon, enseignante depuis 25 ans, en poste à Vayres (Gironde).
Elle reconnaît que l'école est parfois "un peu frileuse" quand il s'agit de s'ouvrir aux parents "alors qu'on peut avoir des échanges très intéressants". L'opinion publique, c'est d'abord eux, estime-t-elle, "on pourrait commencer par leur parler et pas uniquement quand il y a le feu au lac comme à la rentrée 2006 avec la polémique sur la lecture".
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