LE MONDE | 21.06.07 | 15h08 • Mis à jour le 21.06.07 | 15h08
BERLIN CORRESPONDANCE
Après plus d'un mois de grève, la direction de l'opérateur allemand de téléphonie Deutsche Telekom et le syndicat Verdi sont parvenus mercredi 20 juin à un compromis sur les modalités de transfert de 50 000 personnes dans des sociétés extérieures chargées du service clientèle, des centres d'appel et de l'infrastructure technique.
A compter du 1er juillet, ces salariés devront travailler quatre heures supplémentaires par semaine, soit 38 heures hebdomadaires, pour un salaire qui va baisser de 6,5 %. En contrepartie, ils bénéficieront d'une garantie d'emploi jusqu'en 2012. De plus, la perte de salaire va être amortie par un fonds spécial durant quarante-deux mois.
Les dix-huit premiers mois, ces versements garantiront un maintien de la rémunération à 100 % avant de diminuer progressivement jusqu'en 2011, date où la baisse de salaire s'appliquera pleinement. Autre concession, Deutsche Telekom s'engage à ne pas vendre ses sociétés extérieures jusqu'en 2010.
Par ailleurs, le syndicat et direction ont convenu de recruter plus de 4 000 jeunes salariés. En revanche, la rémunération à l'embauche doit baisser de plus de 30 % soit une fourchette comprise entre 21 400 et 23 200 euros contre 30 000 et 34 000 euros actuellement.
"Les deux parties y ont laissé des plumes", a commenté le directeur du personnel Thomas Sattelberger. Certes, le syndicat Verdi a pu limiter les réductions de salaire et obtenir une importante garantie d'emploi. A l'origine, l'entreprise souhaitait imposer une baisse de salaire de 12 % avant de redescendre à 9 %, et proposait en échange une protection contre le licenciement jusqu'en 2011.
Mais, pour de nombreux observateurs, Deutsche Telekom est sortie gagnante de cette épreuve de force. "A la fin, le patron René Obermann a obtenu ce qu'il souhaitait", commente le quotidien Süddeutsche Zeitung dans son édition du jeudi 21 juin.
HAUSSE DE L'ACTION À LA BOURSE
La Bourse ne s'y est pas trompée en faisant grimper l'action de Deutsche Telekom, mercredi, à 13,91 euros soit une hausse de 1,09 %. Les actionnaires, à commencer par l'Etat fédéral qui détient directement ou indirectement 30 % des parts de l'entreprise se sont félicités de la fin du conflit.
Le ministre des finances Peer Steinbrück (SPD) a salué une "solution très raisonnable". Le compromis doit être encore soumis aux adhérents de Verdi la semaine prochaine pour mettre définitivement fin au conflit social.
Grâce à ce programme de restructuration, l'entreprise devrait pouvoir économiser entre 500 et 900 millions d'euros par an jusqu'en 2010 et améliorer la qualité du service. Confrontée à l'érosion de son chiffre d'affaires en Allemagne dans les trois divisions du groupe (T-Com, T-Mobile et T-Systems) et à la perte de nombreux clients dans la téléphonie fixe - depuis 2006 près de 2,5 millions d'abonnés ont tourné le dos à Deutsche Telekom -, l'entreprise était forcée de recourir à ces remaniements.
En parallèle, l'entreprise souhaite relancer le marché allemand de la téléphonie fixe et mobile, notamment en améliorant sa visibilité et en pariant sur la télévision via l'Internet.
Cécile Calla
Article paru dans l'édition du 22.06.07.
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