RESF demande à Air France de refuser le transport de passagers expulsés
Photo
agrandir la photo
PARIS (AFP) - Le Réseau éducation sans frontières (RESF) et deux syndicats de personnels d'Air France ont appelé lundi la compagnie à cesser d'accepter à bord des passagers expulsés, après une nouvelle reconduite qui semble s'être accompagnée de brutalités.
La tentative d'expulsion "brutale" de Salif Kamaté, un Malien de 50 ans, qui accuse trois agents de l'avoir frappé à bord d'un vol Air France Paris-Bamako, le 26 mai, finalement annulé pour motif de sécurité, "n'est pas un accident de parcours ou un dérapage isolé", a dénoncé Jean-Michel Delarbre, membre de la Ligue des droits de l'Homme (LDH) et de RESF lors d'une conférence de presse à Paris.
"Cette situation nous amène à vouloir placer Air France devant ses responsabilités (...). Air France ne peut continuer à collaborer avec cette politique", a-t-il ajouté en évoquant "l'image détestable" que la compagnie donnait d'elle-même.
Plusieurs représentants du syndicat Sud-aérien et de la CGT, participant à la conférence de presse, ont respectivement appelé à l'arrêt de ces expulsions via Air France ou à un "moratoire", une navigante expliquant que les hôtesses et stewards étaient souvent en posture difficile face à leur "obligation professionnelle" d'assurer la sécurité et leurs "sentiments personnels".
Alter, un syndicat minoritaire de pilotes de ligne, a appelé la compagnie à "une réflexion" sur ce sujet.
Laurent Cantet, cinéaste qui se trouvait à bord, a expliqué qu'une grande majorité de passagers avait été choquée par l'événement.
"Je n'avais jamais vécu une scène d'une telle violence de ma vie", a déclaré le cinéaste, qui est aussi membre de RESF, évoquant "des cris, des râles, puis une personne évacuée inconsciente". A tel point, selon lui, que des passagers ont cru que Salif Kamaté était "mort" et qu'"une hôtesse était en pleurs".
Son directeur de production, Michel Dubois, également présent, a été placé en garde à vue pour s'être opposé à ces violences.
Salif Kamaté a raconté qu'on lui avait administré un "cachet blanc", sans avis ni prescription médicale. "Ca va t'apaiser", lui aurait assuré une policière. Il dit avoir senti des "bouffées de chaleur" et avoir tenté de parler au commandant de bord.
"M. le commandement de bord, je commence à avoir des problèmes, voulez-vous me faire descendre de votre avion ? Je n'aurais pas dû dire ça; ils m'ont sauté au cou: et puis voilà, étranglement, des coups et tout", a-t-il affirmé.
Son avocate Catherine Herrero a annoncé le dépôt rapide d'une plainte auprès de l'Inspection générale des services (IGS, police des polices). N'ayant pas encore eu accès au dossier de son client, elle ignore si un certificat médical faisant état de coups a été établi.
Relâché, le Malien a été laissé libre dimanche par le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) qui a renvoyé l'examen de l'affaire au 29 juin, selon l'avocate.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire