A l'approche des vacances scolaires, les ONG organisent la résistance.
Par Laure EQUY
QUOTIDIEN : lundi 2 juillet 2007/Libération
Opposer au nouveau ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale Brice Hortefeux un front soudé et vigilant. C'était le pari hier de la manifestation organisée à Paris à l'appel du Réseau éducation sans frontières (RESF) et du collectif «Unis contre une immigration jetable» (UCIJ), la première depuis l'élection de Nicolas Sarkozy. Elle a rassemblé, derrière les banderoles des collectifs de sans-papiers, de Droits devant, des Verts, de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) et bien sûr des comités RESF, environ 5 000 personnes. Slogan leitmotiv : «Le cas par cas, on n'en veut pas. Régularisation pour tous les sans-papiers.»
Les collectifs, concentrés sur une action de terrain à l'instar de RESF, voulaient «frapper un grand coup», selon l'expression d'un manifestant, pour alerter l'opinion sur l'augmentation des expulsions d'étrangers en situation irrégulière. «Sarkozy à l'Elysée, ce n'est pas l'apocalypse , veut croire Pierre Lauret, de l'UCIJ des XIXe et XXe arrondissements de la capitale. C'est un homme qui sait la nécessité de négocier. Or, je pense que nous pouvons gagner sur le terrain de l'opinion.» Il prend l'exemple de la «rafle» intervenue le 20 juin dans des commerces de la rue de Belleville, qui a vu les riverains, lassés par ses arrestations fréquentes, protester en encerclant les véhicules de police. Mais «le problème, ajoute-t-il, c'est que président de la République a été élu sur un programme clair qui le légitime dans l'application d'une politique dure» .
«Droite décomplexée». Vincent Gayrard, du comité RESF pour le groupe scolaire Compans-Brunet, relève aussi cette poussée de sensibilités contradictoires : à la fois «des parents d'élèves très réceptifs, car ils voient à l'école la réalité des lois» sur l'immigration, et l'émergence d' «une droite décomplexée, sur la ligne "la France, tu l'aimes ou tu la quittes", qui n'hésite plus à afficher des idées qu'elle cachait auparavant».
Outre l'avant-projet de loi sur la maîtrise de l'immigration, c'est le ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale qui reste en ligne de mire. Un intitulé qui continue à indigner les associations, visant, d'après elles, à «criminaliser les immigrés». «Sans papiers pas dangereux, sans papiers en danger», clamaient les manifestants.
Dispositif de veille. Si des ONG ont été reçues fin mai par Brice Hortefeux, Jean-Claude Amara, porte-parole du collectif Droits devant, refuse de participer à «une rencontre purement décorative qui reviendrait à le légitimer . En faisant l'apologie de l'arrivisme, on veut dire aux exclus qu'ils sont responsables de leur propre misère», dénonce Jean-Claude Amara qui juge «primordial de retisser les solidarités face aux tentatives de divisions de Sarkozy» . La formation d'un «front de résistance» apparaît d'autant plus urgente aux yeux des associations que les vacances scolaires sont la période la plus difficile pour les sans-papiers d'enfants scolarisés. RESF a promis de ne pas baisser la garde et va renouveler le dispositif de veille que le réseau avait établi l'été dernier.
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