02/07/2007

Paco et Damien

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Chronique de la contestation, par Karl Laske, journaliste à Libération.
«Toute la ville se voit prisonnière dans ce coin qui est comme un grand œil qui s’ouvre», Roque Dalton

Touche pas au Fouquet’s (suite)

« Damien libéré, mais pas Paco ! Stupéfiant non ? » J’ai reçu ce SMS peu après la décision de la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Paris. Détenu à Fleury-Mérogis depuis un mois et demi pour avoir tenté d’incendier une voiture à proximité du Fouquet’s, le 10 mai dernier, Damien a quitté Fleury-Mérogis, jeudi soir. Michel, dit Paco, lui, a été maintenu en détention à Fresnes.

Paco, qui n’était pas sur les lieux, est mis en examen pour complicité de «tentative de dégradation par incendie et fabrication d'engin incendiaire» mais surtout « recel » des produits inflammables entreposés chez lui. Il hébergeait Damien et a même nié avoir été seulement au courant de l’action. La semaine dernière, le parquet avait fait appel de la décision du juge de libérer les deux libertaires. La chambre de l’instruction présidée, jeudi, par Edith Boizette a choisi de remettre en liberté l’auteur principal, mais de maintenir le complice présumé en détention…

Me Irène Terrel, leur avocate, ne comprend plus. « Pour moi cette décision n’est pas seulement paradoxale, elle est anti-juridique, m’explique-t-elle. Il n’y a strictement aucun élément, aucune charge, contre Paco. Si on se place sur le terrain des faits, ce n’est pas possible de maintenir en détention la personne qui hébergeait Damien, et qui n’a matériellement participé à rien ». Sur quoi repose donc l’accusation ? « Ils ont stigmatisé le symbole du Fouquet’s comme si le chef de l’Etat était visé, poursuit Irène Terrel. Mais la remise en liberté de Damien prouve bien que le dossier en terme d’infraction est nul. Il s’est dégonflé. L’accusation signale que Paco leur paraît dangereux parce qu’on a trouvé des livres libertaires chez lui, des tracts publics, qu’il a été une figure de la contestation aux côtés des sans-papiers du Canal Saint Martin ou pendant le mouvement anti-CPE. C’est pour ça qu’il est détenu! Ce qu’on réprime aujourd’hui, c’est son droit d’être libertaire. C’est incroyable d’oser faire ça ».

Une journaliste de Zalea TV qui a connu Paco sur le canal Saint Martin a présenté une interview d’Irène Terrel, dans le dernier journal « l’actu par derrière » (à 38mm du début de l’émission).

Rédigé le 30/06/2007 à 15:19 |

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