19/08/2007

Ces gens sont condamnés à mort !! pour une question de principe, on attend quoi?

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A Lille avec les sans-papiers
Des heures à somnoler sous la pluie

Douze grévistes de la faim campent sous une bâche à Tourcoing face à l’hôpital.
Par Stéphanie Maurice
QUOTIDIEN : samedi 18 août 2007
Le campement est juste à l’entrée du centre hospitalier Dron, à Tourcoing. Une grande bâche noire recouvre les corps des douze grévistes de la faim, allongés sur la grille d’aération du métro. Chaque homme, c’est une bosse qu’on devine sous la pluie battante. Des bouts de ficelle sont noués aux quatre extrémités du plastique, et tendus dans l’espoir de limiter les fuites d’eau. Des pierres tiennent les pourtours pour éviter que le maigre abri s’envole. Les soutiens, eux, se sont réfugiés dans l’abribus voisin. Thermos de thé, packs d’eau, boîtes de sel et de sucre sont proprement rassemblés et protégés, eux aussi. Il y a aussi un balai et un sac-poubelle plein. «Nous faisons attention à la propreté», explique Patrick, un habitant du quartier qui aide les grévistes. «Il n’y a rien qui traîne, ni mégot, ni gobelet. On ne veut pas que les gens disent que c’est sale à cause d’eux.»

Une éclaircie : des visages émergent. «Nous sommes comme des tortues qui sortons la tête», remarque Mourad (1), tristement. Sous la bâche, c’est un amoncellement de couvertures et d’oreillers, d’hommes en rangs d’oignons. «Dès que le soleil tape, il fait trop chaud ; mais la nuit, le vent passe en dessous et nous avons froid», témoigne Abou.
Mourad n’arrive plus à dormir que deux ou trois heures par nuit. Le reste du temps se passe à somnoler. Un bout de plastique se relève, un doigt se lève. Puis ce murmure : «S’il vous plaît.» Deux bénévoles arrivent : l’homme demande à aller aux toilettes, il a besoin d’être soutenu. Les toilettes, c’est un bout de pelouse. «C’est juste pour pisser, nos ventres sont vides», signale Abou. Pas de douche, aucun moyen de se laver depuis qu’ils sont là. Les forces de l’ordre ? Abou explique : «Ils nous mettent dehors seulement quand nous sommes à l’hôpital. Ici, ils passent deux à trois fois par jour pour nous compter, et puis ils nous disent bon courage » Hier, 63 sans-papiers étaient en grève de la faim, la plupart pour leur 63e jour.
Lundi: la force des soutiens
(1) Les prénoms ont été modifiés.

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