Par François VIGNAL
LIBERATION.FR : jeudi 20 septembre 2007
La tranquille Cherbourg vient de recevoir de nouveaux occupants : des CRS. «Cette histoire de clandestins est tellement médiatisée, qu’une compagnie vient d’arriver» explique Luc, hôtelier de Cherbourg. Depuis la fermeture du camp de Sangatte, en 2002, les clandestins tentent de passer par les ports transManche, comme celui de Cherbourg, pour gagner l’Irlande ou la Grande Bretagne. Là, ils espèrent trouver un travail. Face à cette situation, les maires de Cherbourg, Calais et Dunkerque – tous de gauche – ont demandé mardi au gouvernement d’agir, l’Etat ayant la compétence pour le contrôle de l’immigration et des frontières. Les trois maires soulignent que la fermeture du centre d’accueil de Sangatte par Nicolas Sarkozy «a permis d’évacuer de l’actualité une réalité dérangeante», mais «n’a aucunement mis fin» au phénomène.
Tous les Cherbourgeois ne semblent pourtant pas préoccupés par les immigrants de passage. Très peu présents dans le centre, la question des immigrants concerne plus la gare maritime. «On en aperçoit bien parfois tôt le matin, qui traînent dans la rue», explique Bernard, qui tient un café près de la mairie. «Ils tentent de passer par le premier bateau de 6 heures», souligne l’hôtelier. Pour lui, les clandestins ne sont pas un problème. «S’il y a bien eu une petite bagarre, il n’y a pas de vandalisme, ni de vol. J’ai habité à Calais au moment de Sangatte. C’est vrai qu’il y avait des problèmes. Les commerçants en avaient marre. Ici, les clandestins sont moins nombreux, ça n’a rien à voir», souligne-t-il. Luc a même des «habitués clandestins» dans sa clientèle. Ils viennent passer une nuit, de temps en temps. «Des gens d’une extrême correction. Ils savent que s’ils mettent le bordel, c’est direct en garde-à-vue. Donc ils restent discrets.»
A la gare maritime, Bertrand Folleau gère le restaurant Le quai de la gare. Il se plaint d’une baisse de son chiffre d’affaires. «Moins 20 % pour septembre». Une baisse directement due selon lui à la présence des clandestins qui feraient fuir les camionneurs. «Certains ont choisi de ne plus passer par Cherbourg mais par Ouistreham en raison des dégradations sur les remorques et de la peur de transporter un clandestin», souligne-t-il. «Tout le monde subit cette pression à l’intérieur de la gare maritime».
Occupant un squat dans le centre il y a quelques mois, les clandestins ont dû trouver refuge ailleurs après une expulsion, puis un incendie du bâtiment. Les associations d’aide aux clandestins leur ont fourni des tentes qu’ils ont placées en zone industrielle. Du précaire, marqué par de mauvaises conditions de salubrité. «Ils servent de bouc émissaire», pense Luc, l’hôtelier. «S’il y a des problèmes dans le port, je vous mets au défi de trouver un commerçant du centre qui s’en plaindra. C’est très localisé. S’il y a un drame, c’est pour eux».
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