21/09/2007

¬ Le Réseau "Sortir du nucléaire" demande à M. Sarkozy de s’expliquer sur l’accord nucléaire avec la Libye

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Le Réseau "Sortir du nucléaire" prend au mot M. Sarkozy qui a déclaré, lors de son entretien télévisé d’hier soir, que c’était à lui de s’expliquer

La loi empêche M. Sarkozy de s’expliquer devant les parlementaires... mais pas devant une association

Lors de son entretien télévisé du 20 septembre, le Président de la République Nicolas Sarkozy a affirmé que c’était à lui de s’expliquer concernant l’affaire des otages bulgares. Le Réseau "Sortir du nucléaire" prend M. Sarkozy au mot et l’a invité aujourd’hui même par courrier à s’expliquer, en particulier sur l’accord nucléaire signé le 26 août 2007 à Tripoli entre la France et la Libye.

En effet, si la Loi empêche que le Président de la République s’explique devant les parlementaires, rien ne lui interdit de répondre aux questions d’une association. Agissant en toute transparence, le Réseau "Sortir du nucléaire" rend publiques les questions qu’il pose au Président de la République.

M. Sarkozy est bien-sûr questionné sur l’existence de négociations liant la libération des otages bulgares à la signature de l’accord nucléaire entre la France et la Libye, mais d’autres problèmes tout aussi importants sont abordés.

Il est ainsi question du devenir des déchets radioactifs qui seraient produits par le réacteur nucléaire que la France vendrait à la Libye. Ces déchets resteraient-ils en Libye... qui n’a aucun moyen de s’en occuper correctement ? Ou bien la France, qui n’a d’ailleurs pas plus de solution pour ces déchets, deviendrait-elle une "poubelle nucléaire" pour les déchets radioactifs de la Libye et éventuellement d’autres pays ?

De même, M. Sarkozy est questionné sur sa déclaration farfelue selon laquelle "un système permet de désactiver une centrale nucléaire depuis l’extérieur". En effet, même s’il existait, un tel système ne ferait pas disparaître les matières nucléaires contenues dans la centrale, qui resteraient donc à disposition de M. Kadhafi. De plus, les techniciens français présents en Libye pourraient être pris en otages par M. Kadhafi...

Enfin, M. Sarkozy est interpellé sur le fait de promouvoir à l’exportation le nucléaire plutôt que les énergies renouvelables, en contradiction flagrante avec ses déclarations "écologistes" accompagnant l’organisation d’un "Grenelle de l’environnement" en octobre.

Infirmières bulgares et accord nucléaire avec Kadhafi
Questions à M. Sarkozy, Président de la République
Questions du Réseau "Sortir du nucléaire" à M. Sarkozy à propos de l’accord nucléaire ("Mémorandum d’entente sur la coopération dans le domaine des applications pacifiques de l’énergie nucléaire") signé le 26 août 2007 à Tripoli entre la France et la Libye.

Ce questionnaire a été adressé à l’Elysée ce vendredi 21 septembre 2007 au matin.
Question 1 : M Sarkozy, comment être sûr que M. Kadhafi ne cherchera pas à nouveau à accéder à l’arme atomique une fois qu’il aura obtenu un réacteur nucléaire de la part de la France ?

Vous mettez en avant le fait que, depuis 2003, M. Kadhafi a officiellement renoncé à tenter d’accéder à l’arme atomique. De fait, sous contrôle de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique), il serait désormais acceptable de vendre du nucléaire à M. Kadhafi. Mais comment être sûr que ce dernier, une fois servi, ne changera pas une nouvelle fois de position comme il l’a fait souvent par le passé ? Il lui suffira alors d’expulser les inspecteurs de l’AIEA et de se servir en matières nucléaires dans la centrale que la France lui aura livrée.

Que répondez-vous à cela ?

Question 2 : M. Sarkozy, comment être sûr que M. Kadhafi, une fois qu’il aura obtenu du matériel nucléaire de la part de la France, ne fournira pas des groupes terroristes pour faire des "bombes sales" ?

De la même manière, comment être sûr que M. Kadhafi, une fois servi, ne fournira pas des groupes terroristes en matières nucléaires pour faire des "bombes sales" (des explosifs conventionnels mêlés à des matières nucléaires). Cette hypothèse est encore plus vraisemblable que la précédente car il est très facile de faire une "bombe sale". Dans cette hypothèse aussi, il suffira à M. Kadhafi d’expulser les inspecteurs de l’AIEA et de servir en matières nucléaires dans la centrale que la France lui aura livré. De même, que répondez-vous à cela ?

Question 3 : M Sarkozy, pouvez-vous justifier votre déclaration selon laquelle il existe "un système permettant de désactiver une centrale nucléaire depuis l’extérieur" ?
Pour rassurer l’opinion sur les risques de prolifération en cas de livraison d’un réacteur nucléaire à M. Kadhafi, vous avez déclaré, qu’il existait "un système permettant de désactiver une centrale nucléaire depuis l’extérieur" (Cf par exemple Le Monde du 28 juillet 2007). Or, personne n’a jamais entendu parler d’un tel système. Pouvez-vous vous expliquer ?

Question 4 : M. Sarkozy, avez-vous bien pesé les conséquences d’une éventuelle "désactivation d’une centrale nucléaire depuis l’extérieur" ?

Quand bien même un tel système de "désactivation à distance" existerait, nous vous prions de noter que : désactiver la centrale vendue à M. Kadhafi ne ferait pas disparaître les matières nucléaires qu’elle contient, et qui resteraient à la disposition des Libyens. En résumé, cela ne sert à rien. désactiver la centrale vendue à M. Kadhafi mettrait inévitablement ce dernier en colère. Or, de nombreux techniciens français seraient sur place pour exploiter la centrale (les Libyens n’ont pas le personnel nécessaire).

Il est évident que M. Kadhafi n’hésiterait pas à les prendre en otage pour obtenir la remise en service de la centrale. Que feriez-vous alors M. Sarkozy ? Reconnaissez-vous que, contrairement à ce que vous avez déclaré, l’éventuelle "désactivation à distance" de la centrale nucléaire vendue à M. Kadhafi ne règlerait rien et génèrerait au contraire de graves problèmes ?
Question 5 : M. Sarkozy, quel devenir pour les déchets nucléaires produits par la centrale vendue à M. Kadhafi ?

Même en "oubliant" le problème de la prolifération et du terrorisme, vendre un réacteur nucléaire à M. Kadhafi reste une opération difficilement justifiable sur le plan environnemental. En particulier, quel serait le devenir des déchets nucléaires produits par cette centrale ? Même au cas où le contrat franco-libyen prévoirait un retraitement en France, le problème resterait entier. En effet, le retraitement ne fait rien disparaître : cela consiste juste à séparer les différentes matières (uranium, plutonium, produits de fission, actinides mineurs) et les conditionner en fûts ou par vitrification. Mais, que deviendraient alors ces déchets nucléaires ? Seraient-ils renvoyés en Libye ? Pour être stockés dans quelles conditions ? Les Libyens n’ont aucune technologie adaptée.

Par ailleurs, cela poserait à nouveau le problème de la prolifération. Seraient-ils conservés par la France ? Dans ce cas, il faut en informer les citoyens français et s’assurer qu’ils soient d’accord pour que la France devienne la "poubelle nucléaire" pour les pays auxquels vous entendez vendre des réacteurs. Il faut d’ailleurs rappeler que la France n’a pas non plus de solution acceptable pour les déchets nucléaires. L’enfouissement profond des déchets les plus radioactifs peut d’ailleurs être considéré comme un crime contre les générations futures. M. Sarkozy, quelles réponses pouvez-vous apporter à ces questions fondamentales ?

Question 6 : M. Sarkozy, croyez-vous vraiment que la motivation de M Kadhafi pour accéder au nucléaire soit de "dessaler l’eau de mer" ?

Vous avez avancé, comme "justification" à la vente d’un réacteur nucléaire à la Libye, qu’il s’agissait de produire de l’énergie pour "dessaler l’eau de mer". Il est exact que la Libye a besoin d’eau, mais personne ne croit que c’est là la vraie motivation de M. Kadhafi, d’autant que d’autres systèmes peuvent produire l’énergie nécessaire pour le dessalement, comme l’énergie solaire. M. Sarkozy, vous n’êtes pas assez naïf pour croire à un prétexte aussi grotesque mais... nous pensez-vous assez naïfs pour y croire ?

Question 7 : M. Sarkozy, à l’heure du "Grenelle de l’environnement", pourquoi promouvoir le nucléaire, avec ses risques et ses déchets, et non pas les énergies renouvelables ?
En particulier, concernant le bassin méditerranéen, le développement de l’énergie solaire permettrait aux pays du Sud de s’émanciper et de ne pas dépendre des pays fournisseurs de nucléaire. M. Sarkozy, alors que vous annoncez vouloir protéger l’environnement en promouvant en France le "Grenelle de l’environnement", pourquoi n’avez-vous pas signé avec M. Kadhafi un "Mémorandum sur les énergies renouvelables" et non sur le nucléaire ?

Question 8 : M. Sarkozy, reconnaissez-vous que l’accord nucléaire franco-libyen était prêt avant la libération des otages bulgares ?

En effet, il est parfaitement impensable que l’accord nucléaire entre la France et la Libye ait pu être négocié et rédigé en un jour, le 25 juillet, entre la libération des otages bulgares le 24 juillet et la signature de l’accord nucléaire le 26 juillet.

Question 9 : M. Sarkozy, l’accord nucléaire ayant été préparé et négocié avec les Libyens avant la libération des otages bulgares, prétendez-vous que la situation des otages n’a pas été évoquée lors de ces négociations ?

Il n’existe que deux hypothèses : soit la France a négocié l’accord nucléaire avec la Libye sans se soucier du devenir des otages bulgares. Cela semble parfaitement improbable mais, si c’est le cas, cela dénoterait un véritable cynisme qui trancherait, M. Sarkozy, avec vos déclarations émues sur le sort de ces otages. soit les discussions sur le nucléaire... étaient bien liées à celles sur les otages bulgares, contrairement à ce que vous avez déclaré. Pouvez-vous, M. Sarkozy, nous dire quelle hypothèse est la bonne ? Pour notre part, nous sommes persuadés que c’est la seconde : la livraison de technologie nucléaire à M Kadhafi a été une contre-partie à la libération des otages bulgares.

Source/auteur : http://www.sortirdunucleaire.org

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