29/10/2007

Dati ' garde des shows' acceuillie par des codes civils périmés

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(D'Amiens) Leurs pavés à eux, ce sont des codes civils périmés. Il est neuf heures face au palais de justice d’Amiens et les avocats des Barreaux de Picardie sont venus "accueillir" Rachida Dati. Le Garde des Sceaux -"le Garde des shows", raille une pancarte- poursuit à Amiens son tour de France pour livrer, en trois heures précises, la nouvelle réorganisation de la justice dans la région.
Carte judiciaire: le "Rachida Dati tour" ne convainc pas
Par Paul Simon (Journaliste) 23H31 28/10/2007

Samedi, au tribunal d'Amiens (Paul Simon)

.. Et les petits livres rouges volent gentiment vers les grilles du palais de justice. Car la réforme prévoit la disparition de deux tribunaux de grande instance -sur neuf- et la migration de plusieurs petites juridictions vers d’autres plus importantes. "On morfle", résume un avocat, un sifflet à la bouche.

Alors, pour Rachida Dati, il faut justifier, argumenter, répéter. Les discours sont adaptés selon le lieu mais l’architecture reste la même: rencontre avec les parlementaires locaux, puis explication de texte aux acteurs du monde judiciaire. Une conférence de presse, enfin, et retour à Paris au plus vite. Mais, partout, toujours le même grief. La méthode. "Ils viennent faire un tour ici pour nous dire ce qu’ils ont décidé", résume Maxime Gremetz, le gouailleur député (PCF) de la Somme, qui a claqué la porte de la première réunion. Guillaume Didier, méthodique et pédagogue porte-parole de la ministre, s'en défend:

"Non. Ce n’est pas un schéma pensé à Paris et annoncé à Paris. Rachida Dati a consulté tous les acteurs, il y a eu un débat et, désormais, elle souhaite annoncer la réforme partout et en personne."

Pour les journalistes -qui n’ont pas le droit d’accéder aux réunions-, il tente de démonter les reproches un à un, exemples à l’appui. Dans la bibliothèque du palais, deux téléphones portables en main, le porte-parole raconte:

"J’ai moi-même commencé ma carrière comme juge d’instruction, Nous étions deux, avec une greffière. Quand elle était malade, il y avait un impact direct sur les dossiers. Quand des formations étaient prévues pour nous, on ne pouvait pas y aller. Quand j’ai dû demander ma première commission rogatoire internationale et que j’avais besoin de conseils, il n’y avait pas de collègue pour m’en donner. C’est ça la réforme voulue: renforcer le principe de pool."

Ce que répète, un peu plus tard, la ministre: "Le service public ne disparaît pas, on le réorganise." Dans la rue, un tract circule, écrit par l’ordre des avocats d’Amiens. On peut y lire:

"On ne biffe pas d’un coup de crayon parisien le cadre de vie et de travail de milliers de salariés, de fonctionnaires, de justiciables, de professionnels."

C’est justement dans cette région, dans ce cadre de vie, que Rachida Dati a débuté sa carrière dans la magistrature. C’était à Péronne, comme juge aux affaires familiales. "J’ai reconnu des personnes avec qui je travaillais à l’époque", glisse-t-elle en souriant. Le tribunal de grande instance de Péronne fermera. Dehors, à l’arrière du palais de justice, l’énorme cortège de voitures officielles attend la fin de la conférence de presse pour regagner Paris. Rachida Dati sort, huée par les avocats maintenus à bonne distance par les gendarmes. Du passage du Garde des Sceaux, il ne reste, sur les marches du palais de justice, qu’un vieux code civil.



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