MONTLUCON (AFP) - "Justice de proximité = liquidation totale" proclame la banderole sur le palais de justice de Montluçon où trois avocats et un greffier ont entamé mardi une grève de la faim pour dénoncer l'"aberration absolue" une éventuelle fermeture du tribunal de grande instance.Réforme judiciaire: des avocats en grève de la faim à Montluçon
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Par Par Marie-Laure MICHEL AFP - il y a 1 heure 2 minutes
"Notre grève de la faim, c'est un cri de désespoir", a expliqué mercredi à l'AFP Me Michel Pradillon, 48 ans, avocat à Montluçon depuis 1983, deux jours avant la venue vendredi de la garde des Sceaux Rachida Dati à Lyon pour présenter sa réforme de la carte judiciaire des régions Auvergne et Rhône-Alpes.
Me Pradillon ne mange plus depuis mardi après-midi, comme son collègue Antoine Douet, 35 ans, le bâtonnier Joseph Roudillon et le greffier du tribunal de commerce, Gilles Dumas.
Sur la moquette de la bibliothèque de l'Ordre des avocats, dans un bâtiment moderne accolé au palais de justice du XIXè siècle, deux lits et un matelas pneumatique : Mes Pardillon et Douet ainsi que le greffier y ont passé la nuit.
Une vingtaine d'avocats et de fonctionnaires de justice leur ont tenu compagnie. Les avocats ont dormi dans les bureaux de l'Ordre, les greffiers sur des matelas pneumatiques dans le hall du tribunal où ils ont suspendu leurs robes noires à une corde. En grève totale, les avocats empêchent la tenue des audiences.
Le bâtonnier Joseph Roudillon avait rendez-vous mercredi au ministère de la Justice, avec les deux autres bâtonniers de l'Allier, ceux de Cusset et Moulins. "Une demi-heure après l'annonce de sa grève de la faim, la Chancellerie a appelé ici", sourit une jeune avocate.
Mes Pradillon et Douet boivent du thé sucré. Ils ont mal à la tête mais sont déterminés. "C'est une décision réfléchie devant une mesure irréfléchie de la Chancellerie, une aberration absolue", dit Me Pradillon.
Vingt-cinq avocats sont inscrits au barreau de Montluçon, 1ère agglomération de l'Allier, avec 78.000 habitants, et 2è d'Auvergne. Sept magistrats et 21 fonctionnaires travaillent au TGI, dans des locaux récemment rénovés appartenant à l'Etat.
"Ici, on travaille très vite et très bien et tout est hypermoderne", glisse une magistrate, soumise au droit de réserve. "A Montluçon, on a un rendez-vous pour un divorce dans un délai d'un mois, à Paris, c'est 7 ou 8 mois", explique Me Douet.
"Nous nous battons pour une ville et une population", continue l'avocat. Si le TGI de Montluçon ferme, les justiciables iront à Moulins, à 77 km de là. En train, il faut de deux heures trente à quatre heures et un seul bus s'y rend le matin et revient le soir, dit-il.
"Je me souviens d'une mère de famille qui a bouffé son RMI pour aller en taxi à Moulins voir le juge des enfants", raconte Me Pradillon, "ici on a une population pauvre qui bénéficie massivement de l'aide juridictionnelle".
Leur pétition a recueilli 12.600 signatures. "A la foire-exposition, les gens faisaient la queue pour la signer", se souvient l'ancien bâtonnier. En octobre, les avocats étaient montés en car la porter à la Chancellerie. Jeudi, ils publient une lettre ouverte à Nicolas Sarkozy dans un quotidien national.
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