Reuters
Par Sophie Louet Reuters - Vendredi 23 novembre, 16h37
STOCKHOLM (Reuters) - "Un tournant historique important".
Sur la voie cahoteuse de la rupture, la refonte des régimes spéciaux de retraite s'impose pour François Fillon comme la bonne stratégie à mener en France en vue de réformes "difficiles" et porteuses de nouveaux soubresauts sociaux.
"Heureusement, la page est tournée, la grève est terminée. Mais un pays qui est à la recherche d'un point de croissance supplémentaire n'a pas besoin de multiplier les conflits de ce type", a déclaré vendredi le Premier ministre français à l'occasion d'un déplacement en Suède, pays cité en exemple pour la réussite de sa réforme des retraites.
"Nous avons dans la conduite de la réforme des régimes spéciaux montré à la fois la fermeté, la détermination, la volonté de réussir, mais dans le même temps, une grande capacité d'écoute qui a permis aux organisations syndicales de trouver, malheureusement après neuf jours de grève, la voie des négociations", a-t-il estimé lors d'un point de presse conjoint avec son homologue suédois, Fredrik Reinfeldt.
"C'était forcément la bonne stratégie, puisqu'elle est en train de réussir", a-t-il souligné.
"Il s'agit là d'un tournant historique important", a dit François Fillon par la suite, lors d'un discours devant la Stockholm School of Economics.
Une gestion "presque parfaite", assure-t-on dans l'entourage de François Fillon.
"Neuf jours de grève, c'est le minimum de ce qu'on pouvait craindre. Il y avait un risque que ça s'enkyste mais le climat n'était pas insurrectionnel comme en 1995", note-t-on, en insistant sur le soutien constant et croissant des Français à la réforme.
Quant aux tiraillements qui ont pu s'immiscer au sommet de l'Etat durant le conflit, on les minimise au regard de la guerre de positions qui présida à la réforme de 2003, alors que François Fillon était ministre des Affaires sociales.
"LE RÔLE DU MÉCHANT"
"En 2003, le ministre des Affaires sociales faisait sa réforme, Matignon lui mettait des bâtons dans les roues, l'Elysée faisait une troisième politique", rappelle un collaborateur.
Pour la réforme des régimes spéciaux, il y avait un interlocuteur unique, le ministre du Travail, Xavier Bertrand, qui s'entretenait deux fois par jour avec le chef du gouvernement, explique-t-on.
"Il n'y avait pas de répartition des rôles. Le Premier ministre s'est amusé qu'on lui attribue le rôle du méchant, ce n'est pas l'image qu'il a", témoigne un collaborateur.
Dans le registre officiel du "ni vainqueur ni vaincu", tempéré néanmoins par des commentaires quelque peu claironnants dans les rangs de l'exécutif, on salue le sens des responsabilités des organisations syndicales, la CGT au premier chef, qui "voulait négocier depuis le début" et n'entendait pas sortir "affaiblie" du conflit.
Car d'autres joutes attendent l'exécutif et les syndicats.
La réforme des régimes spéciaux était "dure", mais pratiquement "digérée" par les Français. Les réformes structurelles à venir seront "difficiles", concède-t-on à Matignon, où l'on juge que le plus dur reste à faire malgré l'effet d'entraînement de la réforme.
"Il ne faut pas faire de cette réforme l'étalon de la rupture. Elle était en préparation depuis longtemps, les esprits étaient mûrs", dit-on.
Le prochain défi, pour l'exécutif, est la réforme du contrat de travail, pour laquelle les négociations entre partenaires sociaux piétinent. "La flexicurité scandinave, c'est un concept sur lequel nous travaillons", a précisé François Fillon.
S'y ajoute le rendez-vous de 2008 sur le régime général de retraite.
De l'avis du gouvernement, les organisations syndicales se réserveraient pour ces futurs combats après le galop d'essai des régimes spéciaux, qui ont démontré la radicalité de la base face à des dirigeants plus conciliants convertis à la nécessité de l'harmonisation.
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