Banlieues: Nicolas Sarkozy reprend fermement la main
AFP
Par Par Philippe ALFROY AFP - il y a 1 heure 21 minutes
A peine dévalée la passerelle de son Airbus, le chef de l'Etat a troqué ses habits de VRP des entreprises françaises, qui ont décroché 20 milliards d'euros de contrats à l'occasion de son séjour à Pékin, pour endosser ceux de "pompier en chef" et tenter de circonscrire rapidement l'incendie allumé dans les banlieues par la mort dimanche de deux adolescents.
Dès le petit matin, le président s'est donc rendu à l'hôpital d'Eaubonne (Val-d'Oise) puis à l'Hôtel-Dieu (Paris) pour aller au chevet de policiers et pompiers blessés lors des violences urbaines qui ont éclaté après les décès de Moshin, 15 ans, et Lakami, 16 ans, tués dimanche à Villiers-le-Bel (Val-d'Oise), lors d'une collision avec un véhicule de police.
Une première étape qui a permis à Nicolas Sarkozy de réaffirmer l'autorité de l'Etat. "Ceux qui ont pris la responsabilité de tirer sur des fonctionnaires se retrouveront devant la cour d'assises", a-t-il assuré avec des accents de procureur à sa sortie de l'hôpital d'Eaubonne.
Sitôt de retour à l'Elysée, le chef de l'Etat y a longuement reçu les familles des deux adolescents tués dimanche, leurs avocats et le maire PS de Villiers-de-Bel, Didier Vaillant.
A ces interlocuteurs, Nicolas Sarkozy a promis de faire toute la lumière sur les circonstances de l'accident et leur a annoncé l'ouverture d'une information judiciaire. "C'est un geste de justice et un geste d'apaisement", s'est réjoui l'un des avocats des familles, Me Jean-Pierre Mignard. "Une fois de plus il empiète sur le pouvoir judiciaire", a estimé de son côté le député PS André Vallini.
Dans la foulée, le président a réuni son Premier ministre François Fillon, et la ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie, qui ont géré la crise en son absence, ainsi que Christine Boutin (Ville), Rachida Dati (Justice) et la secrétaire d'Etat à la Politique de la ville, Fadela Amara.
L'occasion cette fois de répondre, par le biais du porte-parole du gouvernement, Laurent Wauquiez, qui en rendait compte, aux critiques formulées contre son gouvernement. A ceux qui, comme le patron de l'UDF-MoDem, François Bayrou, ont raillé le nouveau plan banlieue en préparation, M. Wauquiez a rétorqué qu'il ne serait pas un "énième plan" ciblé "sur l'immobilier".
Cette réunion a également permis à Nicolas Sarkozy de reprendre en main un dossier dont il estime, selon plusieurs sources interrogées par l'AFP, qu'il avait été très "mal géré" en son absence par les ministres responsables.
"Le président est furieux de la façon dont la crise a été gérée, notamment par le ton de l'intervention de Michèle Alliot-Marie mardi devant l'Assemblée et par l'absence de Fadela Amara", a indiqué à l'AFP une source proche du gouvernement. Selon une autre source, Nicolas Sarkozy a également critiqué en termes violents l'attitude pendant la crise de sa ministre de l'Intérieur mercredi matin, pendant la réunion avant le Conseil des ministres.
Un reproche apparemment partagé dans les couloirs de l'Assemblée, où un ténor de l'UMP s'est exclamé mardi: "mais que fout Fadela Amara?"
Interrogé mercredi à sa sortie du Conseil des ministres, Mme Amara a justifié sa discrétion par son désir de "respecter le deuil" des familles des victimes. Quant à M. Wauquiez, il a assuré que M. Sarkozy avait tenu "des propos très élogieux" envers François Fillon et Michèle Alliot-Marie, jugeant que "ce ne sont pas des situations faciles à gérer".
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