après une semaine de blocage dur, l'administration avait répliqué par un référendum illégitime (84% d'abstention) et incohérent. A cela, nous avons répondu par un blocage voté en AG (peut-être sauvage sur la forme, mais pas sur le fond). Dernière réplique de l'administration : opération physique et directe des vigils pour nous évacuer. Nous avons convenu d'une trêve pour faire l'état des lieux.
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JEUDI 22/11
un nouveau coup de chaud a eu lieu tôt ce matin à la fac de Metz en lutte, à nouveau. Après la journée d'hier témoin du reblocage en force de plusieurs UFR, qui a paru même pour certains parmi nous comme un coup de glaive dans l'eau, j'en retiens tout de même que nous avons su démontrer notre force par notre capacité de réaction immédiate, ici au vote à bulletin secret illégitime. Le rapport de force est là entre l'administration et les grévistes, il s'apaise aujourd'hui après le dernier coup de pression.
En effet, si nous avons bloqué massivement et sauvagement hier, ils ont attaqué à nouveau ce matin en tentant de nous évacuer de force à coups de vigils.
Après une nouvelle nuit d'occupation enthousiaste, pleine de musique et de chants révolutionnaires pour décompresser du stress de la journée, soudain un cri résonne à 6h30 du matin d'un camarade couru nous prévenir : "attention, ils ont tout débloqué à nouveau et les vigils courent en force vers ici pour nous dégager !" Aussitôt, nous faisons bloc et tentons de barricader l'accès du SHA à l'amphi Demange occupé, QG de notre mouvement, afin de leur barrer la route. Trop tard, 6 vigils sont sur nous et nous refoulent. Nous sommes alors une grosse trentaine. Le face à face est alors tendu, ligne contre ligne. La police privée des vigils commence à nous faire reculer. Pour résister et tenir le lieu, nous courons tous alors en haut de l'amphi et nous soudons au coude à coude en scandant "Lioger, Lioger, casseur de grève !". Un vigil beugle à ses collègues : "pas la peine, les gars, y se laissent pas jarreter, j'appelle les CRS". 10mn de plus et ça tournait à la bagarre. Mais les gens de l'administration, derrière, interviennent pour donner ordre aux vigils de relâcher la pression, en considération de notre résistance. On appelle tout les camarades et en 1/2h on est une grosse cinquantaine. Flics ou pas flics ? On reste soudés, solidaires, en bloc en haut de l'amphi. La presse bourgeoise arrive, d'abord on les refuse en gueulant qu'on ne veut pas de spectacle ni de "revolution academy", mais finalement on les laissera entrer pour ne s'entretenir qu'avec nos portes-paroles. Les rumeurs ne cessaient de circuler, les vigils nous répétaient toute la nuit que Lioger avait décidé de nous envoyer les CRS soit entre 6 et 7h du matin en cas de résistance physique de notre part aux vigils soit à 13h en cas de nouveau blocage insurrectionnel ; qu'ils sont 6 depuis hier mais qu'ils seront 12 à partir d'aujourd'hui, etc. Contre la logique de guerre psychologique et de psychose politique, nous demandons à Lioger de venir nous mettre les choses au clair une bonne fois pour toute.
Hier, ce fut donc le pic paroxysmique du rapport de force qui a eu un dernier élan direct ce matin avec la réplique de la présidence, mais le "dialogue reprend", comme on aime à dire. Lioger finit par arriver, vers 9h20, avec sa clique administrative.
Si au début, assez bonne intervention de sa part avec un discours lucide et, semble-t-il, honnête... "Avant tout, je reconnais vos sens des responsabilités, le présent amphi est propre et entretenu, pas d'exaction ni de vols ni de débordements de votre part, je vous l'accorde. Je suis socialo, vous le savez, et si je suis farouchement opposé au blocage comme moyen d'action (et je le revendique), je ne veux pas empêcher votre mouvement de se faire. Je ne suis pas là non plus pour faire mon patron démagogue à dire "camarades, je suis d'accord avec vous", vous pouvez même me traiter de réactionnaire ou de capitaliste, je demande juste que vous suspendiez ce moyen d'action du blocage et que vous continuez vos Assemblées Générales calmement. Je suis le patron dans cette fac, c'est mon rôle de patron [il insiste beaucoup sur ce terme] de faire en sorte que ça tourne rond. Reprenons enfin le dialogue et cessons de nous taper dessus. Popularisez votre mouvement, mais autrement que par le blocage qui ne produit pas d'ailleurs l'effet voulu. C'est pour vous aussi que je dis ça. Quand aux vigils, puisque vous le demandez, on investit 4000€ par jour pour l'ensemble d'entre eux déployés sur le campus, présents même hors de contexte d'agitation sociale [c'est ça, oui], et je l'assume pleinement. Je vous encourage et vous souhaite à resserrer vos liens avec les grévistes salariés et à former un front social commun si vous voulez aboutir à quelque chose, mais avec des actions comme du type d'hier, vous n'arriverez à rien et vous le savez".
...mais très vite il finit par dire n'importe quoi : "reconnaissez-le, vous êtes 500 grand maximum en AG à décider pour 13000 étudiants. Vous parlez de démocratie directe, machin truc, vous ne me laissez que 3mn pour m'exprimer [ben ouais, t'es un individu comme les autres, président ou pas], avec des anarchistes en tête pour vous dire comment faire [pff...]. Hier vous n'étiez qu'une poignée à perturber le campus [si on n'était vraiment qu'une poignée, on aurait pas réussi à tenir un blocage toute la journée et à virer 6000 étudiants des UFR en moins d'une heure. On était 200 à 300 grand minimum.]. Quand à vos déclarations, on ne vous "empêche" pas de faire vos interv' en amphis c'est juste qu'on prévoit à chaque fois des blocages et c'est pourquoi on vous refuse l'accès aux bâtiments, c'est tout [c'est ça, on va bloquer tout un UFR à trois guguss là pour causer en amphi !]. Le référendum a parlé, vous n'avez plus à imposer de tels procédés [nous à 1200 en AG, on est illégitime et eux à 2000 votants le sont, vachement cohérent en effet]. Quand aux CRS, que apparemment vous souhaitez ardemment que je vous envoie, je ne vous ferais pas ce plaisir et je me porte garant de ne vous envoyer aucun flic [évidemment, c'est plus discret et moins impopulaire niveau médiatique d'employer une police privée]. Faites vos AG, des débats publics et officiels, et laissez le campus vivre calmement [bref, tu nous demandes d'abandonner le rapport de force]. Envoyez-moi une délégation dans la journée et on fera des négociations écrites pour éviter tout affrontement direct. En tout cas, les gars, je vous laisse l'amphi pour aujourd'hui, c'est ok [ça veut dire que demain à 6h, nouvelle attaque surprise des vigils ? aucune garantie !] et faites des manifs ou ce genre de choses sans blocus. En plus de cela, l'UNEF s'est désolidarisé de l'action d'hier, elle va même jusqu'à parler de se retirer du mouvement [c'est vrai que l'UNEF est ambigu là-dessus, mais ça veut pas dire que sans UNEF pas de mouvement étudiant]. Dans vos AG, je ne vois aucune représentation syndicale forte ! Vous étiez 100 à la manif de mardi [grotesque, on était plus de 600 ! et 6000 en tout, d'après la CGT]. J'ai 30ans de plus que vous, je sais ce que c'est les mouvements, vous...". Là, on finit par le couper, marre de la leçon de morale paternaliste pseudo-sympathisante et le dialogue devient subitement plus tendu et plus direct. Qu'attendez-vous pour virer les vigils de la fac ? Aurons-nous l'accès libre aux bâtiments désormais sans cette liste noire officieuse qui empêche les grévistes de circuler ? Laisserez-nous intervenir en amphi ? Laisserez-nous occuper sans opération violente telle que celle de ce matin ? Etc. Il n'a pas dit un mot sur les évènements de ce matin, comme s'il n'était pas au courant. Ils ont quand même, par la force des bras, chercher à nous évacuer manu militari. Si on n'avait pas résisté et qu'on se retrouvait dehors, qu'en serait-il à l'heure actuelle ? Qu'est-ce qu'il nous parle de dialogue rompu prématurément en venant discuter seulement après l'intervention commando de ses gros bras ? Finalement, on conclut que le dialogue est stérile et qu'il peut s'en aller, on lui enverra une délégation si on a le temps.
Les vigils eux-mêmes, la nuit, causant avec nous librement, disaient être là contre leur gré, ne voulant en aucun cas nous taper sur la gueule, qu'ils ne font que leur boulot mais qu'ils ne devraient même pas être dans cette fac, qu'ils soutiennent notre mouvement et sympathisent avec les grévistes, qu'ils veulent juste éviter des blessés.
Un conseiller direct du président vient même nous dire personnellement après-coup qu'on a "réellement mûri politiquement depuis le CPE", que les AG "sont efficaces, bien organisées, avec des interventions pertinentes", qu'il a lui-même son "passé de militant" et qu'il se souvient que le plus efficace restait les débrayages en amphis pour manif sauvage, qu'il a lui-même sa "propre fille étudiante dans une autre fac en grève" et qu'il veut juste qu'elle "ne se fasse pas taper sur la gueule", que c'est pour cela qu'ils n'enverront pas les flics, quand bien même on a l'air de l'exiger.
Toujours est-il qu'un compromis a été décidé pour rompre la logique, qui était toutefois véritablement nécessaire hier, du oeil pour oeil dent pour dent : jusqu'à lundi, on promet de ne pas bloquer, et eux nous laissent occuper l'amphi. Lundi, on fait notre AG et on verra pour la suite des évènements.
Action de sit-in devant la présidence cette après-midi pour dénoncer ses méthodes.
Ainsi, le mouvement se trouve de nouveau en suspens, même si nous sommes confiants quand à sa suite d'ici la semaine prochaine. Personne n'a rien cédé, on tient chacun nos positions, avec nos propres forces et on verra qui ralliera les indécis à sa cause.
Voilà pour l'état des lieux sur Metz. Du coup, on aura un peu de mal pour cette aprem et pas de manif. Dommage.
Gui-toto
le jeudi 22 novembre 2007 à 13h53
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