Après deux jours de discussion avec la France, les partenaires francophones de TV5 Monde (les Suisses, les Belges et les Québécois) refusent que Christine Ockrent soit nommée directrice générale de TV5 Monde. Ils redoutent que TV5 Monde ne se transforme en instrument de propagande du point de vue français . Le fait que Christine Ockrent partage la vie de Bernard Kouchner, le chef de la diplomatie française, les renforce dans leurs craintes. Pour ce poste, les francophones souhaitent que le candidat émane de leurs rangs et soit non-Français. Une façon diplomatique de partager le pouvoir au sein de la chaîne de la francophonie, dont le point de vue sur le monde doit rester multilatéral. La France a pris acte de cette revendication et devrait s'y conformer.
Pouzilhac devra attendre ...
Toute la difficulté des négociations en cours réside dans le fait d'enchâsser TV5 Monde dans la future holding France Monde , contrôlée à 100 % par l'État français, sans froisser nos amis francophones ni rogner leurs prérogatives. La position d'Alain de Pouzilhac pose moins de problèmes : il sera nommé pdg de la holding par la France et devrait également occuper le poste de pdg de TV5 Monde avec l'aval des francophones. Toutefois, les Suisses considèrent que cette nommination ne doit pas intervenir avant la prochaine réunion des ministres de la francophonie, en mai. La France aurait préféré aller plus vite en besogne et saisir l'occasion du conseil d'administration de TV5 Monde, le 2 avril prochain, pour bombarder Pouzilhac dans le fauteuil de pdg...
France Monde sous la barre des 50 %
La question du nouvel organigramme va de pair avec le nouvel actionnariat de TV5 Monde. Actuellement, la chaîne est détenue à 66,66 % par la France (à travers France Télévisions, Arte et l'INA), à 11,11 % par la Suisse (à travers la TSR), à 11,11 % par la Belgique (à travers la RTBF) et à 11,11 % par le Canada (à travers Radio Canada et Télé-Québec). Les francophones disposent donc d'une minorité de blocage.
Dans le nouveau dispositif, France Monde deviendra actionnaire de TV5 Monde à hauteur de 49 %. Les parts de France Télévisions, Arte et l'Ina seront donc diluées en proportion, à 17 %. Les francophones, eux, restant à leur niveau de participation ne perdent pas la minorité de blocage. Ils ont dû toutefois insister pour que France Monde ne dépasse pas la barre des 50 % d'actions.
Divergences sur la minorité de blocage
En revanche, la France et ses partenaires n'ont pas trouvé d'accord sur les règles du fonctionnement du conseil d'administration. Les francophones prônaient que les grandes décisions concernant le sort de TV5 Monde soient prises à la majorité des 2/3. Une garantie contre une éventuelle volonté hégémonique des Français. L'État français s'y est opposé. Les francophones ont alors proposé d'adopter le système de la "sonnette d'alarme". Selon celui-ci, le directeur général de TV5 Monde (nommé par les francophones) serait en droit d'alerter les actionnaires toutes les fois qu'il jugerait qu'une décision est de nature à remettre en cause l'impartialité de TV5 Monde. Un consensus semble se dessiner dans cette direction.
Enfin, il a été convenu qu'Abdou Diouf, le repésentant de la Francophonie, fasse son entrée au conseil d'administration de TV5 Monde. Une façon symbolique de réaffirmer la vocation multilatérale de la chaîne.
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source:Le Point.fr
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