A l'Alliance Atlantique intégrée, le Général De Gaulle disait «par ici la sortie !». Avec son douteux successeur, c'est plutôt «entrer en frappant». A n'importe quel prix, quelles que soient les options philosophiques de l'Alliance...
Par courrier daté du 28 février 2008, Nicolas Sarkozy, en sa qualité de chef d'Etat, s'adressait à ses homologues de l'Alliance Atlantique, leur annonçant deux choses. La première, «la France restera solidaire de ses Alliés et engagée en Afghanistan aussi longtemps que nécessaire», la seconde précisant qu'«Il s'agira pour nous (…) aussi de montrer à l'opinion publique le sens profond de cet engagement collectif». Le 3 avril 2008 lors du sommet de l'Otan se tenant à Bucarest, il poursuivait sur cette lancée atlantiste en affirmant qu'«à l'issue de la présidence française [NDLR : de l'Union européenne à partir du second semestre 2008], le moment sera venu (…) de prendre les décisions nécessaires pour que la France prenne toute sa place dans les structures de l'OTAN».
Une institution sans «raison d'être»
«Toute sa place»... Mais toute sa place dans quoi? Dans l'Otan justement, dont l'actuel patron - le général néerlandais De Hoop Scheffer –rappelait encore qu'elle supporte de bien lourds fardeaux nécessitant, et une vision stratégique claire, et la réponse à cette question : «Quelle OTAN voulons-nous pour les années à venir?».
L'Otan toujours, à laquelle G.W. Bush jr veut assigner une mission prioritaire : vaincre la menace terroriste de nature islamique.
L'Otan, enfin, dont José Maria Aznar – ex-premier ministre espagnol – estime qu'elle traverse «probablement la crise la plus profonde et la plus sérieuse de toute son histoire» dans la mesure où selon lui y règne un «climat de crise permanente créé par la perception de la perte de sa raison d'être».
Ce diagnostic est posé dans une étude intitulée « L'OTAN, une alliance pour la liberté », publiée par le think tank d'Aznar, la Fundación para el Análisis y los Estudios Sociales (FAES). La lecture de ce document est particulièrement instructive, si on la met en perspective avec les déclarations de Nicolas Sarkozy.
L'obsession de l'islamisme
Que dit la FAES ? Quatre choses très importantes :
1- Historiquement le principe fondateur de l'Otan n'était pas de résister à l'Union soviétique mais de «sauvegarder la liberté, l'héritage et la civilisation commune des populations [NDLR : des États membres], civilisation fondée sur les principes de la démocratie, des libertés individuelles et de l'État de droit».
2- A l'heure actuelle «le terrorisme islamiste est une nouvelle menace partagée d'envergure mondiale, faisant peser un risque sur l'existence même des membres de l'OTAN», lequel terrorisme «n'est que la partie strictement guerrière d'une offensive beaucoup plus large lancée contre le monde libéral et démocratique».
3- Compte tenu de cette menace à caractère offensif, la (nouvelle) mission de l'OTAN doit consister «à combattre le djihadisme islamique et la prolifération des armes de destruction massive essentiellement, mais pas uniquement, parmi les groupes et les gouvernements islamiques».
4- Cette mission nouvelle nécessite tout d'abord de «placer la guerre contre le djihadisme islamique au centre de la stratégie de l'Alliance» et ensuite d'élargir l'Otan afin d'y faire entrer Israël, le Japon, l'Australie en qualité de membres à part entière, mais également la Colombie et l'Inde, ceux-ci se voyant accorder le statut de membre associé.
Les positions des uns et des autres rappellent assez la logique du Choc des civilisations de Samuel Huntington, dans lequel laquelle un découpage civilisationnel du monde prend le pas sur les découpages nationaux, avec des conséquences en termes de souveraineté, d'implication choisie dans les conflits. A trop les observer pour s'y conformer, Nicolas Sarkozy fait prendre à la politique extérieure de la France - comme à sa défense - un virage extrêmement dangereux.
source:http://www.marianne2.fr/OTAN-Sarkozy-veut-sa-part-du-choc-des-civilisations_a85565.html?PHPSESSID=d17de4e776f45dc88239c0e9f2e56a42
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