En signant le Décret n°2008-263 du 14 mars 2008 - art. 15 (V) abrogeant l’article 5 des lois et décrets légiférant sur l’enseignement privé sous contrat avec l’état, Sarkozy impose sa « laïcité positive ». Il contourne, et porte un sale coup à la loi de 1905.
En signant le Décret n°2008-263 du 14 mars 2008 - art. 15 (V) abrogeant l’article 5 des lois et décrets légiférant sur l’enseignement privé sous contrat avec l’état, Sarkozy impose sa « laïcité positive ». Il contourne, et porte un sale coup à la loi de 1905.
Alors que Sarkozy et ses sbires annoncent des mesures de rigueur budgétaire, qui vont bien sûr toucher de plein fouet l’Education Nationale, avec notamment la suppression de milliers de postes d’enseignants, il vient, en catimini, de passer à l’acte en matière de « laïcité positive », autrement dit favoriser le développement, aux frais des contribuables, de l’enseignement religieux privé, désormais livré à lui-même, et pouvant dorénavant enseigner ce que bon lui semble. Alors que l’attention des élus de l’opposition et des électeurs était concentrée sur les résultats des élections municipales et cantonales, il a signé le Décret n°2008-263 du 14 mars 2008 - art. 15 (V) abrogeant l’article 5 des lois et décrets régissant l’enseignement privé sous contrat avec l’état.
L’article 5 de cette loi stipulait que :
« L’organisation des services d’enseignement, dans les classes sous contrat d’association, fait l’objet d’un tableau de service soumis aux autorités académiques. L’instruction religieuse peut être dispensée soit aux heures non occupées par l’emploi du temps des classes, soit à la première ou à la dernière heure de l’emploi du temps de la matinée ou de l’après-midi Les autres heures d’activités spirituelles et éducatives complémentaires ne peuvent être incluses dans le tableau de service. »
Désormais donc, suite à l’abrogation, les écoles religieuses ne sont plus tenues de présenter l’agenda des matières enseignées, donc plus de contrôle par l’éducation nationale sur ces dernières. Elles peuvent dorénavant dispenser leurs cours d’éducation religieuse - catéchèse, talmud torah - quand elles veulent et pendant autant d’heures qu’elles le veulent, et introduire dans le temps qui était normalement prévu à l’enseignement scolaire correspondant à celui de l’éducation nationale, des « activités spirituelles », type prière par exemple, et des activités éducatives complémentaires, comme par exemple l’enseignement du sionisme, des fêtes sionistes*, ou bien encore, le créationnisme, cette théorie religieuse selon laquelle la Terre, et par extension l’Univers, a été créée par un être supérieur, c’est-à-dire un Dieu, qui introduite dans le cursus de certaines écoles aux Etats-Unis a soulevé Outre Atlantique une immense vague de protestation…
Tout cela payé avec l’argent des contribuables puisque les enseignants de ces écoles ayant passé ce type de contrat avec l’état sont rémunérés par celui-ci.
Et encore plus de privé
Actuellement, 80% du personnel éducatif se trouve employé dans le public pour 20% dans le privé. Dans le cadre du plan " Espoir banlieues " concocté par Fadela Amara (qui se dit musulmane pratiquante mais laïque en politique, vraiment ) et estampillé par Sarkozy, un fonds destiné à l’ouverture de cinquante classes issues d’établissements privés en ZEP vient d’être mis en place. D’autre part, une suppression de 11.200 postes publics est prévue à la rentrée prochaine, par conséquent, le nombre de postes privés d’enseignants devrait diminuer proportionnellement. Ce ne sera pas le cas avec ce fonds d’intervention spécifique pour le privé qui va majorer les 20% traditionnels et augmenter l’effectif des personnels de ce secteur. En attendant, dans le public c’est la liquidation progressive des postes d’enseignants.
Récemment, le ministère de l’éducation nationale (sur diktat de Sarkozy) a redéfini les priorités en matière d’éducation à l’école primaire et impose donc un retour à ce qu’il considère comme des fondamentaux. Ainsi, l’instruction civique et morale y remplace l’éducation civique. Si l’éducation civique ne pouvait jusqu’à présent se concevoir que dans le cadre de la laïcité, l’instruction morale dorénavant dispensée dans ces écoles religieuses fera bien évidemment exclusivement référence à la morale religieuse chrétienne ou juive puisqu’ actuellement les écoles religieuses privées sont à 99,…% majoritairement juives et catholiques, bien que ces dernières années on ait pu constater, notamment en Alsace et en Ile de France, le développement d’écoles évangéliques, cependant rarement sous contrat .*
On peut se demander si ce décret d’abrogation n’est pas en contradiction avec l’Article L442-1 des lois qui régissent les établissements sous contrat d’association avec l’état et qui stipule que :
« Dans les établissements privés qui ont passé un des contrats prévus aux articles L. 442-5 et L. 442-12, l’enseignement placé sous le régime du contrat est soumis au contrôle de l’Etat. L’établissement, tout en conservant son caractère propre, doit donner cet enseignement dans le respect total de la liberté de conscience. Tous les enfants sans distinction d’origine, d’opinion ou de croyances, y ont accès »
On peut également signaler que si les écoles privées catholiques acceptent des enfants de confessions autres que chrétiennes (enfants juifs et musulmans par exemple), il n’en va pas de même des écoles juives. Ces dernières sont donc en infraction avec cet article de loi et ne devraient pas bénéficier de ce type de contrat. Pourquoi donc pratiquer en toute illégalité un tel « favoritisme » ?
Sarkozy ne fait que mettre en pratique ses écrits et discours sur la religion.
Pour rappel
Il a détaillé ses convictions dans un livre, la République, les Religions, l’Espérance, paru en 2004. Dès les premières pages de la République, on peut y lire : « Je considère que, toutes ces dernières années, on a surestimé l’importance des questions sociologiques, tandis que le fait religieux, la question spirituelle ont été très largement sous-estimées.… Le fait religieux est un élément primordial en ce qu’il inscrit la vie dans un processus qui ne s’arrête pas avec la mort. C’est pourquoi je n’ai pas une conception sectaire de la laïcité. Pas même la vision d’une laïcité indifférente. Je crois au besoin religieux pour la majorité des femmes et des hommes de notre siècle. La place de la religion dans la France de ce début de troisième millénaire est centrale. »
Le 21 juin 2005, alors ministre de l’Intérieur, il déclarait au cours d’une réunion publique (rapporté par l’AFP) : « On m’a soupçonné de vouloir instrumentaliser les Eglises. Je n’ai fait que constater que, lorsqu’il y a un prêtre ou un pasteur, dans un village ou un quartier, pour s’occuper des jeunes, il y a moins de laisser-aller, de désespérance, et finalement moins de délinquance. Aujourd’hui, nos quartiers sont devenus des déserts spirituels ! (…) En quoi le fait d’espérer serait-il un danger pour la République ? (…) Les religions sont un plus pour la République. »
A Saint-Jean-de-Latran, le 20décembre 2007, le chef de l’Etat avait déclaré : "La morale laïque risque toujours de s’épuiser quand elle n’est pas adossée à une espérance qui comble l’aspiration à l’infini…dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé et le pasteur parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance". Il y a aussi défendu l’idée que "nos enfants aient aussi le droit de rencontrer à un moment de leur formation intellectuelle et humaine des religieux engagés qui les ouvrent à la question spirituelle et à la dimension de Dieu".
L’abrogation de cet article mentionné ci-dessus, est donc la concrétisation de ses paroles.
Au lieu de se contenter d’accuser Sarkozy d’être « un prédicateur », l’opposition ferait mieux de faire son travail et de surveiller attentivement ce qui paraît au Journal Officiel. Avec, en plus, ses déclarations devant le Parlement Britannique de l’envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan, Sarkozy, à l’évidence, ne considère même plus le Parlement Français comme une simple chambre d’enregistrement. Il lui enlève ce dernier semblant de pouvoir, humilie les élus et donc affiche son mépris du peuple français et de la République Laïque.
Qu’attendent les élus de l’opposition pour agir avec fermeté, et initier tout recours légal pour le contrer ?
(*) Selon le site du CRIF rubrique « Le CRIF en action » du 20/03/08, le directeur général du CRIF, Haim Musicant, s’est fait menaçant. Ainsi selon ce site :
« Dans la perspective des préparatifs de Yom Haatsmaout, Haïm Musicant a lancé un appel pour que les institutions juives refusent d’accorder des subventions aux écoles qui s’opposent à la célébration de l’indépendance d’Israël »
Ces institutions juives reçoivent des subventions de qui ? Si c’est le FSJU (Fond Social Juif Unifié), reconnue d’utilité publique, c’est pour partie de l’état français.
Pierre Besnainou, président des Fonds Sociaux Unifiés, a récemment déclaré que « le prochain pas doit être fait vers une meilleure étude de l’hébreu et des études sur Israel » (cité par JPost en ligne du 21/01/08).
Et dans la revue "La Réforme" 3141 du 9/08/05 on pouvait lire : « L’école juive est un compromis entre le Judaïsme et la République. Les écoles dispensent entre 4 et 12 heures d’enseignement religieux par semaine. Nous célébrons également la fête nationale israélienne. », explique Jo Tolédano, directeur de l’Institut André-Neher, organisme chargé de former les enseignants des écoles juives sous contrat."
Ces menaces, objectifs tracés, explications, replacés dans le contexte de l’abrogation de l’article 5 cité ci –dessus, permettent d’entrevoir ce qui sera désormais principalement au programme des écoles juives sous contrat avec l’état et les sujets enseignés par ceux payés avec les deniers des contribuables français.
(*) Ecoles évangéliques, revue "La Réforme", même numéro : « Éduquer les enfants dans un cadre strictement laïc, ce n’est pas possible. Enseigner sans la présence de Dieu, ce n’est pas concevable. La religion n’est pas un fait que l’on enseigne, c’est aussi un mode de vie. » Marie-Thérèse Rindel dirige la principale école primaire et maternelle évangélique d’Ile-de-France. Fondé en 1993 par un groupe de parents et d’anciens enseignants de l’école publique, l’établissement Timothée de Fontenay-sous-Bois compte aujourd’hui 38 élèves. « ... « Dans notre établissement, le problème ne se pose pas (enseigement du créationnisme) car, en primaire, nous n’enseignons pas les sciences naturelles. Je présenterais bien la théorie de l’évolution, tout en signifiant que la Bible dit autre chose et que je ne suis pas dans la même optique que Darwin. » On peut donc avoir, à juste titre, certaines craintes sur ce qui sera dorénavant enseigné suite à cette abrogation.
source:http://www.le-patriote.info/spip.php?article1555
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