De un à trois ans ferme pour les émeutiers de Villiers-le-Bel
Par Chloé Leprince | Rue89 | 17/07/2009 | 17H06
Le jugement est tombé, ce vendredi midi, dans le procès contre les dix jeunes de Villiers-le-Bel qui étaient jugés pour les émeutes de novembre 2007, dans la foulée de la mort des deux adolescents. Les peines de prison décidées vont de un à trois ans ferme, ce qui signifie que le tribunal correctionnel de Pontoise a finalement eu la main plus lourde que les réquisitions du parquet, qui ne demandait pas l'incarcération immédiate.
Or sept des dix condamnés ont été incarcérés immédiatement. Un huitième prévenu, absent à l'audience, écope pour sa part d'un mandat d'arrêt.
Le ministère de l'Intérieur avait dénombré « plusieurs dizaines de blessés » lors des violences de 2007, qui avaient éclaté après le décès de Mohsin Sehhouli et Laramy Samoura, victimes d'une collision avec une voiture de police à bord de leur mini-moto. (Voir la vidéo)
C'est pour ces heurts que les dix prévenus étaient poursuivis, et notamment l'usage d'armes à feu contre les forces de l'ordre -spectaculaire et rare, il constitue une « circonstance agravante ».
Ils ne sont toutefois pas les seuls : cinq autres sont mis en examen et renvoyés aux assises, où le procès devrait attendre 2010.
Pas de preuves matérielles mais des dénonciations rétribuées
Comme l'expliquait sur Rue89 notre blogueur Philippe Madelin au début du procès, la défense avait pourtant de quoi contester la présentation des faits, et surtout le nombre de « blessés légers » alignés par la police pour charger le dossier. De plus, l'absence de preuves matérielles fait aussi polémique : les jeunes ont été arrêtés principalement sur la base de déclarations (anonymes pour la plupart) des habitants, moyennant rétribution financière.
A l'époque où commençaient à circuler les premiers tracts promettant jusqu'à « un millier d'euros » pour une balance un peu juteuse, voilà ce que décryptait le sociologue Laurent Mucchielli :
« Faute de police de proximité, on ne peut plus faire d'enquête de voisinage. Quand un événement comme ces émeutes éclate, on ne sait plus où chercher.
A force de délégitimer la police de proximité en la limitant à des matches de foot ou de petites interventions, nos gouvernements trahissent un véritable blocage idéologique. Du coup, il ne reste plus que le rapport de force. »
Il y a deux mois, Rue89 retournait dans la cité du Val-d'Oise et soulignait le malaise persistant entre la population et les forces de l'ordre. Ces dernières n'excèdent pas cinquante-sept policiers permanents au commissariat de la ville pour 27 000 habitants -hors période d'émeutes. Vingt-et-une nouvelles recrues devaient arriver début juin en renfort. Sans compter les CRS basés dans la zone.
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