Fichiers : le décret de la sainte Edwige
NOUVELOBS.COM | 19.10.2009 | 08:27
Les éditoriaux de la presse française commentent, lundi 19 octobre, la création de deux nouveaux fichiers de police.
LIBERATION
Paul Quinio
"1-Publication de textes officiels, dans la discrétion estivale; 2-Polémique nationale pendant des semaines ; 3-Recul gouvernemental et retrait des textes ; 4-Publication de nouveaux décrets, en réaction à un fait divers, dans la discrétion dominicale cette fois. C'est, depuis un an et à gros traits, le parcours politico-administratif suivi par le fichier Edvige avant sa transformation en décret sans nom relatif +à la prévention des atteintes à la sécurité publique+, publié hier au Journal officiel. Il y a quelque chose de désolant dans le déroulement de ce débat majeur sur les moyens donnés à la police pour assurer la sécurité des Français, avec son appendice tout aussi majeur sur le respect des libertés publiques : l'absence de transparence et de débat public au Parlement. Jean-François Copé, patron des députés UMP, ne manque pas une occasion de vanter l'existence d'un hyperparlement face à l'hyperprésidence. On aurait aimé l'entendre réclamer, sur ce sujet d'intérêt général, une loi, donc un débat parlementaire, plutôt qu'un décret discret.(...)".
LE PROGRES
Francis Brochet
"Le grand méchant fichier Edvige ne sera pas créé. A sa place, une base de données, cela sonne plus moderne. Et cette base fera l'impasse, affirme le gouvernement, sur les données sensibles. Ce sera vrai, sauf en cas de menace sur la sécurité publique, ce qui risque d'être souvent le cas puisque la base est justement constituée pour assurer la sécurité publique Mais au fond, pourquoi tant de bruit autour d'Edvige, quand nous ne cessons de dévoiler notre intimité pour les motifs les plus divers ? Vous devrez préciser votre situation conjugale pour une carte de fidélité dans un grand magasin, détailler votre patrimoine pour ouvrir un compte en banque, donner les feuilles d'impôts de trois générations pour louer un appartement, quand vous ne posterez pas vous-même vos souvenirs de vacances sur un site Internet dit social!"
L'EST REPUBLICAIN
Rémi Godeau
"Cachez ce fichier que je ne saurais voir ! La polémique sur le très controversé 'fichier Edvige' avait fini par provoquer son autodestruction. Soucieux d'éviter un autre fiasco, le ministère de l'Intérieur a donc choisi ses mots : pour renforcer les moyens d'enquête de la police, il vient de créer deux nouvelles +bases de données+. L'artifice fait sourire. Moins l'entêtement du gouvernement à passer par un décret (dominical), au risque de raviver les fantasmes d'obscurs tripatouillages. Sous la pression du Conseil d'Etat, l'administration a reculé, clarifié, encadré. Une façon de reconnaître a posteriori tout le danger d'abandonner aux seuls experts de la sécurité des mesures susceptibles d'attenter aux libertés individuelles. (...)(...)"
LA MONTAGNE
Daniel Ruiz
"À la Sainte Edvige, tout décret nous afflige! Personne ne conteste que les fichiers soient indispensables à la protection de la démocratie. Personne ne peut non plus trouver la moindre circonstance atténuante aux violences de Poitiers. Personne ne comprendra donc que sur un sujet aussi important que la sécurité, le gouvernement cherche à cacher le faire-part de naissance des petits frères d'Edvige sous deux décrets publiés au JO d'un dimanche matin. Et en plus datés du vendredi de la sainte Edwige, comme pour mettre dans le berceau le petit hochet de la provocation. Le gouvernement n'a décidément pas la main heureuse en ce moment, même sur des initiatives qui pourraient faire consensus. C'est le passage en force qui est choquant dans cette publication dominicale, pas le fait que l'État veuille se doter d'outils pour défendre la paix civile et la sécurité des citoyens.(...)"
LA NOUVELLE REPUBLIQUE DU CENTRE OUEST
Hervé Cannet
"(...)Le Premier ministre lui-même a qualifié ces débordements de +surprise+, reconnaissant que la réforme avait peut-être 'été trop loin': Edvige ayant rendu l'âme au bout de six mois (novembre 2008) face à une opinion publique plus qu'inquiète et Edvirps n'ayant pas réussi à lui succéder, les successeurs des RG se sont trouvés fort démunis. Voici donc deux bases de données dûment chapitrées, épurées, lissées, réglementées, tamponnées par Jean-Pierre Chevènement, qui n'effrayent pas trop la Licra, mais font rugir le PS et Noël Mamère. Comme toujours en démocratie, la frontière entre les droits du citoyen et la lutte contre la délinquance est parfois ténue. Il ne serait pas incongru que la représentation nationale ait son mot à dire pour s'assurer que ces fichiers présentent en matière de liberté publique, toutes les garanties républicaines."
LES DERNIERES NOUVELLES D'ALSACE
Olivier Picard
"Faire publier les décrets sur la création de nouveaux fichiers de police le dimanche de la Sainte Edwige, c'est - au mieux - une inspiration de mauvais goût. Au pire, une grossièreté. Qui pourrait imaginer, en effet, que la référence à l'honorable patronne - dont le nom évoquait un système de contrôle largement rejeté il y a un an - soit une simple coïncidence ? Et même si c'était le cas, un tel hasard relèverait, sur un sujet aussi sensible. de l'impéritie ou de l'incompétence. D'un certain amateurisme en tout cas. Brice Hortefeux a pris bien soin, pourtant, de déclamer l'acte de décès d'Edvige avec un v. (...) Pourquoi, alors, le ministre de l'Intérieur n'a-t-il pas choisi la voie parlementaire pour faire valider en toute transparence ce dispositif théoriquement au-dessus de tout soupçon ? Toutes les semaines, on légifère au Palais-Bourbon pour bien moins que ça..."
LA CHARENTE LIBRE
Dominique Garraud
"On était déjà prévenu, si l'on peut dire en parlant du ministre de l'Intérieur, de son humour un peu particulier. Mardi dernier, Brice Hortefeux affirmait: le fichier policier +Edvige est mort. Il n'est pas question de le remplacer+. Et dans la foulée des incidents de Poitiers, il avait annoncé la création de +bases de données précises+, pas des +fichiers+ qui, de par leur dénomination, +n'ont aucune existence juridique+. Vendredi, jour de la Sainte Edwige, Brice Hortefeux a donc paraphé deux décrets publiés hier au Journal Officiel reprenant la philosophie d'Edvige, tout en supprimant les dispositions les plus controversées qui avaient conduit à son retrait en novembre 2008.(...) Une proposition de loi en (d'un rapport parlementaire, ndlr) était issue qui est prête depuis des semaines et introduisait des garanties pour les libertés individuelles. Brice Hortefeux a choisi la voie à la hussarde, par décret. Il risque de le payer politiquement. "
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