20/07/2010

Matieres radioactives : le recyclage n'atteint, en pratique, que 17%..

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Quel recyclage des déchets radioactifs ?

Le Haut comité pour la transparence et l'information sur la sécurité nucléaire a remis son rapport le 13 juillet sur les données relatives aux transferts des matières radioactives vers l'étranger. Celui-ci révèle que le recyclage n'atteint, en pratique, que 17%...
En octobre dernier, le documentaire « Déchets : le cauchemar du nucléaire » d’Eric Guéret et Laure Nouhalat faisait l’effet d’une petite bombe en retraçant le trajet des centaines de tonnes d’uranium appauvri issu des centrales nucléaires françaises vers des centres de stockage à ciel ouvert en Sibérie. Une exportation depuis arrêtée par Areva mais qui, pour les auteurs du documentaire, revenait à une exportation de déchets nucléaires pourtant formellement interdite. Ce que démentait l’industrie nucléaire. Toute la question réside en fait dans la définition même du mot « déchet ».

Car selon les textes*, « l’uranium de recyclage et l’uranium appauvri sont classés comme des matières radioactives valorisables ». Ainsi, les industriels estiment que certains combustibles non retraités peuvent être utilisés dans des réacteurs de 4ème génération à partir… de 2040. Mais pour les écologistes, cette utilisation reste totalement hypothétique tant que la 4ème génération n’est pas effective…Pour le Haut Comité pour la transparence et l'information il est donc nécessaire que le public soit mieux informé sur « cette distinction entre matière et déchets radioactifs » et des « possibilités d’évolution dans le temps du classement » de ceux-ci « en fonction du contexte politique, technologique et économique ».
Des avancées sur la transparence mais encore des points de désaccord
Dans son rapport publié le 13 juillet dernier (voir document lié), qui s’est principalement focalisé sur les exportations russes, le Haut comité s’est donc attaché -« de façon inédite »- à faire une analyse détaillée du cycle de combustible français. Aujourd’hui, l’information, même si elle est disponible sur Internet reste encore difficile d’accès pour le grand public, comme le reconnait le Haut comité : « certains éléments de communication des exploitants nucléaires ont pu donner lieu à des interprétations sur l’existence d’un cycle dans lequel toutes les matières issues du traitement des combustibles usés étaient immédiatement et en totalité recyclées, sans que les limites à un recyclage intégral des matières issues du traitement soient clairement exposées. »
Mais les conclusions générales du rapport ne font pas l’unanimité. Certes, pour Greenpeace et France Nature Environnement (FNE), il marque tout de même une avancée, en premier lieu parce qu’il leur a donné accès à des informations inédites et a pu « faire avancer la transparence là où l’opacité régnait ». Il fait ainsi état de l’existence d’une économie d’uranium liée au recyclage de 12% des déchets (qui devrait passer à 17% cette année, ndlr) quand Areva communique autour du fait qu’elle produit une énergie recyclable à 96%. Mais même ces chiffres sont bien en deçà de la réalité pour le collège associatif (ACRO, Greenpeace, FNE et ANCCLI) qui parle d’un taux de « recyclage effectif compris entre 1,7 % et 3,9 %». Ce que réfute Areva qui donne, elle, le chiffre d’une réutilisation en combustible de 50% de l’uranium issu du retraitement…Ces divergences ont eu raison d’un éventuel consensus autour du rapport : une partie du collège associatif a décidé de ne pas l’avaliser en demandant à ce que sa diffusion soit accompagnée d’une note sur leurs points de désaccords (voir document lié).
* Loi du 28 juin 2006 de programme relative à la gestion des matières et des déchets radioactifs
Béatrice Héraud
Mis en ligne le : 16/07/2010
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