On aurait pu croire qu'en choisissant de nommer à la direction de France Télévision un homme du sérail ; Rémy Pflimlin, Sarkozy s'évitait des ennuis. Alors qu'il avait l'esprit occupé par les affaires Woerth, Nicolas Sarkozy, au plus bas dans les sondages, attaqué sur le train de vie et les pratiques de ses ministres, décide de jouer la carte de l'apaisement et de nommer un candidat consensuel. Ce grand bonhomme à bouille ronde avait la réputation d'un "honnête homme". Quelles que soient sa rondeur et ses qualités de négociateur, quoi qu'il fasse, il va devoir subir les conséquences du péché originel qui fait de lui le premier président de France Télévisions, nommé directement par le Président.
Avant même son entrée en fonction, un premier signe de dépendance : changer la direction de l'information
Or avant même son entrée en fonction, lundi prochain, il vient de donner les signes d'allégeance qui lui vaudront les foudres de rédactions et de syndicats, soucieux, à moins de deux ans de l'élection présidentielle, de l'indépendance de l'information. Le plus drôle c'est que son premier geste de dépendance, c'est pour virer quelqu'un, Arlette Chabot, qui n'était guère connue pour ses talents contestataires. Lors de la campagne présidentielle, elle avait réussi à accorder subrepticement, en jouant sur le règlement, trois heures d'émission d'affilée à Nicolas Sarkozy au lieu de deux... Ce dont n'ont pu profiter aucun de ses concurrents. Puis recevant de nouveau le candidat UMP dans une émission assez complaisante, elle a exigé, et obtenu, qu'aucune question ne lui soit posée sur les conditions d'achat de son appartement de Neuilly.
Pourtant Arlette Chabot n'était pas connue par ses capacités critiques mais elle est la victime du fait du Prince
On se souvient de la fameuse bise échangée entre Nicolas Sarkozy et elle, à la fin d'un débat électoral avec Ségolène Royal. Cela n'a pas suffi. Deux ans plus tard, Arlette Chabot est l'objet à New York d'une des violentes colères que le Président affectionne, subissant, selon des témoins, une "humiliation d'un quart d'heure", le Président se plaignant, non sans mauvaise foi, de l'absence de "vraies émissions politiques" sur le service public, regrettant l'ancienne « Heure de vérité ». Dans le même temps, on apprenait que Thierry Thuillier, directeur de la rédaction de i-Télé, avait démissionné de ses fonctions, et, dit-on, bien vu de l'Elysée retrouverait son ancienne maison au poste d'Arlette Chabot. Il est assez savoureux que politiquement correcte Arlette Chabot soit victime des purges dont ce régime semble s'être fait une spécialité. Et les mêmes qui tombaient régulièrement à bras raccourcis sur elle, la traitant de suppôt de l'audiovisuel sarkozyste, vont-ils sortir leurs mouchoirs et regretter la grande professionnelle injustement placardisée, confirmant le mot d'un grand homme de Télévision, Pierre Desgraupes : "Le métier ne nous respecte que lorsque nous sommes virés".
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