13/08/2010

Insécurité : 70 % des Français lâchent Sarkozy

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. Insécurité : 70 % des Français lâchent Sarkozy
Maurice Szafran - Marianne | Vendredi 13 Août 2010

La claque est monumentale. Les deux tiers de la population, sondée par « Marianne », jugent inefficace la politique sécuritaire menée par Nicolas Sarkozy depuis huit ans, au ministère de l'intérieur puis à la tête de l'Etat. Sondage exclusif Marianne /CSA.


A Grenoble, le 30 juillet dernier, Nicolas Sarkozy, au plus mal dans les sondages, a lancé une vaste opération de reconquête de l’opinion publique. Insécurité et délinquance, nationalité et dénaturalisation, immigration et voyoucratie, responsabilité pénale et donc punition des parents de mineurs ayant mal tourné… En s’emparant une nouvelle fois, une énième fois, de ces sujets qu’il estime au cœur des préoccupations des Français, en feignant d’ignorer avec un aplomb formidable que, depuis 2002, depuis huit ans déjà, ministre de l’Intérieur, puis chef de l’Etat, il est en charge de ces dossiers, le président était convaincu de reprendre sans difficulté la main. Il en était d’autant plus persuadé qu’il sait la gauche mal à l’aise dès lors qu’il évoque la répression et que, par le passé, il a su jouer avec habileté de cette névrose des socialistes. A Grenoble, Nicolas Sarkozy a donc cogné. Comme un sourd. Au point de faire un scandale. Dans son esprit, le coup ne pouvait être que gagnant, forcément.

Quelques jours plus tard, le 6 août, un sondage réalisé par l’Ifop pour le Figaro semblait confirmer l’intuition du président. « Sécurité : les Français plébiscitent les projets du gouvernement, s’enthousiasmait le quotidien de droite. De gauche comme de droite, ils approuvent largement les mesures annoncées. Les annonces de la majorité plébiscitées ! » Enfin une victoire, une vraie ! Notre confrère Yves Thréard pouvait titrer – non sans emphase – son éditorial : « Les Français en symbiose. » En symbiose avec qui ? Avec Nicolas Sarkozy. Cela n’était plus arrivé depuis fort longtemps.

Nous avons donc voulu vérifier à notre tour, à tête reposée, les positions des Français. Nous avions en effet trouvé étrange que l’Ifop pour le Figaro estime inutile d’interroger les Français sur le bilan Sarkozy en matière d’insécurité. L’Ifop pour le Figaro redoutait-il à ce point un jugement ? Craignait-il tant de déplaire au vacancier du Cap-Nègre ?

Le sondage CSA pour Marianne, réalisé dans les règles de l’art, dément et infirme la quasi-totalité des chiffres et des conclusions de l’étude Ifop pour le Figaro. Voilà qui ne va pas manquer d’intéresser le président de la République, voire de compliquer sa réflexion : construire son rebond, et une éventuelle campagne électorale en 2012, sur l’insécurité, la délinquance, la nationalité et l’immigration, est-ce finalement une stratégie si pertinente que cela ?

1) La condamnation du bilan

Une grande majorité de Français sont convaincus que les insécurités et les incivilités ne cessent de s’accroître : 69 % d’entre eux (contre 27 %) estiment désormais – voilà le principal enseignement de cette étude d’opinion – que l’ex-ministre de l’Intérieur Sarkozy et que l’actuel président de la République Sarkozy sont directement responsables de cette dégradation puisqu’en charge de ces dossiers, aux plus hauts niveaux de l’Etat, depuis huit ans déjà. Un long bail qui, selon les Français, aurait dû aboutir à des résultats et à des améliorations.

Plus préoccupant encore pour le chef de l’Etat, 53 % des électeurs de droite, ses propres électeurs, et il ne peut en égarer aucun d’ici à 2012 sinon la défaite est assurée, ceux-là estiment eux aussi qu’il se retrouve en situation d’échec.

Il est ensuite utile d’entrer dans les sous-bilans du bilan pour découvrir à quel point les Français sont sévères, impitoyables même. La lutte contre les violences urbaines ? Soixante-dix-huit pour cent la jugent inefficace. La lutte contre la délinquance financière ? Inefficace toujours, pour 72 % de la population. La lutte contre les atteintes aux personnes ? Inefficace encore, pour 69 %. La lutte contre les atteintes aux biens ? Une petite amélioration, enfin : 58 %.

2) Une victoire idéologique de la gauche

Pourquoi la délinquance flambe-t-elle ? Pourquoi Nicolas Sarkozy, comme ses prédécesseurs Place Beauvau et à l’Elysée, a-t-il été incapable de la juguler ? Dans ce sondage CSA pour Marianne, les Français s’inscrivent imperturbablement dans la philosophie de… 1789 : 73 % d’entre eux sont en effet convaincus que les inégalités sociales restent la cause fondamentale de la délinquance et de l’incapacité chronique des responsables politiques à la réduire. Mieux : 68 % (!) des électeurs de droite partagent cette conviction.
Voilà qui infirme formellement le choix du tout sécuritaire accompagné d’une politique économique teintée de libéralisme, ultra ou non.

Un autre chiffre réjouira la gauche et, plus particulièrement, les grands maires socialistes : 68 % des sondés – et, convenons-en, ce n’est pas une surprise, même pour Nicolas Sarkozy – estiment que la suppression de la police de proximité, cette police de proximité que Jean-Pierre Chevènement et Michel Rocard défendent aujourd’hui encore avec tant d’acharnement, était une erreur majeure aux conséquences funestes.

3) Le lien immigration-délinquance

Voilà le seul sujet où les chiffres, où les pourcentages se rapprochent et se resserrent. Quasi-égalité entre les deux convictions : si 49 % des Français considèrent qu’il n’y a pas et qu’il ne faut tisser aucun lien direct entre immigration, délinquance et insécurité, 47 % estiment l’inverse.

En réalité, ces résultats indiquent le seul véritable clivage droite-gauche. Cela devrait pousser Nicolas Sarkozy à poursuivre en ce sens, à enfoncer le clou de l’immigration et de ses dangers.
Il va en revanche de soi pour 75 % de la population que « les Français d’origine étrangère sont des Français à part entière ». Dans notre esprit, ces pourcentages écrasants ne faisaient aucun doute. Il n’en est pas moins utile de les confirmer.

4) Français pour toujours ?

C’est en suggérant de retirer la nationalité française « à une personne d’origine étrangère ayant volontairement porté atteinte à la vie d’un policier, d’un gendarme ou toute autre personne dépositaire de l’autorité publique » que Nicolas Sarkozy a provoqué le scandale. C’était d’ailleurs l’objectif ardemment recherché. Reconnaissons que, sur ce point relié à celui de l’immigration, le résultat du sondage CSA pour Marianne est pour le moins nuancé : si 51 % des sondés s’opposent à la dénaturalisation car, dans leur esprit, « tous les Français doivent être égaux devant la loi quelle que soit leur origine », 46 % d’entre eux – et 69 % à droite – approuvent la démarche du chef de l’Etat, cette démarche qualifiée de « pétainiste » par de nombreux intellectuels et responsables politiques de gauche. Nicolas Sarkozy cherche à cliver. Cette fois, il faut considérer qu’il a réussi.

Enfin, la question clin d’œil, quoique fort sérieuse car posant un véritable débat de moralité publique et personnelle : les Français qui s’exilent pour ne pas payer d’impôts en France méritent-ils la nationalité française ? Non, affirment 66 % des sondés, à égalité quasi parfaite entre gauche (66 %) et droite (64 %). Et dire que certains veulent nous faire croire que les Français sont hérissés dès que l’on évoque l’impôt…




Sondage exclusif CSA-Marianne réalisé par téléphone le 11 août 2010 au domicile des personnes interrogées. Echantillon national représentatif de 1 021 personnes âgées de 18 ans et plus, constitué d’après la méthode des quotas (sexe, âge, profession du chef de ménage), après stratification par région et catégorie d’agglomération. (Tous les sondages publiés par CSA sont disponibles sur le site : http://www.csa.eu)

Vous pouvez télécharger le sondage dans son intégralité ci-dessous :

un article propulsé par TORAPAMAVOA :
http://torapamavoa.blogspot.com Clikez LIRE LA SUITE ci dessous pour lire la suite de l'article...^^

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