23/11/2011

Le carton et le web, déclaration d'Indigné ou d'Occupant, au choix

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Evénements
Occupons la Défense
OCCUPY FRANCE


Le carton et le web

Deux postures sont possibles face à un événement dont la nature ou la portée ne cadrent que partiellement ou imparfaitement avec les schémas d’analyse de la société qui lui préexiste : le déni et la minimisation.
Ces deux postures relèvent de la pensée magique, tant elles visent plutôt à rassurer celui qui les adopte qu’à objectiver la réalité. Avec leurs cortèges de formules incantatoires, ce sont bien ces deux postures qui ont tenu lieu, au moment de l’émergence du mouvement #occupy en France, de grille lecture.
S’il est hors de propos d’exiger de l’analyste qu’il pose un regard d’historien sur ce mouvement en devenir, à tout le moins pourrait-on s’attendre, dans une société éduquée, à ce que la position d’observateur permette d’en dégager un certain nombre de constantes, ou simplement des constats, et par là même de s’approcher d’un début de compréhension.

Si les négateurs du mouvement font de moins en moins entendre leurs voix aujourd’hui grâce à une couverture médiatique honnête, en particulier du campement de La Défense, le discours de fonds tendant à minimiser la portée du discours des 99%, lui, perdure.
Si plus personne n’ose aujourd’hui prétendre que le mouvement n’est constitué que de quelques écervelés, les commentaires médiatiques, de quelque horizon qu’ils soient, convergent sur un point : le mouvement des 99% ne prend pas en France.
Certes, le mouvement est perçu comme « global », avec ce petit frisson qui, chez le commentateur accompagne la profération cet adjectif ; mais une fois épuisée la force de suggestion lexicale, l’analyse vient s’échouer sur la constatation que décidément, en France, le mouvement ne prendrait pas.
Global, le mouvement l’est de fait, mais l’hypocrisie est grande à vouloir en évaluer l’implantation sur un territoire donné (en l’occurrence la France) sans la rapporter à l’histoire et à la sociologie des mouvements contestataires de ce pays.

Les 99 % ©ML2011

Même si l’on n’est pas spécialiste de ces questions, on peut, par honnêteté intellectuelle, rappeler par exemple qu’une mobilisation décentralisée, sans intersyndicale, sans mot d’ordre et sans bannière officielle est, dans l’histoire sociale française un fait exceptionnel. Dès lors, la réalité parle pour elle-même : dans diverses villes, depuis le 4 novembre 2011, et dans une proportion croissante, entre 150 et 2 000 personnes campent jour et nuit sur la base de revendications sociales. Ce n’est pas le signe d’un mouvement qui ne prend pas. C’est bien au contraire le signe d’un mouvement qui a pris. Depuis trois semaines, ces occupants, rejoints en journée par d’autres citoyens, s’autosaisissent en assemblées populaires ou en assemblées générales pour débattre de l’impasse économique dans laquelle la surpuissance des marchés a plongé le monde et des solutions à envisager collectivement. Le sujet est aride, les débats animés et riches, et le nombre de participants très important, rapporté par exemple au nombre trop souvent étique de députés, pourtant eux investis d’un mandat électif, qui siègent à l’Assemblée nationale lorsque sont votées des lois qui engagent le peuple français dans son ensemble.

Minimiser un mouvement, c’est aussi dire qu’il ne va pas durer. Qu’il ne va pas passer l’hiver ou les élections. Cette prophétie de la possible dilution temporelle aurait un sens si la motivation des 99% était de franchir un cap, s’ils s’étaient assigné des objectifs programmables. Ils ne se sont donné comme obligation que celle de penser librement et collectivement l’avenir de la collectivité humaine. Ils dureront donc autant que durera cette préoccupation. Le seul facteur qui pourrait faire cesser le mouvement des 99% est en théorie le découragement de ses acteurs. Or, protéiformes, les 99% sécrètent eux-mêmes les remèdes aux découragements individuels : lorsqu’un doute naît quelque part, il est transformé, par la puissance des réseaux, la volonté de communiquer et la force de chacun, en un sujet de débat, générant de l’énergie en retour. Prédire ou prévoir la fin du mouvement revient à prédire ou prévoir la fin de la pensée.

L’observateur s’est-il posé la question de savoir qui ils étaient ? De qui s’agit-il ? De jeunes militants alter-mondialistes ? Oui, mais pas seulement. De lecteurs de Stéphane Hessel ? Oui, mais pas seulement. D’anciens militants syndicaux revenus de tout sauf de l’envie d’un monde plus juste ? Oui, mais pas seulement. D’amis du printemps arabe ? Oui, mais pas seulement. De citoyens désorientés et exaspéré à la seule lecture du quotidien du matin ? Oui, mais pas seulement. D’anciennes et d’anciens ulcérés que leurs combats de jeunesse n’aient pas permis un monde meilleur ? Oui, mais pas seulement. D’intellectuels souhaitant manifester que seule la pensée et le partage sont sources de progrès ? Oui, mais pas seulement. D’Indignés ayant participé à la marche de Bruxelles ? Oui, mais pas seulement. De parents jamais syndiqués, jamais politisés, mais qui veulent réfléchir à un autre monde pour leurs enfants ? Oui, mais pas seulement.

Installés sur les places publiques d’une société de consommation qui a embrassé le destin des marchés financiers, ils inscrivent leurs slogans, leurs idées et organisent leurs campements avec ce qui reste lorsque tout est vendu, vidé, destocké : le carton.

Revendiquant la libre circulation des idées, du savoir et de l’information, leur révolte épouse la forme mondiale du réseau qui leur sert de vecteur : le web.

Site web

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Publié: 23.11.2011 / 08:52

Catégorie: Nous sommes les 99%,Réflexions



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