Tiré de Rue89
Par Laure Heinich-Luijer (avocate) 01H16 30/04/2007
Il y a des détenus dans le carré VIP, bien traités, presque choyés. Mais il y a aussi en prison des étrangers qui ne parlent ni français, ni anglais, qui n’ont ni parloir, ni argent, ni un avocat qu’ils comprennent.
Après plus d’un an de détention, le tribunal décide de remettre en liberté un Chinois abandonné en prison et oublié de la justice elle-même.La décision est ainsi rendue: "Remise en liberté…" Le visage du Chinois s’éclaire. Enfin! Puis la fin de la phrase tombe comme un couperet "…sous réserve du paiement d’une caution préalable d’un montant de 200 000 euros". Voilà le visage hypocrite de la justice.
La Cour d’appel est saisie: le droit d’être rejugé est une garantie fondamentales de nos libertés publiques. Le président se drape d'indignation et s’exclame que "la justice se cache derrière son petit doigt. Ou bien on remet les gens en liberté, ou bien on les maintient en détention mais assortir la libération d’une caution aussi importante ne veut rien dire!" Le Chinois se dit que le magistrat le comprend.
L’audience se poursuit. Après un court délibéré, la décision est rendue: confirmation du jugement rendu par le Tribunal, libération sous réserve du paiement d’une caution préalable de 200 000 euros. Le président est un peu gêné: "Cette décision n’est pas bonne, si j’avais été le premier juge, je ne l’aurais pas prise mais puisqu’il en a été décidé ainsi, je le confirme.
De l’utilité de faire appel.
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