Des ultrasons pour empêcher les attroupements de jeunes
Par Henry Moreigne, sa biographie
Cet article a été rédigé par un reporter d'AgoraVox, le journal média citoyen qui vous donne la parole.
Dans nos sociétés occidentales qui vieillissent à vue d'œil, la jeunesse est devenue un sujet de préoccupation quand ce n'est pas tout simplement une gêne. Pragmatiques à l'excès, nos voisins britanniques pensent avoir trouvé une solution : la mise en place d'émetteurs de sons très hautes fréquences, uniquement perceptibles par les moins de 25 ans. Le système qui a fait ses preuves en Grande-Bretagne intéresse désormais la Suisse.
Un jeune ça va. Plusieurs, bonjour les dégâts. Le royaume de sa gracieuse majesté n'est pas, loin de là, épargné par les incivilités et les désagréments liés aux rassemblements de jeunes désoeuvrés. Tels d'indésirables et nuisibles volatiles, le dernier moyen trouvé pour les faire fuir, c'est de répondre à la gêne par la gêne. C'est ainsi qu'est né le système “mosquito” (moustique en anglais), de simples émetteurs d'ultrasons particulièrement désagréables et surtout uniquement audibles par les jeunes de moins de 25 ans. Dès l'âge de 20 ans en effet, les humains commencent à perdre la capacité à entendre certaines fréquences. Autre avantage, le son est directionnel, c'est-à-dire totalement contrôlable. Il ne franchit pas en outre les éléments solides tels que les murs et les portes.
Le système “Moquito” a été installé avec succès en Grande-Bretagne. Son inventeur, Howard Stapleton, est un ingénieur et homme d'affaires gallois de quarante ans, très fier d'avoir mis au point la première arme sonore de dissuasion anti-ado. Le système composé d'un boîtier et d'un petit haut-parleur protégés par une cage d'acier demeure toutefois onéreux avec un prix de l'ordre de 950 €. Le prix de la tranquillité. Les clients sont essentiellement des magasins, des stations-service, des gares routières, des complexes sportifs, mais aussi des municipalités, qui installent le système dans des lieux publics où des bandes de jeunes ont l'habitude de se retrouver.
Dernièrement, des Mosquito ont été installés sur des pans du palais Eynard, l'Hôtel municipal de Genève. Révélée par la presse, une polémique est née, un expert déclarant que le système pouvait être dangereux pour la santé. Depuis, les matériels ont été retirés. La mesure qualifiée de discriminatoire par de nombreux jeunes a été jugée avec beaucoup de sévérité par le chef de file local des Verts, Antonio Hodgers, qui a évoqué une atteinte à la dignité humaine. “C'est un scandale. On traite les ados comme des chiens. Ce sont des êtres humains qui ont droit au respect. Je ne nie pas qu'il y ait parfois quelques problèmes, mais la solution réside dans le dialogue, pas dans ce genre de dispositif.”
En France, le Mosquito est commercialisé par la société IBP France qui l'a rebaptisé “Beethoven”. Un système qui selon ses publicités produit “un son qui adoucit les mœurs“.
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