Un petit malfrat en colère contre la prison
Sylvain Springer décrit son enfer carcéral et porte plainte contre le GIGN qui l'a arrêté.
Par Gilbert LAVAL
QUOTIDIEN : mardi 29 mai 2007
Toulouse de notre correspondant
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Sous ses airs de beau gosse un peu marlou, Sylvain Springer, 39 ans, vit avec une balle dans le foie, un anus artificiel et une petite pharmacie qu'il porte en permanence dans un sac jeté sur son épaule. Cet ex-maçon perpignanais, ex-portier de discothèque, est aussi, selon son avocat Me Gérard Desplanque, le seul justiciable à avoir déposé une plainte contre l'Etat pour «violence involontaire» .
Régler ses comptes. On n'attrape pas une balle du GIGN dans les intestins à n'importe quelle occasion. Ce 23 octobre 2001, Sylvain Springer était désigné comme un très dangereux malfaiteur par les gendarmes qui venaient l'arrêter. Son procès a montré que c'était à tort. Il a été reconnu coupable d'association de malfaiteurs mais lavé de l'accusation de trafic de stups.
En mars 2006, Sylvain Springer est donc libre mais animé d'un terrible désir de régler ses comptes. Pas avec le gendarme qui lui a tiré dessus. Mais avec l'institution pénitentiaire qui lui a fait vivre « quatorze mois d'enfer» , à la prison de Mailloles à Perpignan, puis à Fresnes. Où les surveillants chefs l'obligent à se tenir droit quand il sort d'opération «ta gueule, ou tu vas y retourner, à l'hôpital» , où il ne peut pas transmettre à son fils le dessin qu'il lui a fait, au motif que le tampon administratif n'est valable que pour le dessin, «pas pour la phrase inscrite en dessous» . C'est vrai qu'il y avait ajouté :« Pour mon Titi. Ton papa qui t'aime.»
«Raclées». L'entrée, le plat et le dessert étaient systématiquement «mélangés dans la même assiette». A Mailloles, les «raclées» entre détenus se passent toujours «sans que les surveillants n'entendent rien» . Au bout de quoi, l'homme est devenu «un vrai taulard» . «S'il avait fallu planter un mec, je l'aurais fait», poursuit-il .
Sylvain Springer a choisi d'écrire tout ça (1). Un témoignage sur le système carcéral dénoncé sans pathos et en 155 pages, non pas par une victime innocente de ses errements mais par un dur qui décrit comment ce système a fait de lui un bourreau. Une première plainte pour «violence volontaire» contre le GIGN, alors qu'il était encore en prison, avait échoué. Celle-ci, déposée pour «violence involontaire», avec constitution de partie civile, vient d'être reçue par le parquet de Perpignan. Un juge est désigné. L'instruction peut commencer.
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