30/05/2007

Lagardère dans les trous d'air

Partager
Crise d'EADS, malaise dans ses médias: Lagardère traverse une période troublée
Par Par Frédérique PRIS et Dominique BEAUJOUIN
mer 30 mai, 15h56 Envoyer par mail Envoyer via Y! Messenger Blog via Yahoo! 360 Imprimer

Arnaud Lagardère le 4 mai 2007 à Amsterdam
Agrandir la photo
PARIS (AFP) - Soupçons de délits d'initiés, malaise croissant dans les rédactions de journaux lui appartenant, protestations contre des suppressions de postes... Arnaud Lagardère, le patron du groupe Lagardère (Paris: FR0000130213 - actualité) , traverse une période troublée.

Mardi, il a passé neuf heures dans les locaux de l'Autorité des marchés financiers (AMF), interrogé dans le cadre de l'affaire de délit d'initiés qui vise les actionnaires et dirigeants d'EADS (Paris: NL0000235190 - actualité) .

EADS, groupe européen d'aéronautique et de défense et maison-mère d'Airbus, a pour actionnaire privé de référence, côté français, le groupe Lagardère. Lagardère avait annoncé en avril 2006 la cession par étapes de la moitié de sa participation de 15% dans EADS, trois mois avant la déconfiture industrielle et financière d'Airbus, dont l'A380 accumule les retards.

La cession de ces titres, effectuée également par l'Allemand DaimlerChrysler, autre actionnaire de référence, a ainsi été réalisée alors que l'action était au plus haut, quelques semaines avant la dégringolade.

Arnaud Lagardère, qui avait pris la tête du groupe à la mort de son père Jean-Luc en mars 2003, nie tout délit d'initié.

Mais des informations de presse ont rapporté ces dernières semaines des éléments de l'enquête selon lesquels les dirigeants d'EADS connaissaient les problèmes de l'A380 avant la vente des paquets d'actions.

Ces difficultés surviennent sur fond de malaise dans la branche médias du groupe. Dans des rédactions habituellement enclines à régler leurs différends en interne, les tensions s'expriment de plus en plus sur la place publique.

En juin 2006, les journalistes de Paris-Match s'étaient déjà mis en grève, un mouvement quasiment sans précédent au sein du titre, l'un des plus prestigieux de la galaxie Lagardère.

La rédaction protestait contre l'éviction de son patron Alain Genestar, due selon elle à une couverture, en août 2005, montrant Cécilia Sarkozy avec un homme présenté comme son compagnon. Cette couverture aurait mécontenté Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, ami proche d'Arnaud Lagardère.

Entre les deux tours de l'élection présidentielle, la Société des journalistes (SDJ) de Paris-Match s'est fendue d'un communiqué pour rappeler que "sa responsabilité vis-à-vis de ses lecteurs (était) son seul guide", qui doit primer sur "d'éventuelles tentatives de l'actionnaire majoritaire, des politiques (...)".

Mardi, la SDJ de Paris-Match a protesté à nouveau contre des pressions exercées par Rachida Dati, nouvelle garde des Sceaux, pour interdire la publication de photos de jeunesse. Et la SDJ de déplorer que la direction de la rédaction ait "choisi de céder".

A la mi-mai, la SDJ du Journal du Dimanche, autre titre phare du groupe, avait à son tour dénoncé "une censure inacceptable", liée selon elle à une intervention de M. Lagardère pour empêcher la publication d'un article relatant que Cécilia Sarkozy n'a pas voté au second tour de la présidentielle.

Ces inquiétudes apparaissent dans un contexte social tendu: Didier Quillot, arrivé fin 2006 à la tête du pôle médias, a annoncé une baisse de 7 à 10% des effectifs mondiaux.

Concernés par ces suppressions de postes, les salariés d'Europe 1, la radio généraliste du groupe, ont décidé en assemblée générale le principe d'une grève - fait rarissime - pour le 5 juin.

Selon des informations de presse non confirmées par Lagardère, cette semaine doit également se tenir une réunion des instances représentatives du personnel des titres de la presse écrite pour évoquer la suppression de 93 postes au sein de ces journaux et magazines.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire