10/06/2007

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Société
Le ministère de la Justice mis en cause dans l'affaire Borrel
Le directeur de cabinet de l'ex-ministre de la Justice Dominique Perben voulait transmettre le dossier Borrel aux autorités de Djibouti, qui sont pourtant soupçonnées d'être impliquées dans la mort de ce magistrat français.
Par Liberation.fr / Reuters
LIBERATION.FR : samedi 9 juin 2007
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Des documents saisis par la justice et publiés par le journal Le Monde daté de dimanche montrent que le France voulait transmettre à Djibouti le dossier sur l’enquête concernant la mort du juge Bernard Borrel en 1995.

Le corps carbonisé de ce coopérant français, conseiller technique auprès du ministère de la Justice djiboutien, avait été retrouvé près de la ville de Djibouti en octobre 1995. L’hypothèse du suicide avait d’abord été retenue, mais la piste criminelle est désormais suivie, après des expertises médico-légales.

Certaines dépositions, dont des éléments sont toutefois contestés, ouvrent l’hypothèse d’un assassinat politique sur ordre du pouvoir djiboutien.

Deux documents saisis en avril lors de perquisitions aux ministères de la Justice et des Affaires étrangères montrent que Laurent Le Mesle, alors directeur de cabinet du ministre de la Justice Pascal Clément, devenu aujourd’hui procureur général de Paris, a tenté de favoriser la transmission totale du dossier criminel à Djibouti, comme les autorités de ce pays le demandaient.

«Je vous remercie de veiller à ce qu’il soit apporté une réponse favorable à la demande formulée par les autorités djiboutiennes», écrit Laurent Le Mesle dans une note à ses services datée du 30 juillet 2004.

Plus tard, le 28 septembre 2004, Laurent Le Mesle écrit à son homologue du Quai d’Orsay Pierre Vimont pour conseiller à Djibouti d’insister. «La demande sera alors satisfaite, en tenant compte du délai qu’imposera la copie des 35 tomes de la procédure judiciaire.»

Dans un communiqué samedi, Laurent Le Mesle, ancien conseiller de Jacques Chirac à l’Elysée, nie les accusations de manoeuvres.

«Il tient (…) à affirmer, de la manière la plus solennelle, qu’il n’a jamais exercé de pression sur la justice. Il a, au contraire dans ce dossier, toujours agi dans le respect de la loi et des responsabilités qui étaient alors les siennes», déclare-t-il.

La juge d’instruction Sophie Clément, chargée de l’enquête à Paris sur la mort de Bernard Borrel, a finalement refusé en février 2005 dans une ordonnance la transmission de ce dossier à Djibouti.

Une note de travail de la direction Afrique du Quai d’Orsay du 17 mai 2005 laisse alors transparaître un embarras: «Malheureusement, les services de la chancellerie ont mal évalué les conséquences d’une telle transmission. M. Perben, le ministre de la Justice, pourrait être poursuivi par Mme Borrel pour forfaiture».

Paris semble alors avoir suggéré à Djibouti d’insister encore en déposant une plainte devant la Cour internationale de justice (CIJ). Dans un télégramme diplomatique daté du 25 juin 2005, l’ambassadeur à Djibouti, Philippe Selz, rend compte de son entretien avec le ministre djiboutien des Affaires étrangères.

«Il m’a dit qu’il réfléchissait à notre idée de recours à la CIJ», écrit-il. Djibouti déposera effectivement plainte en janvier 2006.

Cet épisode de l’affaire fait l’objet d’une instruction pour «pressions sur la justice». Deux juges d’instruction ont tenté en vain dans ce cadre, le 2 mai, de perquisitionner au palais de l’Elysée.

Dans l’affaire principale, en octobre 2006, des mandats d’arrêt ont été délivrés par la juge Clément contre deux repris de justice en fuite, soupçonnés d’être des exécutants du meurtre de Bernard Borrel. Elle a aussi convoqué en vain comme témoin le président djiboutien Ismaël Omar Guelleh, de passage à Cannes pour un sommet franco-africain. Ce dernier dément toute implication dans cette affaire.

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