Zoom. Affaire à suivre. Social. Les grévistes ont obtenu la fin des heures supplémentaires obligatoires.
A Obernai, Kronenbourg verse de l'eau dans sa bière
Par Marine JOBERT
QUOTIDIEN : samedi 9 juin 2007
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La bière coule de nouveau dans les veines de l'usine Kronenbourg d'Obernai (Bas-Rhin), dont 90 % des salariés avaient cessé le travail pendant 4 jours. Un vote à mains levées, vendredi matin, a scellé la fin de cette grève débutée lundi pour refuser «les heures supplémentaires obligatoires». La direction avait dénoncé, un mois plus tôt, un usage en vigueur dans le monde brassicole alsacien, qui prévoyait la possibilité pour chaque salarié sur la base du volontariat de travailler 100 heures supplémentaires par an (non payées mais récupérées).
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Le directeur de l'usine a finalement accepté que le volontariat redevienne la règle, sous réserve d'une production satisfaisante dans trois mois. «On a de nouveau le choix de ne pas travailler le samedi», se félicite Philippe Kientzler, de la CGT, qui espère que chacun va retrousser ses manches pour que la direction ne revienne pas sur cette concession. «Tout le monde est sorti la tête haute de ce mouvement», notent les syndicats. Pourtant, jeudi encore, la direction jouait son va-tout en organisant, avec les cadres et les rares ouvriers non grévistes, un vote dans l'usine. «C'est un gros gag. Ils ont même fait venir des salariés en arrêt maladie !» s'esclaffe Philippe Kientzler.
Autre concession du groupe Scottish & Newcastle : la mise en place de «groupes d'expression» dans chaque secteur, pour mettre à plat les conditions de travail. Rendez-vous est pris, dès la semaine prochaine, au service des expéditions, qui emploie 50 % d'intérimaires et de précaires. Ces derniers n'ont reçu aucune assurance d'embauche, mais des CDD seront recrutés, en plus d'une trentaine de bacs pro et de BTS pro qui y feront leur apprentissage.
Dès juin, les salariés toucheront 500 euros, ainsi qu'une prime de 1 500 euros en fin de saison si les objectifs de production sont atteints. Les jours de grève seront défalqués des récupérations ou des congés payés. Le spectre de la rupture de stock, l'ampleur médiatique que prenait ce conflit, et la crainte de voir ternir l'image sociale de Kronenbourg ont été fatals aux projets de la direction. Le contexte électoral a aussi joué. «Les vieux ont fait un bras d'honneur à Sarkozy», résume Eric Schedecker de la CFDT. «Après 30 ans de trois-huit avec plus de 80 décibels de bruit, on a juste envie de nous promener avec notre gonzesse. Et on s'en fout de ses heures sup !» conclut-il.
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