Enseignement supérieur, recherche, apparence d’impartialité et opposition de Monsieur le Président
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L’opposition de Monsieur le Président et la loi d’autonomie des universités
L’opposition de Monsieur le Président, à savoir, l’opposition de pure façade au service des grandes options de la politique du système, est déjà en place. Le Parti Socialiste a bien obtenu la présidence de la Commission des Finances de l’Assemblée Nationale, et Jack Lang aide Valérie Pécresse à faire passer son projet de loi sur les universités. « Normal », car les universités et la recherche constituent un enjeu stratégique.
Nicolas Sarkozy avait promis un « statut de l’opposition », et le « socialiste » Didier Migaud est devenu président de la Commision des Finances, de l’Economie Générale et du Plan de l’Assemblée Nationale. Au même moment, Jack Lang apportait son soutien à la deuxième version du projet de loi « portant organisation de la nouvelle université » diffusé le 27 juin par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Pourtant, la plupart des organisations de chercheurs sont opposées à ce texte qu’elles considèrent comme un danger pour la recherche française. Il ne semble pas, non plus, que le Parti Socialiste ait soulevé la question des liens personnels de la Ministre Valérie Précresse, mariée à un directeur adjoint d’Imérys et fille du président de Bolloré Télécom, avec un milieu industriel dont il paraît difficile d’ignorer les intérêts stratégiques à propos de l’avenir de la recherche et des universités. Une « opposition », tout compte fait, très « constructive ».
Le syndicat des chercheurs scientifiques SNCS-FSU, « appelle à une mobilisation dans l’unité pour faire échec » au projet de loi proposé cette semaine, en deuxième mouture, par Valérie Pécresse concernant l’autonomie des universités. Pourtant, en même temps, le responsable « socialiste » Jack Lang soutient les propositions formulées cette semaine par Valérie Pécresse. Il déclare à ce sujet : « Je l’approuve. (....) C’est une nécessité pour donner aux universités un souffle, un élan, une liberté d’initiative ». Le SNCS serait-il seul à s’opposer à ce projet de loi ? Tel ne semble pas être le cas.
Sud Etudiant vient de mettre en ligne un communiqué par lequel il « rejette le projet de loi d’autonomie des universités ». Ce syndicat déclare notamment : « Les négociations ont porté sur trois points : la composition des conseils d’administrations. Elle n’a été que très légèrement modifiée. Ceci ne suffira ni à régler les problèmes de démocratie qui sont présents à l’université, ni à enrayer l’emprise croissante du patronat sur l’éducation publique ». Quant au syndicat des enseignants du supérieur SNESUP-FSU, il qualifie le nouveau projet de loi de « texte maintenu sur l’essentiel, qui fait exploser notre métier et nos statuts ». Il réclame, de la part de l’ensemble des organisations syndicales, « une initiative significative dans les prochains jours » et annonce qu’il « assumera en toute hypothèse, ses responsabilités contre un projet ministériel destructeur pour l’enseignement supérieur et la recherche » .
On est loin, dans l’ensemble, du verbiage de l’ancien ministre de l’Education Nationale et responsable haut placé du Parti Socialiste qu’est Jack Lang. Pire encore, les déclarations très rapides de ce dernier ont l’air d’avoir été destinées à couper court à des tentatives de mobilisation de la part des étudiants et des personnels de la recherche et de l’enseignement supérieur. De quoi s’inquiéter sur ce que sera la « sarkopposition » dans les cinq prochaines années.
Le collectif « Indépendance des Chercheurs », qui rejette également la nouvelle mouture du projet de loi, souligne une autre question importante : celle des garanties d’impartialité du processus institutionnel qui devrait examiner un tel projet de loi. Le collectif écrit : « un projet de loi concernant les universités serait examiné notamment par une institution comme le Conseil d’Etat, qui compte traditionnellement un certain nombre de professeurs associés de très haut niveau enseignant dans des établissements universitaires prestigieux. Au titre de leur activité d’enseignement, ces magistrats ont pour tutelle effective le Ministère chargé des Universités » et demande la création d’une commission d’enquête parlementaire sur l’apparence d’impartialité du fonctionnement global des institutions françaises. Il est exact que l’Etat a en théorie une obligation d’impartialité, même si rien n’est fait dans la pratique pour contrôler le respect effectif de cette obligation au plus haut niveau.
Dans les commentaires sur Indymédia Paris adressés au communiqué d’Indépendance des Chercheurs, des internautes ont signalé que la question de l’apparence d’impartialité se pose déjà pour la nomination de Valérie Pécresse au Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, étant donné la fonction très importante de son conjoint Jérôme Pécresse dans Imérys et celle de son père Dominique Roux dans Bolloré Télécom. Des entreprises qui peuvent difficilement être « neutres » sur la question de la prétendue « réforme » des universités. Dominique Roux est, de surcroît, professeur dans une université comme Paris Dauphine, très proche des milieux d’affaires. On pourrait naïvement penser que, précisément, l’ « opposition constructive » aurait dû soulever ces questions auprès de la Présidence de la République, du Premier Ministre et du Parlement. Surtout, après le controversé voyage à Malte. Mais tel ne semble pas avoir été le cas.
C’est bien l’opposition de Monsieur le Président...
Article original :
http://marseille.indymedia.org/news/2007/06/10283.php
De : Daniel
samedi 30 juin 2007
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