TGV Est: la guerre des prix du rail
Par Samir TOUNSI
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REIMS (AFP) - Vingt-huit euros minimum pour un Reims-Paris contre 22,20 actuellement, le Strasbourg-Paris qui passe de 46,20 à 63 euros: le TGV va désenclaver l'Alsace, la Lorraine et la Champagne-Ardenne, mais au risque de plomber le budget transport des clients, surtout quotidiens.
Au départ de Reims, les quelque 250 abonnés SNCF, qui vont travailler chaque jour à Paris, passeront certes deux fois moins de temps dans les transports (45 minutes l'aller-simple au lieu de 1h40 en Corail) mais ce nouveau confort a un prix.
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Dans le détail, l'abonnement mensuel -qui permet de voyager tous les jours- va passer de 345,70 euros à 485,60 euros mensuels (pour la première année d'abonnement), annonce la SNCF.
Une formule sur internet (E forfait) à partir du 1er septembre offrira des prix plus intéressants (423 euros mensuels la première année, 345 à partir de la troisième).
Par ailleurs, les billets à l'unité seront plus chers aux heures de pointe (36 euros sans réduction pour un Paris-Reims, contre 28 euros en période normale).
Cela concerne principalement "les trains entre 6h45 et 12h45 le lundi et 16h00 et 21h30 le vendredi", estime Hugues Lebailly, président à Reims de l'association des usagers du train.
La SNCF Champagne-Ardenne justifie cette politique tarifaire pour "inciter les voyageurs à ne pas tous prendre le même train". "On va observer l'occupation des trains pour ajuster nos tarifs", promet-elle.
Un autre problème va se poser pour les Rémois qui travaillent à Paris: à la sortie du bureau, ils n'auront aucun TGV au départ de la gare de l'Est entre 17h27 et 18h57. Un peu trop tôt dans le premier cas, un peu trop tard dans l'autre pour certains.
"On a déjà payé avec nos impôts", "ça sent l'abus", "merveille technique ou poudre aux yeux"...: un détour sur le site du Républicain Lorrain montre que le TGV, ses tarifs et ses fréquences ne font pas l'unanimité.
Une étude du Conseil économique et social (CES) de Lorraine avait montré en février que le prix au kilomètre du TGV-Est sur la ligne Paris-Nancy était 18,5% plus élevé que sur Paris-Nantes et 38% plus élevé que sur Paris-Lyon.
Cette étude était basée sur des chiffres "depuis lors rectifiés" a admis le président du conseil régional Jean-Pierre Masseret (PS) en mai. Une autre étude a été réalisée, dont les résultats n'ont pas été communiqués.
Sous la pression de la région Lorraine, la SNCF a consenti à maintenir les tarifs promotionnels "Prems" entre Paris et les gares de Champagne-Ardennes, Lorraine et Alsace à respectivement 15, 20 et 25 euros jusqu'à fin 2009.
Mais "les tarifs restent quand même élevés" sur les liaisons province-province, selon M. Masseret, qui a annoncé une réunion en novembre entre la SNCF et la région Lorraine pour réexaminer cette situation. "Je pense qu'il y aura baisse du prix de ces billets", a-t-il avancé.
Quelque 600.000 voyageurs sont attendus annuellement en gare d'interconnexion Lorraine, construite entre Metz et Nancy et d'où partent et arrivent ces liaisons province-province. La fréquentation de la gare Meuse d'interconnexion, située entre Verdun et Bar-le-Duc, est estimée à 40.000 passagers par an.
"Les tarifs vont être dissuasifs. Peu de gens vont se reporter de la voiture sur le train alors que cela devrait être un objectif national écologique évident", conclut un peu désabusé le président de l'association des usagers rémois, Hugues Lebailly.
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