28/07/2007

Réfugiés irakiens, on n'en veut pas en Occident, ça n'est ni humanitaire , ni politiquement intelligent

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Les pays occidentaux rechignent à accueillir les réfugiés irakiens, dont le nombre ne cesse de croître
LE MONDE | 27.07.07 | 15h41 • Mis à jour le 27.07.07 | 15h41

Après une première réunion consacrée aux réfugiés irakiens, à Genève, en avril, une nouvelle conférence s'est tenue, jeudi 26 juillet, à Amman (Jordanie), à l'initiative du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), qui a doublé en l'espace de quelques mois ses appels de fonds (de 60 millions à 115 millions de dollars) pour leur venir en aide.

Etats-Unis : une meilleure prise en charge des soldats blessés

Une commission d'experts créée par le président George Bush a recommandé, mercredi 25 juillet à Washington, une série de mesures pour améliorer les soins offerts aux soldats blessés en Irak et en Afghanistan. La commission conseille notamment d'améliorer le traitement des cas de stress post-traumatique et de prendre des mesures pour lutter contre la honte à révéler cette maladie dont souffrent beaucoup d'anciens combattants. Cette commission avait été créée après l'émoi suscité par le délabrement de l'hôpital militaire Walter Reed, près de Washington. - (AFP.)
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Pays limitrophes de l'Irak, le royaume hachémite et la Syrie accueillent à eux seuls les trois quarts des 2 millions de réfugiés irakiens (1,2 million en Syrie, 700 000 en Jordanie, 80 000 en Egypte, 50 000 en Iran, 20 000 au Liban et plus de 200 000 dans les pays du Golfe). S'ajoutent à ce chiffre en constante augmentation 2 millions de déplacés en Irak.

Signe des tensions créées par cet afflux, les participants à la conférence d'Amman ont estimé, jeudi, que la seule solution au problème des réfugiés réside dans leur "retour" en Irak, et affirmé que les pays d'accueil sont "maîtres des conditions d'entrée des Irakiens sur leur territoire et des conditions de leur résidence".

Selon les autorités jordaniennes, le coût des réfugiés s'élève désormais annuellement à 1 milliard de dollars (pour un PIB d'environ 12 milliards de dollars). Cette présence, qui a entraîné une flambée de l'immobilier, a conduit les autorités jordaniennes à adopter une politique de plus en plus restrictive. Comme en Syrie, elles ne reconnaissent pas aux Irakiens présents sur leur sol le statut de réfugiés.

Face à cette vague qui a submergé le HCR, les pays occidentaux se sont bien gardés jusqu'à présent d'ouvrir leurs frontières. Les Etats-Unis n'ont accueilli depuis 2003 qu'un peu plus de 700 Irakiens tout en annonçant l'objectif de prendre en charge 7 000 personnes enregistrées par le HCR d'ici à la fin de l'année en privilégiant les personnes menacées pour avoir travaillé avec les troupes américaines. Le Danemark a montré la voie en rapatriant à la mi-juillet plus de 200 Irakiens, principalement des traducteurs et leurs proches, alors que ses soldats sont en passe de quitter l'Irak. La Grande-Bretagne n'a pas encore fait connaître sa position. Le Brésil a enfin annoncé son intention d'accueillir 100 Palestiniens parmi le bon millier coincés à la frontière entre l'Irak et la Syrie et qu'aucun pays arabe ne souhaite recevoir, officiellement pour ne pas remettre en cause le "droit au retour" dans leur pays d'origine revendiqué par les Palestiniens.

Au-delà de ces cas particuliers, la question de l'accueil humanitaire reste ouverte. En Europe, la hausse des demandes d'asile irakiennes (40 000 en 2007 au lieu de 11 000 en 2004) se heurte à des politiques très restrictives. Selon les chiffres de l'organisation française Forum-réfugiés, la Suède s'est montrée la plus généreuse en accordant en 2006 le statut de réfugiés à près de 9 000 Irakiens. A titre de comparaison, la France n'a accueilli que 115 demandeurs d'asile. Forum-réfugiés, qui a engagé des démarches auprès d'autorités jugées plutôt "réceptives", plaide désormais pour la réinstallation en France d'un millier de réfugiés "pour contribuer au partage international des responsabilités".

Le flot ininterrompu des Irakiens chassés par les violences qui ensanglantent leur pays constitue, selon le responsable du HCR, Antonio Guterres, le plus important mouvement de population au Moyen-Orient depuis le déplacement des Palestiniens consécutif à la création d'Israël, en 1948.
Gilles Paris
Article paru dans l'édition du 28.07.07.

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