Sarko à la conf’ des ambassadeurs © Khalid
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Sarko bombarde les ambassadeurs
Diplomatie | vendredi, 31 août 2007 | par Uriel Da Costa
Après avoir confessé à la romancière Yasmina Reza qu’il fallait se débarrasser, au plus vite, du Quai d’Orsay et de ses diplomates « qui sont tous des lâches » (sic), le nouveau président de la République s’est adressé, pour la première fois aux « lâches » en question, dans le cadre de la Conférence annuelle des ambassadeurs qui marque la rentrée diplomatique.
Iran, Irak, terrorisme islamiste, Afrique, Turquie, Russie… Sarko Ier affirme alors sa volonté d’accroître le rôle de la France sur la scène internationale. Une fois le Quai démantelé (il n’y a plus un euro en caisse), « il concrétisera certainement cet “accroissement” en faisant appel à son fidèle Guéant et à la première Dame », gloussaient quelques excellences irrespectueuses. À plusieurs reprises, le président s’est écarté de son texte pour marteler, dans un style qui sied mieux au congrès de l’UMP qu’aux réunions diplomatiques, quelques-unes de ses obsessions. Exemple sur la Russie qui « impose son retour sur la scène mondiale en jouant avec une certaine brutalité (…) Quand on est une grande puissance, on doit ignorer la brutalité », relance le Président. Une pensée digne de Marc Aurèle qu’il se garde bien d’adresser à d’autres puissants « amis » il est vrai… « L’amitié entre les États-Unis et la France est aussi importante aujourd’hui qu’elle l’a été au cours des deux siècles passés. Alliés ne veut pas dire alignés et je me sens parfaitement libre d’exprimer nos accords comme nos désaccords, sans complaisance ni tabou ». Ici sont atteints les sommets du stoïcisme qui caractérise le nouveau style présidentiel : revenir, sur tous les sujets importants, dans le sillage américain tout en continuant à coqueter des platitudes sur l’indépendance de la France éternelle. Un vieux compagnon du Général chuchote alors à l’oreille d’un « lâche » sur le point de s’assoupir : « l’ouverture politique réelle de Sarko ne s’est pas faite vers la gauche mais au bénéfice des pro-Atlantiques et autres pro-israéliens qui n’auront de cesse de régler son compte aux dernières survivances du gaullisme ».
Remarque ô combien pertinente à l’écoute d’un Nicolas déplorant « la création d’un “Hamastan” dans la bande de Gaza risquant d’apparaître comme la première étape de la prise de contrôle de tous les territoires palestiniens par les islamistes radicaux ». Faut-il rappeler que cette évolution a été rationnellement mijotée à Washington et Tel-Aviv avec la bienveillante inertie européenne, chiraquienne et post-chiraquienne, par des apprentis sorciers « néo-cons » dont l’obsession était de détruire l’Autorité palestinienne, voire d’empoisonner Yasser Arafat.
« Ces crétins aiment tellement la Palestine qu’ils préfèrent en avoir deux », susurre un autre « lâche », en ajoutant insidieusement qu’au « Liban, ce sont bien les alliés indéfectibles de la France qui soutiennent et financent les salafistes du camp retranché de Nahr el-Bared, avec les encouragements de l’ambassadeur des États-Unis et du prince saoudien Bandar ben Sultan ». Un ange passe, les ailes noirçies…
Mais le pompom concernera, bien-sûr, l’Iran, le dossier sommital de l’empilement des crises proches orientales, l’incarnation du mal absolu, avec cette « alternative catastrophique : la bombe iranienne ou le bombardement de l’Iran » (re-sic). Même notre nouvel ami George Bush et ses brillants conseillers es-Orient n’osent plus parler aussi clairement du « bombardement de l’Iran », bien que les grands architectes du Pentagone se préparent activement à une telle éventualité.
Et bien qu’il serait – ici – très inconvenant de parler des deux cents têtes nucléaires dont dispose Israël, pays non signataire du Traité de non prolifération (TNP), c’est sur ce dossier même que l’Europe, sinon la France aurait pu faire preuve d’indépendance et de détermination en récusant l’« alternative catastrophique » du choc des civilisations que Washington fabrique depuis la fin de la Guerre froide, bien en amont des attentats du 11 septembre 2001.
Là, comme la chouette de Minerve qui s’envole au crépuscule, le « grand retournement » de la diplomatie française arrive à échéance et le discours à l’adresse des « lâches » s’emplit de toute sa substance et de son sens ultime. Sans surprise, le grand défi du millénaire concerne la lutte contre le terrorisme islamiste – global et planétaire s’entend – contre lequel toute la communauté des hommes doit se lever. Chères aux néo-conservateurs américains, l’idéologie anti-terroriste et la fabrique de « l’alternative catastrophique » finissent d’accomplir leur travail dans la tête de notre Président. Les vacances américaines auront été profitables. Dans Les chênes qu’ont abat…, André Malraux reproduit ces quelques mots : « la bouche de ceux qui prétendaient gouverner notre pays ne s’ouvre que pour lui ordonner de se rouler dans la boue… »
1 commentaire:
anti sarko de pere en fils
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