04/09/2007

You Tube piégé par la propagande négationniste

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Sur YouTube, Faurisson se cache derrière un baiser lesbien
DR
Quand visionner des vidéos coquines mène directement vers une propagande négationniste.
Par Arnaud Vaulerin
LIBERATION.FR : lundi 3 septembre 2007

YouTube pris dans le piège négationniste. Pendant au moins deux jours, des images qui enfreignent la loi Gayssot contre la négation de l’ampleur ou de la réalité du génocide juif perpétré par les Nazis ont été diffusées sur le site de vidéos en ligne, avant d'être retirées lundi en fin d'après-midi.

A première vue pourtant, les images proposées n'ont rien de choquant, ni de condamnable. Bien au contraire. Le document s’appelle Bisous sur la bouche! La photo d’appel de la vidéo montre deux jeunes adolescentes asiatiques habillées en écolières sages qui s’embrassent du bout de la langue. Dans une autre version également en ligne, qui emprunte beaucoup plus à l’imagerie porno, deux femmes s’échangent langues et regards dans un face-à-face lesbien. Une troisième version, Jolie Vanessa, montrant une jolie métisse, a été également disponible pendant plusieurs jours.

Mais derrière ces deux clichés, en guise de film érotique 6 minutes 52 avec Robert Faurisson, le négationniste plusieurs fois condamné pour avoir nié l’existence des chambres à gaz «qui n’ont pu être qu’imaginaires», assène l'historien négationniste.

Le document intitulé «Le problème des chambres à gaz» revient très longuement sur les élucubrations de Faurisson. Au début de ce petit film de médiocre qualité, le négationniste se présente comme un «professeur à Lyon -II». Il dit avoir 52 ans. Ce qui indique que le film a dû être tourné en 1981, Faurisson étant né en 1929.

Ce document a été mis en ligne il y a deux jours indique YouTube, par un certain Maranache. Sur son espace personnel l'auteur précise qu’il s’est inscrit le 4 avril 2007, qu’il s’est connecté pour la dernière fois vers 11 heures lundi matin, qu’il a 25 ans et qu'il vit en Bolivie.

Plus intéressant, cette page où Maranache compile toutes ses vidéos témoigne de la tentative de contagion extrémiste via YouTube. Ainsi, sur les 8 documents proposés, trois au moins sont des campagnes de promotion pour le Front national ou pour les idées d’extrême droite.

Le décorum est toujours le même: une image aguichante et, derrière, les grosses caisses de la propagande. Ainsi, Melody n’est pas le clip d’une quelconque chanteuse, actrice ou danseuse mais un appel à voter pour Le Pen à la présidentielle de 2007. La vidéo a été mise en ligne il y a quatre mois. Autre film, Malinka. Soit un clip pathétique, véritable ode au patriarche Le Pen, sur l’air de Quelque chose de Tennessee de Johnny Hallyday: «On a tous quelque chose en nous de Jean-Marie, cette envie de prolonger la France», etc. Le reste est à l’avenant.
Contactée par Libération lundi, Google France (YouTube appartient à Google), précise qu’une «vidéo est retirée quand un utilisateur la signale comme un contenu incorrect ou bien quand le film enfreint la loi». Et ajoute qu’elle ne pourra avoir plus de précision avant plusieurs heures, le temps de contacter YouTube aux Etats-Unis. Mais en fin d'après-midi, les films ont été retirés du site à la demande des «juristes de Youtube», annonce Google France. Les «utilisateurs d'ordinateurs à IP (numéro d'identification de la machine, ndlr) française, allemande ou polonaise» ne pourront plus les visionner. La loi dans chacun de ces pays les protège des tentations négationnistes. Ailleurs, Faurisson peut débiter ses élucubrations.

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