20/10/2007

Divorce Sarkozy: mais pourquoi jeudi ?

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Par Daniel Schneidermann le samedi 20 octobre 2007

Il y a une catégorie de spécialistes sur zinc, plus répandue encore que les Domenech de bistrot, ou les Laporte de comptoir: ce sont les spécialistes du "choix du moment" dans les stratégies de communication.

Ceux qui "savent" exactement pourquoi une info sort à tel moment, et pas à tel autre.
On en trouve pas mal sur le Net. On en trouve aussi beaucoup dans les médias traditionnels.
Si j'ai bien compris, dans le feuilleton de la semaine, les momentologues se divisent en deux écoles.

Ceux qui pensent que le couple infernal a choisi le jeudi pour éclipser l'impact médiatique de la grève.

Et ceux qui savent que ledit couple a choisi le jeudi pour que la grève éclipse l'impact médiatique de l'annonce de leur divorce.

Les deux écoles s'affrontent férocement dans le fil de discussion de mon dernier "making of", "Pourquoi on s'arrête sur Cécilia"..

Elles s'affrontent aussi partout.

On note l'apparition de deux sous-écoles: ceux qui pensent que l'horaire du communiqué de l'Elysée (13 heures 15) a été choisie pour pouvoir être aux 13 heures.

Et ceux qui savent que cet horaire a été choisi par le brillant Martinon pour que Pernaut n'ait pas le temps d'en parler.

Eh bien, il y avait une autre raison.

Elle est là.

Il ne fallait pas rater le bouclage.

Avouez: votre premier réflexe, en voyant cette image, a été de croire à un photo-montage, comme ils pullulent sur le Net.
Eh bien non.

Ce que vous voyez (ci-contre à gauche), est selon toute vraisemblance la vraie couverture du vrai magazine Elle (groupe Lagardère) deux jours après que le désormais légendaire communiqué de l'Elysée ait annoncé que le couple infernal ne ferait "aucun commentaire" (et accessoirement deux jours après que Paris-Match (groupe Lagardère) ait publié des photos issues manifestement d'une autre séance de pose (ci-dessous à droite), mais sans interview.
Encore quelques une comme ça, et les pertes d'EADS seront résorbées.

Pour vous éviter de courir acheter Elle, je vous livre la phrase essentielle de l'interview ceciliesque: "Moi, ce qui me manque par-dessus tout, c'est aller faire des courses au supermarché avec mon fils Louis".

Vous pouvez la relire, et la savourer en faisant vos courses du week-end.

Vous pouvez aussi lire ma chronique de Libé, écrite jeudi matin, alors que je ne soupçonnais pas (promis, juré!) la sophistication du "plan com" ceciliesque.

Voilà donc l'état des lieux, en début de week-end: une incontrôlable (mais très contrôlée) s'apprête à bombarder d'images le triste paysage sarkozyen de retraites, de grèves, et de mini-traités européens.

Ce n'est pas, à proprement parler, une diversion.

Une diversion est préméditée. Calculée. Conçue comme une diversion.
Or je pense que Cécilia se moque que la couverture de Elle éclipse l'impact des grèves.

Cécilia veut seulement faire la couve de Elle.

Et Elle veut seulement se vendre.
Disons que c'est une diversion de fait.

Car honnêtement, quelle est la chance d'une image comme celle-ci (ci-dessous) face aux deux précédentes?

Honnêtement, quand vous voyez la couverture de Elle, vous avez encore envie de savoir comment le gouvernement s'est efforcé de casser la grève des cheminots, en négociant en secret avec le syndicat des conducteurs de trains, vous ?

Vous avez vraiment envie de savoir ce que contient, au juste, le mini-traité européen, adopté à Lisbonne ?

J'arrête. Pour un peu, je deviendrais momentologue.

source:http://arretsurimages.net/post/2007/10/20/Pourquoi-jeudi


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