Incendie au centre de rétention de Vincennes, les retenus évacués et des évadés
AFP
AFP - Dimanche 22 juin, 22h59
PARIS (AFP) - Les deux bâtiments du centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes, le plus grand de France, ont été détruits dimanche dans un incendie provoqué par des personnes retenues dont une cinquantaine ont profité de la confusion pour s'enfuir.
Dimanche soir, une cinquantaine de retenus, sur 249, manquaient à l'appel du centre, a affirmé la préfecture de police de Paris à l'AFP.
La préfecture a par ailleurs indiqué que le "relogement des personnes retenues" était en cours "dans d'autres centres". Selon le sénateur (PS) David Assouline, qui s'est rendu au CRA, il s'agirait des centres de Nîmes, Toulouse, Palaiseau et Lille.
Il n'y a pas eu blessé grave selon la PP.
Au total, 18 personnes ont été hospitalisées, souffrant d'intoxication légère à modérée. Une partie devait sortir de l'hôpital dimanche soir, une autre lundi, selon une source policière.
Selon des sources concordantes, tout a commencé après le décès samedi d'un Tunisien sans-papier de 41 ans, mort d'une crise cardiaque. Sa mort a entraîné un rassemblement dimanche d'un collectif de sans-papiers devant le CRA vers 15H00, et selon une source proche de l'enquête, des retenus ont mis le feu à des matelas.
"A 15H45, plusieurs foyers d'incendie volontaire ont été détectés. (...) Le feu s'est propagé et a gravement endommagé les deux centres", -le CRA 1 et le CRA 2-, qui abritent des sans-papiers en attente d'expulsion ou de libération, selon la PP.
"Les deux bâtiments sont entièrement détruits et les personnes ont été évacuées dans le gymnase de l'école de police", situé dans le CRA, a indiqué à l'AFP un policier du syndicat FO police, Luc Poignant, confirmant des informations données par des membres du réseau Education sans frontières présents (RESF) sur place.
La préfecture de police parle d'un sinistre "volontaire".
Selon Jean-Pierre Brard, député (app. PCF), qui a pu entrer dans le CRA peu après 18H00, il y a eu "au moins 14 blessés", intoxiqués par des gaz lacrymogènes utilisés par des forces de l'ordre pour disperser une manifestation à 14h30 des retenus du centre dans la cour. Le député Verts Noël Mamère a évoqué "une mutinerie" .
A 19H30, le feu était maîtrisé, a constaté une journaliste de l'AFP. L'opération a nécessité une cinquantaine d'engins et plus de 150 pompiers.
Selon la PP, le CRA, d'une capacité maximale de 280 personnes, contenait 249 retenus dimanche. Il a été ces derniers mois plusieurs fois le théâtre de tensions, certains retenus protestant contre leurs conditions de rétention.
Ces incidents interviennent alors qu'un Tunisien de 41 ans est décédé samedi en fin d'après-midi dans ce CRA, "d'une crise cardiaque", selon les premiers éléments de l'enquête.
Ce ressortissant tunisien était "sous le coup d'une interdiction définitive du territoire français prise par la cour d'appel de Paris".
Son autopsie dimanche n'a rien révélé d'anormal, selon la PP. "Tant les premières constatations médicales que l'autopsie, réalisée dans le cadre de l'enquête en cours menée par la police judiciaire, écartent la présence de traces anormales", a-t-elle précisé.
Le député Verts Noël Mamère a demandé dimanche la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire, dénonçant les "conditions inacceptables" du quotidien des personnes retenues.
La Cimade, seule association autorisée dans les CRA, a mis en cause un centre "non conforme à la réglementation, déplorant "la surdité de la préfecture de police et du ministère de l'immigration".
Pour France Terre d'asile, ces "événements dramatiques étaient hélas prévisibles". L'association a dénoncé "une politique absurde qui (...) entache notre réputation de terre des droits de l'homme".
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