Par Rémi DUCHEMIN
leJDD.fr
Les tenants de la majorité n'ont plus que ce mot à la bouche. Nicolas Sarkozy, le gouvernement et leur soutien ont décidé de dire la "vérité" aux Français. Que l'on s'interroge du coup sur la véracité de leurs propos jusqu'à maintenant n'effraie ni le président de la République, ni les ministres ni les dirigeants de l'UMP. Tous, depuis jeudi, répètent inlassablement un leitmotiv né dans les cerveaux des conseillers en communication de la présidence. Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP, avait ouvert le bal avant le discours de Nicolas Sarkozy à Toulon, en affirmant devant les journalistes que "les Français étaient prêts à entendre la vérité."
Le chef de l'Etat a embrayé dans la soirée lors de son discours sur la crise économique. "On ne rétablira pas la confiance en mentant, mais en disant la vérité. La vérité, les Français la veulent, et je suis persuadé qu'ils sont prêts à l'entendre", a lancé le président de la République, avant d'enchaîner avec gravité sur l'ampleur de la crise et de ses conséquences sur la vie économique dans l'Hexagone. La nuit n'a pas changé la donne. Dès vendredi matin, Eric Woerth, en présentant le budget prévisionnel pour l'année 2009 a évoqué un "budget de vérité qui prend vraiment en compte les difficultés de la crise internationale". Un peu plus tard, Laurent Wauquiez en a rajouté une couche en présentant les mauvais chiffres du chômage: "Je n'aime pas cacher la vérité", a assuré le secrétaire d'Etat à l'emploi sur RMC.
Sapin: "Il y a des mots d'un côté, et des actes de l'autre"
C'est finalement l'incontournable Frédéric Lefebvre qui résume dans un communiqué sur le budget 2009 la nouvelle ligne de son camp d'une phrase: "Voir la vérité en face est le meilleur ciment de la confiance". Difficile d'y échapper donc. L'opposition s'est d'ailleurs très vite adaptée. "La vérité que tout le monde découvrira, c'est que, depuis 18 mois, au lieu de constituer des marges de manoeuvre, on a laissé filer le déficit qui est aujourd'hui supérieur de 25 % à ce qui avait été prévu", a lancé dès jeudi soir François Bayrou, le président du Modem, en réaction au discours de Toulon de Nicolas Sarkozy.
Pour autant, les tenants de l'opposition s'accordent à dire que le constat sur les conséquences de la crise économique en France établi par Nicolas Sarkozy penche plutôt vers cette fameuse vérité. Là où ils trouvent à redire, en revanche, c'est sur le décalage qu'il voit entre ce nouveau discours du chef de l'Etat et sa politique. "Ce n'est que de l'habileté, d'ailleurs tellement visible qu'elle n'est plus très habile, estime Michel Sapin. Il y a des mots d'un côté, et des actes de l'autre, et ces actes sont contraires aux mots." Martine Aubry, candidate au poste de premier secrétaire du PS, enchérit sur I-Télé: "Les grands discours à l'ONU ou lors d'un meeting UMP, ça ne donne pas à manger en fin de mois à ceux qui souffrent de la baisse du pouvoir d'achat et qui s'inquiètent à juste titre de la situation".
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